Le baiser

"Le baiser" est une nouvelle écrite par Guy de Maupassant, publiée dans le recueil "Gil Blas", en 1882.

Dans une lettre adressé à sa nièce, une vieille femme, Violette, sage et honnête, répond à une lettre précédemment envoyée par sa plus jeune, soucieuse de ne plus recevoir de tendresse de la part de son mari.

J'ai trouvé ça plutôt ironique, que Maupassant, un homme, se mette à la place d'une femme, et dise toutes ces choses, comme "L'homme, doué de sa force physique, l'exerce par la violence. La femme, douée du charme, domine par la caresse. C'est notre arme, arme redoutable, invincible, mais qu'il faut savoir manier. Nous sommes, sache-le bien, les maîtresses de la terre.". Je pense que Maupassant a écrit cette nouvelle en pensant très sérieusement tout ce qu'il a écrit, mais aussi doute du sérieux de ce texte, car Maupassant part parfois dans l'exagération. Je me pose donc une question, qui me fait changer de point de vue à chaque lecture du texte : Maupassant se moquerait-il de l'assurance des femmes, ou pense très sérieusement que les femmes sont les détentrices de l'amour ?

Selon le premier point de vue, je pense que Maupassant parle alors subtilement de l'infidélité. Car si elles sont si douées d'amour, elles peuvent le vivre tout aussi bien dans le danger que dans le confort. L'amour décrit dans cette œuvre est limite un amour passionnel, éprouvé presque seulement dans le danger : "Toutes celles qui ont couru au rendez-vous clandestin, que la passion a jetées dans les bras d'un homme, les connaissent bien, ces délicieux premiers baisers à travers la voilette, et frémissent encore à leur souvenir. Et pourtant il ne tirent leur charme que des circonstances, du retard, de l'attente anxieuse, mais, en vérité, au point de vue purement, ou, si tu préfères, impurement sensuel, ils sont détestables." ; Maupassant parle là de l'aspect physique et écœurant d'un baiser, mais je pense qu'il parle plutôt d'un baiser "clandestin", un baiser d'infidèles.
En revanche, selon le second point de vue, je pense que Maupassant a vécu la place du mari de cette jeune nièce, et, peureux de s'exprimer directement à son amante, s’exprime aux travers de ce texte. Ce qui m'amène à penser ça, ce sont les situations décrites tellement précisément, qu’on eût dit qu’elles eurent véritablement vécues : « la plupart des femmes perdent leur autorité par l'abus seul des baisers, des baisers intempestifs. Quand elles sentent leur mari ou leur amant un peu las, à ces heures d'affaissement où le cœur a besoin de repos comme le corps, au lieu de comprendre ce qui se passe en lui, elles s'acharnent en des caresses inopportunes, se lassent par l'obstination des lèvres tendues, le fatiguent en l'étreignant sans rime ni raison. »


Ce texte est, comme beaucoup d’autres de cet auteur, écrit très intelligemment. Nous comprenons la situation devant laquelle la nièce de Violette fait face sans aucune réelle mention de celle-ci. Grâce à ce choix de récit, nous ne nous attardons pas sur les fautes que commet cette jeune femme, mais bien par les « solutions » que lui suggère Violette.

Cette lecture a été encore une fois bien agréable, il faut dire que l'infidélité, la passion de l'amour, sont des sujets qui me parlent et me tiennent à cœur.

Par Shinseina | le 09 octobre 2014 17:02