Maison de vacances ☺
   
    Je m'appelle Enaelle. Avec mon amie Flora nous avons vécu une aventure hors du commun.
    C'était il y a peu, quelques années seulement... Nous avions 15 ans toutes les deux, et nous étions parties en vacances près de Montréal, au Québec, avec une bande d'amis.
Nous avions loué une maison à côté d'un lac au beau milieu d'une forêt. Cette maison était immense, il y avait énormément de portes et de salles. Nous y étions restés un mois. Au fur et à mesure, nous avions appris à connaître toutes les salles par cœur, c'était comme si nous y vivions depuis des années. Aucune salle ne nous était inconnue.
Un soir, après un copieux repas et une admirable soirée, nous allâmes nous coucher paisiblement. Nous remarquâmes par cette pleine lune une porte jamais vue auparavant. Nos amis nous dîmes que nous hallucinions. Nous allâmes alors nous coucher mais dormîmes d'un sommeil agité. Avec Flora, nous vîmes une lumière verte venir de la porte qui s'incrusta dans notre chambre. Nous décidâmes d'aller voir cette fameuse porte et ce qu'il y avait derrière.
Soudain, en tirant la poignée, la lumière devint si éclatante qu'elle nous ébloui et nous tombâmes dans un trou vert flamboyant qui nous parut sans fin...

    Un monde étonnant s'ouvrit alors à nous.
Nous étions alors en état flou, nous ne savions plus où donner de la tête, tout paraissait si merveilleux et étrange ! Nous regardâmes autour de nous et nous nous sentîmes toutes petites...
    Il y avait des plantes exotiques de partout ; ces végétaux étaient gigantesques, aux couleurs vives et attirantes de chaleur. On aurait dit la forêt amazonienne, mais au Québec... Nous  avançâmes sans trop savoir où nous allions... Nous observions chacune de ces fleurs et arbres dans les moindres détails.

 Une fleur bleue Klein retint mon attention. Son cœur jauni était délicat, et son petit côté vert donnait un aspect de jeunesse à cette plante. Du blanc sur les pétales faisait ressortir les autres couleurs.
    Nous démmarâmes notre chemin dans cette jungle en craignant de nous perdre. Nous avancions, méfiantes, en piétinant un peu le sol.
L'herbe fraîche sous nos pieds deumerait parsemée de goutelettes d'eau qui brillaient au soleil. Les arbres laissaient entrevoir des rayons de ce fameux soleil juste pour nous éclairer un peu.
 Soudain, stupéfaites, nous nous arrêtâmes. Un arbre gigantesque se tenait devant nous. Un érable plus grand que tous eux que j' avait vu jusqu'à présent. Un tronc effrayant, énorme, nous tenait bouches bées. En contournant ce tronc conséquent, nous apperçûmes un trou. Un trou très imposant, à l'opposé de l'endroit par lequel nous étions arrivées. Dans ce trou, en nous penchant un peu, nous peûmes voir du mobilier.
«Des meubles dans un tronc d'arbre ? Me dit Flora étonnée.
-Oui, j'avoue que moi aussi je ne comprends pas. Mais quel est cet endroit ?! Où sommes-nous tombées ? »
Inquiètes, nous commençâmes à reculer lorsque un écureuil sortit du trou, et s'appuya sur le bord du trou, les pattes croisées.
«Je peux savoir la raison pour laquelle vous vous autorisez à regardez à l'intérieur de MA demeure ? Demanda l'écureuil, l'air énervé.
-... 
-J'attends une réponse mesdemoiselles !
-Flora, je crois qu'on est en train de rêver là... non ?
-AAAAAAH MAIS IL PARLE !!!
-FLORA, ATTEND MOI !!! criai-je à mon amie qui était déjà partie. CE N'EST QU'UN PETIT ECUREUIL !!! LA PETITE BETE NE VA PAS MANGER LA GROSSE !!!
-Je déteste ces animaux, ils paraissent inoffensifs, mais quand ils te mordent, ça fait un mal de chien !!!
Elle ne s'arrêtait plus de courir, et j'avais beaucoup de mal à essayer de la rattraper.
-SAIS-TU AU MOINS OU TU VAS ? »
Sur ces mots, elle arrêta très vite sa course.

