Shakespeare débute au théâtre

La vie du jeune Shakespeare à Londres reste tout aussi mystérieuse que son enfance. Il commença à travailler au théâtre. Nous le savons car, en 1592, environ cinq ans après son arrivée dans la capitale, il apparaît comme un auteur dramatique très populaire, membre d’une des meilleures troupes théâtrales de l’époque. Mais quel travail acharné, quelle volonté l’ont conduit là ? Au début, il s’engagea probablement comme acteur débutant ou simple figurant dans une troupe. Quelques rôles mineurs ont dû lui assurer de quoi survivre.

C’est de cette manière qu’il apprit toutes les techniques nécessaires à un acteur. Il acquit une forte voix pour pouvoir déclamer son texte en dominant le brouhaha d’un public qui, souvent, bavardait, mangeait et buvait pendant les moments les moins dramatiques d’une pièce. Il dut aussi exercer sa mémoire, pour pouvoir réciter de longs textes sans oubli ou hésitation. C’était d’autant plus nécessaire, qu’il lui fallait souvent interpréter différents rôles un même après-midi. Il y avait donc pas mal de textes à retenir par cœur !

Un acteur de l’époque élisabéthaine devait être agile, pouvoir danser, chanter agréablement et manier l’épée. Les scènes de combats, sièges, duels et meurtres étaient très appréciées des amateurs de théâtre. Un comédien devait apprendre à se battre en duel avec le plus de réalisme possible, à tomber violemment sans se blesser ni abîmer son costume.

A ses débuts à Londres, Shakespeare écrivit des œuvres sur commande : d’abord, on lui a sans doute demandé de terminer des pièces inachevées, commencées par d’autres auteurs, ou bien de « rajeunir » de vieilles pièces en y ajoutant de nouvelles scènes.

Mais pour attirer le public londonien, les troupes d’acteurs avaient besoin surtout de nouvelles pièces. L’expérience de Shakespeare s’était enrichie : il connaissait les goûts du public et les moyens de construire pour la scène une histoire palpitante et dramatique. On remarqua son talent, son imagination sans cesse croissante, et on lui donna la chance d’écrire ses propres pièces. C’est ainsi que commença son ascension vers la gloire.

In « Shakespeare, le génie du théâtre » par B. Birch et A. Vandeputte

Editions Gamma,1977.