Comment la réalisatrice d'histoire d'un regard fait son film?

 

Ce un documentaire raconte plusieurs histoires. Il y a l’histoire de Gilles Caron, un photo-reporter à la carrière fulgurante, disparu brutalement au Cambodge en 1970 et qui, pendant quatre ans, a couvert une multitude de conflits mais c’est  aussi un peu l’histoire d’une époque. Mais au-delà de cet aspect historique, il y a des questions. À travers les pas moins de 100 000 photos auxquelles Mariana Otero eu accès, elle essai de comprendre son cheminement, comment se construit son regard. Elle se pose également la question de la genèse de la création et si oui, ce film interroge le regard photographique et cinématographique.

 

Pourquoi les photos n'étaient-elles pas dans l'ordre?

 

Elles n’étaient pas dans l’ordre parce que les photographes envoyaient leurs rouleaux de photos à l’agence sans avoir pu numéroter les images et l’agence mettait des numéros aléatoires sans avoir encore développé les photos, le contenu ne leur était pas encore connu. Ce ne sont pas les 100 000 photos qui sont dans le désordre ni les 2500 planches, mais elles sont dans le désordre par grandes séries. Par exemple pour le Vietnam il y a 60 pellicules et il fallait les remettre dans l’ordre pour comprendre le travail de Caron.

 

"Pour Jérusalem j’avais beau avoir remis dans l’ordre les photos, je ne comprenais pas. J’avais l’impression que Caron repassait aux mêmes endroits, ce qu’effectivement Vincent m’a confirmé après." Mariana Otero

 

Ce qui est intéressant dans cette section de Jérusalem c’est l’aspect un peu work in progress, ça s’improvise sur le tournage, avec la parole de l’expert qui vient confirmer. Les photos sont remises dans l'ordre, le parcours du photographe y est détaillé, tout est remis en mouvement (le travail du photographe, les faits historiques). Les clichés prennent une autre dimension. Ils assument ainsi leur fonction narrative.

 

"J’aurais pu dire beaucoup de bêtises... " Vincent Lemire, Historien

 

Les dispositif allaient assez loin, c’est ce qui crée une petite tension : il n’avait pas entendu le témoignage de Gilles Caron que l’on voit dans le film et il a découvert les photos à l’écran le jour du tournage de la scène, le 20 décembre 2018. Ils avaient peu de temps, il a fait donc des hypothèses.

Le système utilisé par Mariana Otero pour mettre dans dans l'ordre les clichés est de les fixer sur le mur et relier les photos qui paraissent des suite logiques, c'est un énorme puzzle.

 

 

(Source texte)

(Source photo)