Il nous fallait retourner voir l'écureuil pour lui demander conseil.
Nous retournèrent sur nos pas et nous approchèrent de nouveau de ce gigantesque érable. 
«J'attends des excuses. Ordonna le petit animal roux.
- Ecoutez, nous n'avons pas le temps pour les excuses...
-PARDON MONSIEUR ECUREUIL !!! Déclarai-je en faisant une courbette. Je soufflai à Flora : Il nous faut être polies si l'on veut qu'il nous aide...
-Alors je m'excuse... finit par dire Flora.
-Eh bien jeune fille, navré de vous dire cela mais on ne s'excuse pas soi-même. Rétorqua l'animal.
-ALORS EXCUSEZ-MOI !!! ON PASSE A LA  SUITE MAINTENANT ?! Dit-elle énervée.
-Je vous écoute. Mais entrez donc prendre un thé !
-... Euh... c'est-à-dire que je ne pense pas qu'on rentre dans votre trou...
-Ah oui, ce n'est pas faux. »
Aussitôt il agitat un de ses doigts, et le trou s'agrandit sur-le-champs. Il nous fit entrer et nous découvrîmes que cet habitat était vraiment très charmant et moderne. Mais  comment était-ce possible ? Des sièges designs nous attendaient autour d'une petite table basse en verre, sur laquelle était posé un service à thé. Une petite femelle écureuil vêtue d'un tablier nous invita à nous assoir. Nous prîmes place et attrapèrent chacune une tasse, en nous demandant ce qui nous arrivait. Nous étions en plein salon  de thé avec des écureuils ! C'était impensable.
    Flora ne souhaitait pas rester dans cet endroit étrange.  Nous leur demandâmes de rentrer chez nous sans plus tarder en leur expliquant la situation, inquiètes et impatientes. Le petit mâle, sans plus attendre, nous indiqua comment nous rendre à notre logis, et nous dit que nous n'étions pas les premières humaines à tomber ici.
    «Il n'y a rien de plus simple, et ce n'est pas très grand Ama-Landy.
-Ama Landy ? Qu'est-ce que c'est ça encore ?! Ne nous embrouillez pas plus que ce que nous le sommes déjà s'il vous plaît.
-Mais enfin, c'est juste le nom du monde dans lequel vous êtes tombées, c'est ici quoi !
Je commençais à perdre patience. Je n'avais pas eu ma nuit de sommeil et ça se répercutait sur mon humeur, mon entourage risquait de mal le vivre, y compris Flora...
-Pour retourner là-haut, il vous faut manger un Landyar. C'est une petite baie pacifique que l'on trouve dans le nord du pays. Voici une carte mais elle n'est pas très claire. Je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir vous aider plus.
La femelle prit la parole :
-Faites tout de même attention au col rose, il paraît inoffensif mais est très risqué. »

