Résumé :

Le film suit Alice, une jeune fille curieuse, qui est transportée dans un monde bizarre et inquiétant après avoir suivi un lapin blanc. Cependant, cette version provient des adaptations classiques.

Le Lapin blanc : Une marionnette animée  un peu sinistre, il s’évade d’une vitrine en verre et attire Alice dans un univers troublant.

Le Pays des merveilles : Ce monde est une combinaison de décors réels délabrés et d’éléments animés surréalistes. Les objets prennent vie, comme des pantins en bois, des animaux empaillés et des jouets mécaniques, créant une ambiance perturbante et parfois macabre.

Les rencontres d’Alice : Elle croise des personnages iconiques comme le Chapelier fou et la Reine de Cœur, mais ces figures sont souvent représentées de manière grotesque ou inquiétante, amplifiant l’étrangeté du récit.

Švankmajer transforme le conte en une réflexion sur les rêves, l’enfance et les peurs. Le film est marqué par une absence de glamour, L’univers est brut, poussiéreux, et semble presque cauchemardesque.Nous y trouvons également un mélange de réalité et de cliché : Contrairement aux versions colorées et joyeuses, celle-ci est et souvent dérangeante. Nous pouvons également observer Un minimalisme narratif,  les dialogues sont rares et souvent murmurés par Alice elle-même, renforçant l’ambiance onirique = ressemblant à un rêve, alors que le sujet n'est pas endormi, ce type d'expérience est ressentie par le sujet comme étant réelle.) Le film "Alice" de Jan Švankmajer est dans le surréalisme, un mouvement artistique et littéraire qui vise à explorer l'inconscient, les rêves et les aspects irrationnels de la réalité. Voici comment le film s'inscrit dans cette tradition :

Exploration de l'inconscient et des rêves : Le surréalisme cherche à dépasser la réalité pour accéder au monde des rêves. Dans Alice, Švankmajer traduit cette idée : Le voyage d'Alice dans le Pays des merveilles est présenté comme une immersion dans un espace onirique.Les événements suivent une logique illogique, propre aux rêves, où tout peut arriver et où les objets inanimés prennent vie.

 Esthétique surréaliste

Švankmajer utilise une esthétique brute et déconcertante qui reflète l’étrangeté du surréalisme :Objets animés : Les jouets cassés, les squelettes d’animaux et les pantins animés évoquent le principe surréaliste du merveilleux, où les objets ordinaires sont détournés pour devenir étranges et poétiques. Décors délabrés : L’univers d’Alice est sombre et désolé, une manière de refléter l’inconscient brut, loin des embellissements superficiels.

--- La Déconstruction de la narration linéaire

Le surréalisme rejette la logique et la structure conventionnelle de la narration. Dans le film, les événements ne suivent pas une progression claire ou logique. Les scènes s'enchaînent comme dans un rêve, sans explication rationnelle. Cette absence de structure narrative renforce l'impression d'une plongée dans un univers intérieur beaucoup chaotique.

--- Matière et texture

Švankmajer, influencé par les pratiques des surréalistes, travaille avec des matériaux bruts comme : La texture des objets (bois, verre, tissu usé) et leur aspect usé renvoient à une fascination surréaliste pour l’usure du temps et les objets trouvés. Cela rappelle les ready-mades ou les collages surréalistes, où des objets banals sont transformés en œuvres d'art étranges et troublantes.

--- Le trouble et l’inquiétante étrangeté

Un des traits distinctifs du surréalisme est sa capacité à provoquer un sentiment d’inquiétante étrangeté (unheimlich, selon Freud), où le familier devient troublant. Dans Alice : Les jouets animés et les personnages comme le Lapin blanc, bien que reconnaissables, sont rendus dérangeants par leur comportement ou leur apparence. Les transformations constantes du monde d’Alice évoquent la perte de repères, typique des œuvres surréalistes.

--- Refus du merveilleux traditionnel

Contrairement aux adaptations plus féériques d’Alice au pays des merveilles, Švankmajer choisit une approche sombre, ambiguë et introspective. Cela rejoint la volonté des surréalistes de confronter des aspects plus bruts ou inconfortables de la psyché humaine, plutôt que de se limiter au divertissement.

Švankmajer est lui-même associé au mouvement surréaliste tchèque. Dans son travail, il s’inspire des principes surréalistes tout en explorant les mécanismes du subconscient. Son film Alice est une parfaite illustration de cette démarche.

En résumé, "Alice" incarne l'esprit du surréalisme en transformant une histoire classique en une exploration visuelle et émotionnelle des rêves, des peurs et de l'inconscient.

--- Le lien entre Alice et les portes :

Le lien entre le film "Alice" de Jan Švankmajer et les portes peut être interprété de plusieurs façons. Les portes  deviennent un motif important pour exprimer le passage, la transformation et l’accès à des dimensions nouvelles. Voici une analyse détaillée :

--- Les portes comme passage entre les mondes

Dans Alice, les portes représentent le seuil entre la réalité et le monde onirique, entre le familier et l'inconnu. Lorsque Alice suit le Lapin blanc, elle traverse une série d’espaces qui marquent un changement de perception ou de réalité. Les portes (ou des objets qui en tiennent lieu, comme des tiroirs, des trappes ou des fenêtres) deviennent des portails symboliques, similaires aux transitions entre l’éveil et le rêve. Dans un contexte surréaliste, les portes sont des métaphores des limites de l’esprit : elles ouvrent sur l’inconscient et permettent d’explorer des espaces psychiques cachés ou même voir interdits.

Symbolique des portes : enfermement et libération

Les portes peuvent aussi représenter une difference :

Barrières : Elles enferment Alice dans certains espaces ou symbolisent des limites imposées par la réalité.

Ouvertures : Elles offrent une possibilité d'évasion ou de transformation, permettant à Alice d’échapper aux contraintes du monde réel pour accéder à des dimensions alternatives.

Dans le film, ces passages sont souvent ambigus : franchir une porte ne garantit pas la sécurité ou la clarté, mais expose plutôt Alice à des choses étranges.

--- Les portes et la transformation

Un motif dans le conte de Alice au pays des merveilles, s’intensifie par Švankmajer, c’est celui de la transformation (taille d’Alice, formes des objets, etc.). Les portes, parfois trop petites ou trop grandes, obligent Alice à changer de forme pour passer. Cela évoque l'idée surréaliste que pour accéder à une autre dimension (de soi ou du monde), il faut abandonner sa perception habituelle et accepter la métamorphose ce qui est très intéressant selon moi.

--- Esthétique des portes dans le film

Švankmajer joue également sur l’aspect matériel des portes, qui ne sont pas seulement des éléments narratifs mais aussi visuels : Les portes sont souvent usées, en bois brut , évoquant un univers à la fois ancien et fragile. Cela crée une texture visuelle qui renforce le sentiment de traverser un monde en décomposition, à la fois familier et étranger.

Conclusion :

Les portes dans "Alice" de Švankmajer incarnent les thèmes centraux du film : le passage, la transformation et la confrontation avec l’inconnu. Elles traduisent également la quête d’Alice pour naviguer entre différentes dimensions de la réalité et de son propre esprit, dans un cadre  marqué par l’esthétique et le surréalisme, représentant ces portes étranges

 

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