Ma chère Sophie,

Votre présence dans ma cellule si sale me fit tant de bien, que je m’excuse encore de mon enchantement, si démonstratif, quand je vis votre doux teint. Ce fut comme une lumière dans le royaume des enfers. Je tâcherai de vous rembourser votre robe, douce Sophie ; ces prisonniers sont sans-gêne et vous n’êtes pas la première à vous retrouver avec une robe souillée et abimée. Mais sachez,  ma bien aimée, que ces hommes sont désespérés. Grâce à vous, je le suis beaucoup moins aujourd’hui, bien que je me languisse de votre présence ; de vous. Triste était mon âme, maintenant elle est mélancolique et je préfère largement les choses telles qu’elles étaient après votre départ. Celles-ci n’ont pas changées depuis.

Vous demeurez encore dans mon cœur, mon amour.

                             Denis Diderot