Critique de la nouvelle Apparition de Guy de Maupassant.

Dans cette nouvelle, un marquis, âgé de quatre-vingt-deux ans, nous raconte une apparition surnaturelle qu'il a vécue dans le château de son ami de jeunesse il y a de cela cinquante-six ans. Ce dernier avait demandé au Marquis d'aller chercher des lettres dans son château où il n’osait pas revenir depuis la mort de sa femme. Le marquis a rencontré un spectre qui était une femme aux cheveux longs et noirs.

Tout d'abord, j'ai apprécié cette nouvelle car elle est vraiment palpitante. Quand l'homme rencontre le spectre, nous ressentons sa peur mais en même temps tous ses efforts pour se contrôler et ne pas céder à la panique. Il y a un coté humoristique qui permet de dédramatiser la nouvelle mais également de douter sur la réalité des faits. Comme le personnage, nous avons du mal à croire à la réalité de cette apparition et ce côté là de la nouvelle m'a vraiment plu.

Ensuite, lorsque le personnage entre dans la forêt pour se rendre au château, il nous décrit un moment de joie : "une de ces joies de vivre qui vous emplissent, on ne sait pourquoi, d'un bonheur tumultueux et comme insaisissable, d'une sorte d'ivresse de force." Cela est un grand parallèle avec son ami car lorsque ce dernier pense au château ou à la forêt il est malheureux, cela lui rappelle la mort de sa femme et cette tristesse lui fait penser au suicide. Je pense qu'ici Maupassant nous montre l'énorme opposition des réactions face à un lieu précis : pour certain c'est un endroit qui rappelle de mauvais souvenirs et ainsi fait surgir la tristesse et le malheur alors que pour d'autres c'est un endroit de pur bonheur. Il nous démontre ainsi que le vécu peut complètement changer notre perception du monde et c'est cela qui rend chaque être humain unique.

Aussi, la description faite de l'ami de jeunesse que le narrateur n'a pas vu depuis cinq ans, nous rend compte du fait que la mort d'un proche peut atterrer et détruire complètement. "[...]il semblait vieilli d'un demi-siècle. Ses cheveux étaient tout blancs ; et il marchait courbé comme épuisé" ici on réalise que l'homme a totalement changé en cinq ans, le narrateur a l'impression qu'il a vieilli de cinquante ans ce qui est énorme."Il vivait là, solitaire et désespéré, rongé par la douleur"  Le narrateur nous fait également la description de la vie de son ami et on comprend ici que c'est la douleur de la mort de sa femme qui l'a anéanti.

Puis, lorsque le Marquis arrive dans l'appartement où se trouve le secrétaire, il est tout de suite saisi par l'odeur. Cette chambre est fermée depuis la mort de la femme. La phrase "cette odeur moisie et fade des pièces inhabitées et condamnées, des chambres mortes" traduit l'ambiance de la scène. Je pense qu'ici, Maupassant nous donne un indice sur ce qu'il va se passer. Il compare le lieu à une chambre morte et ainsi il nous laisse penser que le cadavre de la femme est encore présent d'où cette odeur de moisie. Il y a donc ici la présence d'un anticipation sur la suite du récit.

Enfin, lorsque l'auteur ressent la présence du spectre, il croit d'abord "être ému"  par le fait de se retrouver dans cette chambre qui a abrité le bonheur de son ami et il ne veut pas se retourner par "pudeur" pour lui même. Mais lorsqu'il entend un soupir, il se retourne et voit la femme. Il nous décrit alors ce qu’il ressent : "L'âme se fond ; on ne sent plus son cœur ; le corps entier devient mou comme une éponge, on dirait que tout l'intérieur de nous s'écroule." Je comprends cette description comme une sorte de mort du personnage, on dirait qu’il est en train de vivre son dernier instant et qu'il est détruit. Lorsqu'il nous dit "on ne sent plus son cœur" cela prouve bien son état, on croirait qu'à ce moment là, son cœur s’arrête de battre, qu'il arrête de penser et même de vivre . Aussi, il qualifie cette terreur de "stupide" ce qui nous montre qu'il ne veut pas y croire. Je pense qu'il essaie de de se raisonner en se disant que c'est impossible et idiot de vraiment croire à cette apparition et je pense que c'est grâce à cela qu'il ne s'est pas enfui devant le spectre comme il nous le démontre lorsqu'il nous dit "cette espèce de fierté intime que j'ai en moi, un peu d'orgueil de métier aussi, me faisaient garder, presque malgré moi, une contenance honorable" ici on ressent bien qu'il essaie, malgré tout, de se contrôler et qu'il y arrive. Ainsi, lorsque la femme spectre lui demande de lui peigner les cheveux, il s'exécute. Lors de ce passage, Maupassant nous décrit les cheveux comme "très longs" et "très noirs". Selon moi, le choix de la couleur de cheveux n'est pas un hasard. Le noir fait directement référence à la mort ainsi la femme spectre est une image de la mort et, cela prouve donc que toute la description du ressenti du personnage nous traduit bien ce que nous pouvons éprouver lorsque on se trouve fasse à la mort. Également, au début de la nouvelle, le narrateur nous dit que cette courte rencontre l'a terrorisé : "j'ai subi l'horrible épouvante, pendant dix minutes" et que, depuis, il est marqué à jamais : "depuis cette heure une sorte de terreur constante m'est restée dans l'âme". Je pense que cela nous permet de nous rendre compte que le personnage a vécu cet événement avec une telle intensité qu'il s'en souvient encore, dans les moindres détails, cinquante-six ans plus tard et ainsi il nous est plus facile de croire à son histoire car une douleur pareille ne s'invente pas.
Puis, lorsque le personnage nous décrit la façon dont il peigne la femme, il nous laisse ressentir qu'il joue avec la mort comme le montre la phrase  "Je la tordis, je la renouai et la dénouai" ici on réalise qu'il ne peigne pas seulement les cheveux de la femme mais qu'il y a bien plus, comme une sorte d'image : le personnage s'occupe de la Mort en personne.
Aussi, la phrase "Je maniai je ne sais comment cette chevelure de glace." fait selon moi référence à la froideur des cadavres. Ainsi, grâce à ces deux phrases,  je peux dire que la femme et sa chevelure sont comparées à un cadavre et le Marquis à un "croque-mort".
Puis, à la fin de la nouvelle, on apprend que l'ami de jeunesse a disparu. Cela permet au lecteur de se poser la question "cet homme était-il aussi un spectre ?" Ainsi, toute l'histoire du Marquis est remise en cause et le doute s'installe. On ne sait pas si cette histoire est vraie ou non.

Pour conclure, cette nouvelle nous permet de nous rendre compte de l'impact d'une mort sur les vivants. On réalise à qu'elle point cela peut détruire et aussi peut rendre fou. On ne sera jamais la vérité dans la narration du Marquis et cela permet ainsi au lecteur de se faire sa propre opinion sur cette histoire.
Par Sarah | le 12 octobre 2014 11:51