Assistante en boccia
Par Cécile Lansiart (IEM, Richebourg (78)) le 13 octobre 2014, 12:20 - Notre vie à l'IEM - Lien permanent
Le 9 octobre dernier, nous avons interrogé Sonia sur son travail d'assistante en boccia.
En quoi consiste le travail d'assistant ?
A pouvoir manipuler la rampe à la place du jeune. On est ses bras!Lui nous dit tout ce qu'il y a à faire et nous déplaçons la rampe à gauche, à droite, on la recule, on l'avance.
Quand as-tu commencé ?
Il y a déjà 5 ans, avec Brahim. On a commencé par un petit assistanat rapidement pour voir si ça lui plaisait. Ça nous a plu à tous les deux alors on a continué sur la même lancée.
Pourquoi as-tu eu envie de devenir assistante ?
Pour être honnête, au début, je n'en avais pas spécialement envie. Je trouvais même ça très très lassant et très très ennuyeux. Puis j'ai commencé à prendre goût au jeu et à tout ce qu'il peut faire sans toucher la rampe. J'ai pris goût à la compétition et au jeu en lui-même.
Qu'est-ce qui est le plus difficile pour toi dans le boulot d'assistant ?
De ne pas regarder le match, d'être toujours dos au match et ne servir qu'à bouger la rampe sans pouvoir regarder ce qui se passe derrière.
Depuis que tu as commencé tu as assisté combien de joueurs ?
3 mais c'était dans un principe de remplacement de courte durée. Je suis l'assistante attitrée de Brahim.
Quel est ton plus beau souvenir ? Ton pire ?
Mon plus beau souvenir c'est quand Brahim a remporté le premier prix aux jeux de l'avenir . C'était sa première compétition, et ma première compétition aussi pour le coup et ça a été un souvenir merveilleux. J'ai fini par pleurer, c'était beaucoup de stress et beaucoup d'émotion. Le jeune et l'assistant s'investissent énormément. On forme un duo, je suis fière de sa performance et j'ai tendance à pleurer.
Mon pire souvenir c'est quand Brahim n'en fait qu'à sa tête, n'écoute pas les conseils qu'on lui donne, et loupe son match parce qu'il se met trop de pression. Je me mets énormément de pression aussi. Je sors du match énervée, vidée. Heureusement, ça ne se produit pas à toutes les compétitions.
Ça te prend combien de temps ?
On a 3 entraînements concrets par semaine : le mardi matin, le jeudi après-midi et le vendredi matin. La séance dure 1 heure et demi. Entre temps il faut chauffer les balles, préparer la rampe, installer le jeune, regarder qu'il ne manque rien, s'assurer que tout soit autour sans avoir besoin de bouger. Ca peut prendre 10 minutes – un quart d'heure avant de lancer un premier match ou les premiers entraînements.
Autre chose à ajouter ?
C'est une superbe expérience. Je prends mon rôle très très très à cœur. Ça me permet de voir les jeunes sous un autre aspect parce qu'ils s'y mettent à fond et y mettent beaucoup de bonne volonté. C'est une expérience que je n'oublierai jamais. Ce sport est bien adapté et met les jeunes en avant, j'adore. Ça leur donne d'énormes capacités et une certaine vision des choses.
En tant qu'assistant quand on essaie de se mettre à la place du sportif derrière la rampe on n'y arrive pas. Ils ont une visée et un jeu très bons. C'est impressionnant.
Ça doit être frustrant de ne pas pouvoir réconforter un jeune pendant une compétition ?
Oui,on n'a pas le droit de parler. Il y a bien des jeux de regard mais … On le voit hésiter et on ne peut rien dire. La seule fois où j'ai voulu remonter le moral de Brahim il a pris deux balles de pénalité. Là on prend sur soi et on se dit qu'on lui parlera après. C'est contraignant, c'est frustrant.
Pendant un match on ressent la pression qu'il y a en face. On y prend goût aussi.
C'est un gros travail sur soi-même. Pour moi qui suis pipelette et hyper active c'est dur. Ça m'a aidée justement, à titre professionnel et à titre personnel, de prendre sur moi.
Il se créé une grande complicité entre l'assistant et le jeune. Il y a juste à se regarder pour savoir ce qui va et ce qui ne va pas, quelle balle il va choisir. C'est un travail de longue haleine. Aujourd'hui, après 5 ans, j'ai juste à regarder Brahim pour savoir quelle balle il va jouer. J'ai même donné des petits noms aux balles.
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