09oct.2014
Une Ruse
"Une Ruse" est une nouvelle écrite par Guy de Maupassant, publiée dans le recueil "Mademoiselle Fifi" en 1885.
"Une Ruse" retranscrit un dialogue entre un médecin et sa cliente rêveuse idéaliste, en train de converser auprès du feu, du sujet qui les oppose : "l'adultère". Pour appuyer son argumentation, le médecin lui fait part d'une aventure qui lui est une fois arrivé.
Après avoir lu ces quelques lignes, ma première réaction a été d'apparenter ma lecture à celle du roman du même auteur "Pierre & Jean".
En effet, j'y ai retrouvé beaucoup de liens étrangement fascinants, tant par les similitudes entre ces deux œuvres que par le sentiment par lequel j'ai été marquée suivant de ces deux lectures.
J'ai cru voir au travers de la jeune femme qui converse avec ce docteur, nous, lecteurs, parfois ou souvent indignés devant le fait qu'est l'adultère. Dans le texte, il n'est décrit ni le nom de cette personne, ni son physique. Quasiment aucune information n'est donnée, c'est pourquoi, cela m'amène à penser que cette dame est un personnage type : ce récit nous est conté à nous et à cette femme, dans le but de nous convaincre que l'adultère est en effet, un fait bien courant.
En la personne du docteur, j'y ai vu Pierre, le fils aîné de la famille Roland, dans le roman Pierre & Jean. Et tout comme Pierre, ce docteur Siméon a vécu l'adultère.
Dans "Une Ruse", le médecin réagit de manière réfléchie face à l'adultère, comme s'il en eût été habitué : il ne juge pas ce phénomène, mais l'accepte tel qu'il est. Cet homme me donne grandement l'impression d'être Pierre, à un âge plus avancé. Il n'a pas l'air d'être capable d'accorder sa confiance aux femme, comme Pierre, qui par la suite, a été trahi par celle qu'il croyait mère.
L'appellation de Jean et de Rose (Jean et Mme Rosémilly dans Pierre & Jean), les domestiques de monsieur Siméon et de madame Lelièvre; a marqué l'étape définitive qui m'a lancée sur la question du lien possible entre ces deux œuvres.
Berthe Lelièvre, de même que Louise Roland, est mariée à un gros marchand de la ville. Elle ne le considère pas, et c'est bien pour ça qu'elle a cherché l'amour ailleurs. Sentiment qu'elle a trouvé aux bras d'un homme, dont on ne connaît ni l'identité, ni les causes de son décès improbable.
Elle part alors à la rencontre du médecin, affolée, dans un état similaire à l'état dans lequel se trouvait Mme Roland lorsque Pierre a remarqué l'effroyable vérité.
Je pense très honnêtement que Mme Lelièvre savait pertinemment que son amant était mort, cependant, incapable de réagir consciemment, victime de la pression du retour de son mari, vint trouver réconfort auprès de l'avis d'un expert, souhaitant de tout son être que l'affirmation de la mort de cet inconnu ne soit qu'un affreux rêve, ceux que l'on fait à l'heure où ce récit se passe.
Monsieur Lelièvre est le personnage qui me fait le plus penser à Monsieur Roland. Je m'explique ; d'abord, son nom n'apparaît pas directement, il est discrètement mentionné par des "Lui", on se doute qu'il va arriver, il faut donc bien tout lui cacher ; c'est un gros commerçant, stupide d'être heureux d'être marié avec une très belle femme, sans l'aimer, mais s'en vantant ; stupide de ne pas remarquer les supercheries de sa femme, même en ayant l'homme, le dit rival, dont il ne connaît la venue, devant lui. Il est stupide, si bien que les preuves de l'adultère de sa femme sont là, devant ses yeux, à la même place qu'elles étaient, devant les yeux de monsieur Roland.
"Une Ruse", malgré sa longueur, traite bien et fidèlement le sujet qu'est l'adultère. Le docteur, ne porte aucun jugement à ces dames en manque d'attention masculine, et apporte un point de vue objectif de ce qu'est ce malheur. D'ailleurs, son interlocutrice, est sujette à devenir une de ces victimes de l'amour, et ceci est presque affirmé, de manière très flagrante au tout début du récit : elle n'était qu'un peu souffrante, de ces malaises féminins qu'ont souvent les jolies femme : un peu d'anémie, des nerfs et un peu de fatigue, de cette fatigue qu'éprouvent parfois les nouveaux époux à la fin du premier mois d'union, quand ils ont fait un mariage d'amour.
Maupassant ne s'est pas attardé à la description de l'univers, il est vrai que ça n'est pas nécessaire, ici, par rapport au format choisi. Je pense que cela aurait inutilement alourdi la lecture.
Le style d'écriture adopté était plaisant et léger : tout cela formait un ensemble très objectif et direct de ce qu'est l'adultère.