02oct.2014
Critique littèraire du livre Pierre et Jean de Guy de Maupassant
Tout d'abord, ce roman nous présente une famille bourgeoise, les Roland. Ils ont deux fils et l'histoire se déroule au Havre en Normandie. On comprend vite que le problème dans ce roman sera la place des deux frères Pierre et Jean dans leur famille, ce qui est, selon moi, un sujet très intéressant car peu d'auteurs abordent cette facette des fratries qui est pourtant un problème courant. Ainsi, la notion d'espace est très importante et lorsque Jean achète l'appartement que Pierre voulait, on ressent que quelque chose ne va pas, que Jean a pris la place de Pierre. Cet événement est, d'après moi, le moment où la rivalité et la jalousie des deux frères sont les plus flagrantes. Ils sont en querelle perpétuelle. Aussi, au début du roman, Pierre est médecin alors que Jean est avocat. Or, au cours de l'histoire, ils inversent leur profession : Pierre devient l'avocat car il juge sa mère alors que Jean devient le médecin car il aide sa mère, la rassure, la soigne. On remarque donc, ici aussi, que les deux frères ne sont pas à leur place.
Ensuite, Maupassant s'attarde sur la description de la mer qu'on perçoit comme un espace infini où chacun a sa place avec une possibilité de liberté. Ce
lieu est également un espace de réflexion où les personnages viennent se questionner. Au cours de la lecture, on remarque une liaison détournée entre la mer et la mère. Je trouve que cette liaison donne un autre sens à la lecture et qu'elle nous permet d'étudier la complexité du personnages de la mère dont on n'entends pas les pensées, ce qui, au final, nous permet d'en apprendre beaucoup plus sur elle et de dire que c'est elle qui souffre le plus dans le roman car elle passe de joyeuse à triste et déchirée ( tout comme la mer qui est calme au début puis brumeuse et désagréable à la fin).
Quant au père, Maupassant a fait le choix de nous le présenter comme un personnage médiocre pour valoriser les enfants et nous aider à comprendre le choix de la mère d'être infidèle. Je pense que, par cet aspect du père, nous prenons plus facilement parti pour la mère et elle nous inspire de la pitié et de la compassion ce qui n'aurait pas été le cas si le père aurait été un personnage sympathique (nous aurions été comme Pierre, nous en aurions voulu à la mère de commettre un adultère alors qu'elle a un mari charmant).
Puis, le roman est écrit d'un point de vue interne, en particulier celui de Pierre. On le suit à travers ses pensées et ses émotions et de ce fait on en vient à être de son avis, il nous influence. Comme lui, on juge la mère mais contrairement à lui on a de la pitié envers elle alors que Pierre ne la comprend pas et en vient à la détester (Je ne comprends pas ce choix de Maupassant, la mère a caché des choses à Jean et donc ce devrait être lui qui déteste la mère et non Pierre qui est extérieur à cette histoire de fils illégitime.)
A la fin du roman, Pierre s'en va. Il embarque sur un bateau où il sera médecin. Mais la description faite de ce lieu nous laisse entendre que ce bateau est comme une prison pour lui et que, contrairement à ce qu'il espère, il ne trouvera pas sa place ici non plus.
Enfin, l'auteur a choisi de raconter cette histoire sous forme de roman et non de nouvelle car il n'aurait pas eu la possibilité de changer de point de vue et de faire l'analyse psychologique des personnages, qui est, selon moi, la clef du roman car cela nous permet de comprendre les choix des personnages et leurs réactions.
Similitudes avec la nouvelle Aux Champs de Guy de Maupassant.
Pierre et Jean présente quelques similitudes avec la nouvelle Aux Champs :
- Le problème principal de l'histoire est causé par l'argent.
- On retrouve le thème de la jalousie : dans Pierre et Jean Pierre est jaloux de Jean et dans Aux Champs Charlot est jaloux de Jean.
- On remarque que dans les deux histoires le personnages jalousé se nomme Jean.
- Jean (dans les deux histoires) sort du cadre de sa famille : dans Pierre et Jean il devient riche et dans Aux Champs il est adopté par un couple riche. Dans les deux cas, c'est un fils illégitime qui connait une fin heureuse.