La scène du théâtre élisabéthain

Les théâtres de l’époque ne ressemblaient guère à ceux que nous connaissons actuellement. Ils furent en Angleterre les premiers théâtres permanents. Avant cela, on jouait les pièces sur des tréteaux dressés sur la place du marché, dans la cour d’une auberge, ou bien dans la grande salle d’un château ou d’un hôtel de ville. La scène des théâtres permanents imita celle des premiers  théâtres de rue.

On dressait une scène surélevée, visible du public tant de chacun des côtés que de l’avant. Dans le plancher de la scène s’ouvrait une trappe donnant accès à l’ « enfer », partie située sous le plancher et où l’on pouvait circuler. Des rideaux dissimulaient l’enfer de la vue du public. Les acteurs utilisaient cette trappe et l‘enfer quand il s‘agissait de faire surgir des fantômes hors des tombes ou des diables du sol.

A l’arrière de la scène, un mur, avec portes et rideaux à chaque extrémité, cachait la loge des acteurs et la réserve de costumes et d’accessoires. C’est derrière ces portes, hors de la vue du public, que les acteurs revêtaient leurs costumes de scène et se préparaient. Au centre du mur, entre les portes, se trouvait une petite scène intérieure qui pouvait être dissimulée par des rideaux. Si l’action se déroulait par exemple dans une boutique ou dans une cave, il suffisait d’ouvrir les rideaux pour utiliser cette petite scène intérieure.

Au-dessus du niveau de la scène principale, il y avait un balcon, la galerie. Parfois des musiciens y prenaient place, ou bien des acteurs se trouvant « au sommet d’une montagne », « aux créneaux d’un château » ou « au balcon d’une maison », suivant la pièce que l’on jouait.

La scène était couverte d’un plafond peint en bleu, décoré d’étoiles dorées, du soleil, de la lune et d’ornements exotiques : c’était le « ciel ». Au moyen d’une machinerie logée dans le « dessus » de la scène, par une trappe ouverte dans le « ciel », on produisait toutes sortes d’effets scéniques, visuels ou sonores : on pouvait descendre des dieux assis sur leur trône, faire voler des acteurs (suspendus à un câble) d’un bout à l’autre de la scène, lancer des étoiles filantes et des éclairs (des fusées pendues à des fils) , ou imiter le tonnerre.

In « Shakespeare, le génie du théâtre » par B. Birch et A. Vandeputte

Editions Gamma, 1977