LE CABANON ABANDONNE
              
    Depuis plusieurs heures, je traquais une magnifique biche dans la forêt. Sa robe était blanche avec des reflets dorés, ses yeux clairs étaient semblables à des billes de verre. Je ne la laisserai fuir pour rien au monde. Les branches me fouettaient le visage et les ronces me griffaient les jambes mais je continuais à m'enfoncer dans cette forêt. J'allais tirer sur la bête majestueuse quand je trébuchai sur une racine qui sortait de terre. Je me relevai vite pour continuer la poursuite mais avec une grande déception, je découvris que la bête avait disparue.
 
                          

    La nuit tombait et je cherchais désespérément un endroit pour passer la nuit dans cette sombre forêt. Je marchais jusqu'à un immense chêne, auquel était adossé un cabanon abandonné. J'y pénétrais. Il y faisait noir. J'étais finalement obligé de passer la nuit au milieu des rats et des cafards.
 
    Le lendemain, je fus forcé de rester à cause d'un épais brouillard qui s'était installé. Se n'était pas la peine de me perdre une seconde fois dans cette forêt. Je faisais les cent pas, quand soudain, le plancher s'effondra sous mon poids. J'atterris dans une sorte de cave aménagée. J'y trouvais une grande table mise. Sur les murs, étaient accrochés de grands chandeliers qui s'allumaient devant moi et s'éteignaient derrière moi. Se phénomène me guida jusqu'à une chambre sombre. Pendant la nuit, je percevais de légers chuchotements et j'avais l'impression que l'on m'épiait. Je passais tout de même une nuit paisible.

    A mon  réveil, je fus surpris par l'abondance de lumière qui passait à travers la lucarne. Soudain, je remarquais autours de moi une dizaine de créatures surprenantes,  qui étaient empaillées. Je retrouvais la salle où se trouvait la table. Sur celle-ci était posé un gibier cuit. En m'en découpant une part, je remarquais ses yeux clairs pareils à des billes de verre...
C'était MA biche !!! Celle que j'avais poursuivie à perdre haleine, celle pour qui j'aurais tout donné! J'en découpais rapidement une seconde part, pour savourer ma victoire. Mais quelle victoire? Ce n'est pas moi qui l'est tué... Mais alors qui l'avait fait?!! Est-ce cette même personne qui avait servi ce repas? Etait-ce elle qui chuchotait la nuit? Etait-elle seule? Mais qui était-elle? N'était-elle pas une créature surnaturelle, une horrible bête qui m'engraisse pour ensuite me dévorer ???

    Pris de panique, je me précipitai vers la trappe... Malheur! Elle ne s'y trouvait plus !!! J'attrapai une chaise et commençai, avec acharnement, à taper sur le plafond. Mais en vain, j'étais emprisonné dans cette cave !!!
J'étais désespéré, effondré, anéanti. Ensuite la rage me prit, je saisi la chaise et la fracassa sur la table, je balançais des coups au hasard jusqu'à l'épuisement.
   
    Je repris mon calme et décidai d'élaborer un plan afin de tuer cette bête. Je prévoyais de lui faire croire que je dormais en mettant sous la couette des sacs de pomme-de-terre. Je me dissimulerais ensuite dans un coin de la pièce. Au moment de son arrivée je lui sauterais dessus et l'égorgerais.
    Je dinais tranquillement comme si de rien n'était. Le moment venu, je me cachai dans la pénombre et attendis longtemps. Je commençais à m'endormir, quand un bruit attira mon attention: c'était les chuchotements semblables à ceux de la nuit précédente. A défaut qu'ils se rapprochaient de moi. Bientôt, je vis des ombres m'entourer. Je ne voyais que leur yeux translucides qui reflétait la faible lumière de mon briquet...Ils se jetèrent tout d'un coup sur moi! Je sentais leurs griffes et leurs dents s'enfoncer dans ma chair, leurs cris stridents résonnaient dans toute la cave. Je me débattais tant que je pouvais. Je sentais le sang couler le long mes membre.
D'un mouvement qui puisait dans mes dernière force, je me débarrassai des terribles créatures. Je me précipitai vers la trappe qui par miracle était là!
Je sortis et bloqua la trappe à l'aide d'un tronc.

    Enfin libre, je repris mes esprit et bandais mes plaies à l'aide feuilles.
Je marchais tous droit depuis quelques minutes quand j'aperçus un groupe de chasseur. Je les appelais et leur demandais de me ramener au village.
Ils acceptèrent volontiers.

    Arrivé chez moi, je découvris ma famille en pleurs, effondrée. Je leur  contais mon aventure. Ils me regardèrent étrangement comme si ils ne me reconnaissaient pas. Cela leur paraissait invraisemblable, je m'emportais et décidais de leur prouver l'existence de la cabane.

    Le lendemain les conduisais à la cabane. Je pris le même chemin qu'en poursuivant la biche. Arriver au cabanon, j'entrais avec précipitation et cherchais la trappe. Ne la voyant pas, je me mis par terre et tâtonnais le sol. Mais en vain! La trappe était introuvable, comme ci elle n'avait jamais existée...