La symphonie des pleurs
Par Aurélie de Mattéis (Collège Pablo Picasso, Montesson) le 03 février 2013, 22:29 - Lien permanent
Au coeur de la musique... par Lucas L.P.
A vingt ans déjà j’avais développé un intérêt certain pour la musique. Ce n’est pas seulement des instruments et un son que l’on entend, non ! C’est bien plus complexe que cela. Je savais jouer plusieurs instruments tels que du piano, du saxophone, de la trompette ou de la batterie. J’étais alors allé dans une école spécialisée. La musique est profonde. Derrière l’orchestre se trouvent tout un amas de sentiments mélanger les uns aux autres et ce mélange est harmonieux. Chaque instrument parle quand il est joué. Il discute à sa façon, dans sa propre langue. J’avais écrit auparavant, des livres sur la musique et évidemment l’inspiration me venaient de toute cette harmonie, un concerto dansant sur le devant de la scène, introduisant l’arrivée de la symphonie. J’avais travaillé pendant dix ans dans un groupe de jazz nommé « Thinkers melodious ». Nous avions connu un grand succès malgré les lieux peu fréquentés dans lesquels nous avions joué. Mais notre groupe s’est dissipé lorsque la nouvelle du décès de l’un de nos confrères, causé par une crise cardiaque, nous parvint. Ce fut une blessure profonde et cruelle. Ensuite j’ai joué en solo, notamment à New York. Le succès que j’ai étant seul est moins important que celui des Thinkers melodious. Jusqu’à ma mort je continuerai de m’amuser avec la mélodie en hommage au groupe et à tous ses membres.
Le vingt et un décembre 2012 je jouai à l’Olympia de Paris. Beaucoup de personnes étaient là et essayaient d’aimer ce que j’allai jouer. Savaient-ils apprécier, savaient-ils ressentir l’émotion de mon œuvre ? Je me préparai à entrer sur la scène pour faire valser les sons et faire pleurer les violons. Je poussai le rideau pour enfin apparaître aux yeux de tous. Un tonnerre d’applaudissement me fit alors sourire. Je levais le bras pour saluer mon public.
Le piano était là comme s’il tendait les bras, attendant que je le caresse avec mes doigts de gestes sveltes et doux. Je m’assois sur le fauteuil, relève les manches de ma veste et teste les touches du piano. Je commence à jouer. Je n’avais aucune partition et je n’avais pas le droit à l’erreur ou alors cela serait aussi terrifiant que de tuer un oiseau qui chantonne un beau matin embellissant la forêt de son chant. Les seules notes existantes et présentes dans l’immense salle de l’Olympia demeurèrent dans ma tête. Cela semblait un rêve duquel on ne veut pas se séparer par peur que, si on le quitte, à notre réveil le monde ne soit plus qu’un cauchemar sans mélodie. Puis d’un signe de la main je demandai aux autres musiciens de commencer à jouer mais je ne me concentrais plus sur leur musique… non… je la savourais comme on savoure un gâteau. J’étais dès lors si heureux que jamais je n’aurais voulu que cette soirée se terminât. Sans fin, elle continue à parler et à chanter. Elle est mes ailes et elle comble mon cœur d’une intarissable tendresse. Elle est ma source. Mon cœur est plein de folie, mon âme est vide de raison.
Était-ce possible ? Ce son harmonieux qui nous rappelle pas tant la violence dans le monde que la douceur des enfants. Ce n’est pas que de la musique, mais aussi une odeur, une sensation, un souffle sur notre peau qui nous réjouit et qui nous comble de bonheur. Une symphonie des pleurs qui produit un son mélodieux et qui nous rappelle la nostalgie de notre passé. La tristesse du monde, les pleurs des autres ne sont qu’une musique du passé. La douceur de sa voix et la tendresse de ses mots, m’émeus beaucoup. Sentir son souffle sur ma peau me donne un léger frisson de joie, son toucher sur mon corps fait ressortir l’amour que je lui porte. Tous ces éléments réunis en un seul, les pleurs d’enfants, les pleurs de joie et de tristesse, sont si harmonieux ! Son absence devient une solitude qui ne peut être comblée par rien au monde. Loin de lui, forcé à la solitude. Pleurant son impuissance, criant sa compassion. Chaque cri, chaque pleur, est comme l’écho de la montagne. Aucun d’eux ne réalisera la beauté de ce moment. Concerto de tristesse, symphonie des pleurs.
Il est la lune qui vient illuminer mon chemin dans la nuit. Même sous les étoiles, je t’aime. Même sous l’azur, je t’aime. Il est le gardien, mon cœur. Chaque larme d’eau, chaque larme de sang est l’encre de mes mots. Mes sentiments hier forts ne sont désormais que des mots pleins de tristesse. Oh ! je veux juste lire un de tes écrits, je veux juste entendre ta voix, lire un de tes poèmes. N’abandonne pas la passion ni ton amour car sous les étoiles tu t’illumines et ainsi deviens la beauté et mon inspiration. Tu es la force du monde, l’encouragement à se soulever et à reprendre le contrôle. Se soulever pour t’embrasser, car tes pleurs et ceux des autres ne sont qu’une simple musique, mais était-elle aussi complexe que les légendes ? Une mélodie harmonieuse, un concerto de tristesse, un poème d’amour, une symphonie des pleurs.
Encore une fois je perds le contrôle de mon cœur et mes repères. Je sens déjà mon corps quitter cette terre et s’égarer parmi les étoiles et la lune sous la lumière des cieux et au-dessus de la lueur des flammes de l’enfer. Mon corps s’attarde dans le vide qui s’épare c’est deux espaces inconnus. N’écoutant plus alors les voix sournoises qui tentent de me corrompre, ce ne sont plus que les pleurs de la musique qui résonnent au fond de mon âme et qui s’aventurent bien au-delà des rêves et des cauchemars. Là où rien d’autre que les sons et les instruments se parlent, là où la tristesse s’exprime et où les pleurs l’écoutent. Mon esprit se perd. La pensée est hors du temps et de l’espace. Je peux alors déceler ce je ne sais quoi de piquant, qui ressemble à une présence familière. Un concerto pour l’homme, une symphonie pour l’humanité.