04oct.2014
Critique de la nouvelle Suicides de Guy de Maupassant.
Dans cette nouvelle, Maupassant nous parle des suicides retranscrits dans la catégorie faits divers du journal. Nous découvrons la lettre de Robert qui écrit avant de se suicider. A travers cette lettre on comprend que l'auteur parle pour tous les suicidés et cela nous permet de mieux comprendre leur geste.
J'ai beaucoup apprécié cette nouvelle car elle parle d'un sujet de tout les jours que peu de personnes osent aborder. Souvent, lorsque quelqu'un se suicide, on pense que c'est à la suite d'un événement dramatique et douloureux de sa vie alors qu'ici Maupassant nous montre que c'est la monotonie du quotidien, les habitudes, la répétition des jours qui a tué le personnage. Cette idée que ce n'est pas la mort qui tue mais la vie et sa longueur écrasante nous permet d'entrevoir un angle intriguant mais tellement réaliste du suicide.
Ensuite, l'atmosphère de la soirée est propice au suicide comme nous le montre la phrase : "Le brouillard était affreux, ce soir. Il enveloppait le boulevard où les becs de gaz obscurcis semblaient des chandelles fumeuses. Un poids plus lourd que d'habitude me pesait sur les épaules." Je pense qu'ici Maupassant nous décrit l'état d’esprit du personnage: il songe à se tuer ce qui est angoissant et lourd à porter tout comme le brouillard qui nous donne le sentiment d'étouffer. Ainsi, à travers le temps se fait la description des pensées du personnage. Il y a donc une liaison détournée entre la météo et le personnage comme il y avait dans le roman Pierre et Jean entre la mère et la mer. Cela m'a permis de comprendre le choix de Robert de mettre fin à ses jours cette nuit là et pas une autre. Il est dans un moment terrifiant de sa vie où il peut choisir de vivre ou non et par ce temps il est plus tenté de se donner la mort que de vivre. On dit souvent que le moral dépend du temps, cela s'applique à la perfection ici et grâce à cette description de l'atmosphère et des pensées du personnage, on en vient à penser que c'est une belle soirée pour mourir.
Aussi, l'auteur de la lettre nous parle de sa digestion. Il nous dit une "bonne digestion est tout dans la vie" Or, ce soir là, il digère mal. Je pense que ce détail n'est pas négligeable car cela montre que Robert est vraiment à bout et que tout autour de lui semble aller de travers. On sent que ce n'est pas habituel. Le fait que même sa digestion n'aille pas le conforte dans son choix de s’ôter la vie, cela lui donne une raison de plus pour agir ce qui nous entraine nous aussi dans cet état d’esprit et de ce fait on devient compréhensif envers le personnage, on ressent sa tristesse et sa solitude et ainsi, son choix nous paraît logique voire évident. La phrase "Je ne me tuerais peut-être pas si j'avais bien digéré ce soir" nous prouve bien que le personnage ne peut plus tenir et que cette histoire de digestion est le détail qui fait tout chavirer. Je pense que c'est à ce moment là que le personnage n'hésite plus à mettre fin à ses jours, il se rend compte que sa vie n'a plus de sens, que même le plus petit détail le rend mal. Cette douleur omniprésente ne lui est plus supportable ainsi il ne perd rien à se tuer au contraire cela sera comme une sorte de délivrance, un soulagement pour lui.
Puis, Robert décide de ranger ses papiers amassés depuis trente ans dans son secrétaire. Au début, il retrouve des écrits de personnes qu'il revoit encore tous les jours et qui ne lui font aucun effet. Puis, il tombe sur la lettre de son ami d'enfance qui le fait tressaillir et lui donne les larmes aux yeux. Il remonte dans sa vie comme "on remonte un fleuve" et il retrouve des objets de ses "souvenirs d'amour". Le fait de revoir ces fragments du passé lui permettent de réaliser l'étendu de sa douleur et de son désespoir comme nous le montre la phrase : "[...]mon âme ravagée par les souvenirs, je revoyais chacune à l'heure de l'abandon, et je souffrais un supplice plus cruel que toutes les tortures imaginées par toutes les fables de l'enfer". On ressent ici toute la tristesse du personnage et on se rend compte que cela lui donne une raison supplémentaire pour s'ôter la vie car ses souvenirs sont trop douloureux. Le personnage lui même nous conseille de ne pas remuer le passé à travers la phrase "Ne relisez jamais vos vieilles lettres". Le fait que cette phrase soit la dernière de sa lettre nous montre bien que c'est ses souvenirs qui lui ont permit de réaliser que le choix de la mort était inévitable. Ainsi, Maupassant nous fait comprendre que les souvenirs, aussi beau soient ils, peuvent tuer, qu'ils nous hantent et même lorsqu'ils sont enfouis au plus profond de nous même, ils ressurgissent toujours et cela souvent dans les moments le plus douloureux, les plus durs de la vie.
Enfin, le personnage pense à son futur et cela le terrifie au plus haut point "[...]je me retournai pour envisager le reste de mes jours. Je vis la vieillesse hideuse et solitaire, et les infirmités prochaines[...]" On comprend ici qu'il ne veut pas de ce futur désolant et qu'il ne voit aucun raison de vivre ça. Il se rend compte que sa vie ne va plus dans le bon sens et que les souvenirs lui font trop de mal mais aussi que son avenir ne lui annonce rien de bon et cela lui fait peur. C'est justement cette peur du futur qui l'anéantie et ce regret des moments passés qui le conforte dans son choix de suicide. Je crois que ce moment là du texte est le passage qui m'a le plus touché car on sent que Robert est complètement perdu et déchiré. Il ne voit plus de raison de vivre, ce qui est inconcevable pour toutes personnes heureuses. Beaucoup pense que la vie est trop importante pour qu'on se l'ôte soit même mais ici on réalise dans quelle détresse peuvent se trouver certaines personnes et on conçoit alors l'idée du suicide qui était un sujet flou et terrifiant jusqu'ici. C'est, je pense, cette idée là qui m'a plus plu dans la nouvelle.
Pour conclure, à travers ce récit Maupassant nous offre une belle leçon de vie et nous permet de comprendre ce que ressent quelqu'un qui veut s’ôter la vie. Dans ce texte, qui évoque un sujet quotidien mais dont on entend peut parler, l'auteur nous explique que pour certains la vie est encore pire que la mort et c'est ce côté de la nouvelle qui m'a le plus intéressée. Il nous parle de la douleur des souvenirs et de la peur futur. Cela m'apparait comme un sous entendus pour dire au lecteur de ne pas remuer les souvenirs (c'est cela qui à convaincu Robert de se suicider) et de ne pas se soucier du futur (qui angoissait tellement le personnage qu'il a préféré mourir plutôt que de devoir le vivre).