Au théâtre public
Au théâtre public
Les spectacles présentés à la cour apportaient aux exécutants la célébrité et de précieux encouragements. Mais c’était la foule variée et grouillante de Londres qui formait le principal public d’acteurs ou auteurs comme Shakespeare : c’est dans les théâtres publics qu’ils gagnaient leur vie, et parmi les habitants de Londres leur popularité.
Les représentations des théâtres publics avaient lieu chaque après-midi à 14 heures. Un drapeau flottant au-dessus du théâtre annonçait la prochaine pièce et provoquait l’affluence de centaines de gens. Les Londoniens, hommes et femmes de tous âges et de toutes conditions, traversaient les champs pour se diriger vers le théâtre. C’était la foule des commerçants de la City, les groupes bruyants et animés des apprentis et étudiants, les belles dames et les gentilshommes élégants, les jeunes dandys désireux d’exhiber leurs dentelles devant la foule admirative. On trouvait là aussi de riches nobles, entourés de leurs nombreux suivants.
L’atmosphère des représentations était animée, bruyante et joyeuse. Le public, par ses huées ou ses applaudissements, participait à l’histoire qui se déroulait devant ses yeux. Avant la pièce, on bavardait, on faisait connaissance, on jouait pour de l’argent. Des garçons libraires parcouraient les galeries en proposant les derniers livres parus. Tout au long des séances, des vendeurs de nourriture et de boissons, avec leurs paniers chargés de pommes, d’oranges, de noix et de bière, se frayaient énergiquement un passage dans un public houleux.
Dans le théâtre élisabéthain, la scène était dressée en plein air, de telle sorte que la foule l’entourait sur trois côtés. Les gens les plus aisés louaient un siège dans l’une des trois galeries couvertes disposées autour de la scène et de la cour ouverte. Près de la scène, sur ses deux côtés, des loges étaient réservées aux nobles fortunés. Les jeunes dandys qui voulaient faire étalage de leurs beaux atours louaient, à prix d’or, des tabourets placés sur le devant de la scène. Pour un prix modeste, les spectateurs ordinaires obtenaient une place debout dans la cour ouverte : c’était le parterre.
A 14 heures, trois sonneries de trompette perçaient le brouhaha. Après la troisième, le premier acteur entrait en scène, vêtu du traditionnel long manteau noir. Le public se faisait alors plus silencieux et s’installait. Enfin, la séance de l’après-midi, appelée « Matinée », commençait.
In « Shakespeare, le génie du théâtre » par B. Birch et A. Vandeputte
Editions Gamma,1977.