    Nous suivîmes leurs conseils et nous mîmes en route dans cette forêt insensée. Après quelques minutes de marche, nous nous retrouvâmes face à un dilemme : trois chemins différents. Alors nous fîmes appel à notre carte, mais elle ne nous servit à  rien, tout était très effacé, on n'y voyait plus rien. Je jetais la carte par terre.
«Mais pourquoi est-on là !!?? Cette lumière trompeuse nous a amené dans cet endroit à suicide ! J'en ai marre je veux rentrer, et en robe de nuit, ce n'est pas la meilleure tenue pour partir à l'aventure !
Flora essaya de me calmer.
-Attend, attend, on va y arriver. On doit avoir cette Landyar pour rentrer, on n'a pas le droit d'abandonner Enaelle. »
Je la regardai et nous décidèrent de prendre le chemin de gauche. Alors nous marchâmes plusieurs heures. Je commençais à être fatiguée et Flora aussi. Soudain nous aperçûmes un col enneigé. Et en regardant bien, on vit aussi un tapis de fleurs rouges et turquoises. Sans doute les Landyars... Sans dire un mot, nous avançâmes malgré le froid et les risques de glisse, il nous fallait cette fleur. Flora me devançait, elle avait toujours été forte en marche et en randonnée, plus que moi... Ainsi, j'avançais tête baissée. Soudain, mon pied droit dérapa sur le verglas recouvert de neige et je tombai à la renverse. Je glissai de quelques mètres vers le bas, et Flora se précipita sur moi en m'appelant.  Je cru mourir un instant, j'avais l'impression de descendre, descendre et descendre la pente que j'avais eu tant de mal à monter. Je me relevai doucement, et essayai de marcher encore, en titubant légèrement. Je me mis alors en route une seconde fois, mais Flora décida de rester à mes côtés.
    Après un bon quart d'heure de grimpe, nous nous retrouvèrent face au tapis de fleurs. Il n'y avait pas un seul endroit qui nous laissait apercevoir le sol tant le tapis était dense.
«Regarde Flora, celle-ci est magnifique. Je voudrais l'offrir à Thomas, on peut la prendre ?
Flora m'interrompit :
-Écoute, on est pas là pour faire une randonnée, notre vie est en jeu ! Suis-moi. »
Nous continuâmes alors sur quelques mètres avant d'arriver face à un Grand érable, entouré de longs fils recouverts de fleurs rouge et turquoises... comme celles du tapis.
Nous restâmes bouches bées devant ce merveilleux spectacle.
Flora sortit de ses pensées, attrapa une fleur et commença à partir. Elle me cria :
«Allez viens, on doit rentrer maintenant ! »
Je la suivis sans rien dire. Nous fîmes alors demi-tour, et arrivâmes une fois encore au niveau des trois chemins. Une petite onde était présente sur le côté ; son délicat ruissellement était très agréable.
    Nous nous assîmes sur le bord du ruisseau, et Flora sortit la fleur de sa poche.
Elle se mit à douter.
«Et si jamais on s'est trompée de fleur ? Déjà on ne connaît pas la région, mais en plus tu as jeté la carte. »
Elle n'avait pas tord. Cependant, cet instant sous le soleil et sous la légère ombre des arbres était si plaisant que j'étais persuadé que tout ceci n'était qu'un rêve qui allait bien se terminer. On ne pouvait pas s'être trompée...
Flora prit un pétale de la fleur et l'avala. Elle fit la grimace, ce ne devait pas être délicieux... Je goûtai à mon tour. Allions-nous enfin rentrer ? Avoir notre nuit de sommeil ? Je l'espérais.

    Rien.
Rien. Rien ne se passa. Une sueur froide dégoulina sur mon front. Instinctivement, nous nous levâmes et coururent en direction du premier érable que nous vîmes. En direction de l'écureuil.
    Frissonnant de peur, nous lui suppliâmes d'entrer.
Il nous accueillit et nous fit asseoir.
Nous lui racontâmes le problème. Il parut inquiet. Il demanda : «Bien, où est la carte que je vous ai donné ?
Je regardai Flora, en lui implorant de ne rien dire. Il me semble qu'elle ne comprit pas. Je vis la petite femelle écureuil partir vers sa cuisine, soucieuse.
-Eh bien, la carte, Enaelle l'a jeté.» dit-elle.
Je la fusillai du regard.
Cette fois-ci elle comprit.

La femelle revint nous voir, et, timidement, elle nous tendit sa patte, fermée.
«Heureusement pour vous, j'ai trouvé pas plus tard que la semaine dernière, une Landyar toute proche d'ici. Je crois que quelqu'un l'a égaré... coupez-là équitablement ou vous resterez ici à tout jamais. »

Nous échangeâmes un regard avec Flora, et attrapâmes la fleur que la petite femelle nous tendait.
Le mâle nous la retira des mains et partit la couper. Il revint avec deux morceaux exactement égaux, et nous la redonna. Nous étions troublées. Fallait-il la prendre ? L'écureuil accompagna d'un mouvement de tête son bras qui s'étendit un peu plus vers nous. Il insista, alors Flora se lança. Elle prit un morceau et je pris l'autre. Après un bref regard, nous les avalâmes, puis...



Vide. Tout devint vide. Je cherchai Flora des yeux, elle n'était nulle part.


Je me réveillai. Un rêve ? Tiens... je me trouvais par terre, allongée sur le parquet. Flora, à mes côtés, dormait paisiblement. Je me relevai et observai les alentours, je me trouvai dans la pièce où la porte était apparut, mais il n'y avait que des murs. Des murs et la baie vitrée qui donnait sur l'extérieur, par laquelle nous étions entrées dans cette étrange pièce à la lueur verte.
    Je portai Flora jusqu'à la chambre, elle était si légère... 
La vie reprit son cours... Un long fleuve tranquille, remplit d'érables et de Landyars.