Songe à la douceur de Clémentine Beauvais, un livre poétique ...
Par Inesa le 22/12/2017, 1h30 - Lecture - Lien permanent
L'histoire :
En un été ensoleillé, Tatiana, 14 ans, une jeune fille assez timide et craintive, rencontre le meilleur ami du bien-aimé de sa grande sœur, Eugène, 17 ans, qui lui, est charmant et a confiance en lui. Les rencontres se répétant, elle apprend à le connaître et tombe inéluctablement amoureuse de lui. Croyant son amour réciproque, elle lui envoie une lettre d’amour. Décrivant et révélant ainsi ses sentiments, elle reçoit finalement une réponse loin de ses attentes. Eugène la repousse pour des raisons personnelles. Ce refus les éloignera et un événement tragique brisera définitivement leur relation. Dix ans plus tard, Eugène et Tatiana se croiseront par pur hasard dans le métro. Eugène découvre avec stupéfaction une Tatiana sereine, confiante et assurée. Cela ne fait aucun doute, Tatiana a grandi, mûri et s’est épanouie. Il semblerait également qu’elle ait tourné la page et effacé de sa mémoire cette partie de sa vie. Eugène est d’autant plus stupéfait de s’apercevoir de l’amour qu’il ressent à présent pour Tatiana. Mais, est-il maintenant trop tard pour lui faire ses avances ? Va-t-elle le repousser s’il ose lui révéler ses sentiments ? L’histoire se répétera-t-elle une nouvelle fois, mais avec une permutation de leurs deux rôles ?
Si je devais décrire ce roman en quelques adjectifs, ce serait :
Original : Ce roman est original du début à la fin. Peu de romans de ce type sont écrits en vers de nos jours . J’ai été surprise tout au long de ma lecture grâce aux différentes polices mais également grâce aux calligrammes présents dans ce roman. Ce dernier est original pour son aspect esthétique mais également pour le style de l’auteure qui ne fait qu’embellir l’œuvre.
Poétique : Cette romance est écrite en vers, donc il est logique qu’il soit poétique dès le départ. Mais les vers ne pénalisent en rien les descriptions précises, l’exploitation du caractère et de l’aspect des protagonistes. De plus, ce roman aborde des sujets intéressants et l’auteure nous amène à réfléchir dessus grâce à de magnifiques métaphores, des personnifications, des emphases, des antithèses, des analepses, ou encore des catachrèses. Ces nombreuses figures de style ne font qu’enrichir l’œuvre et renforcer les sentiments intenses que l’auteure nous procure.
Théâtral : L’auteure s’est inspirée librement de l’œuvre du poète Pouchkine, « Eugène Onéguine ». Le roman en lui-même est très bien organisé. Les scènes s’enchaînent simultanément, ce qui permet au lecteur ne peut tout simplement pas s’ennuyer, et cela intensifie les émotions procurées. Nous pourrions croire que passer d’une page à l’autre pourrait gêner le lecteur mais cela contribue au mystère des interrogations semées par l’auteure. Les scènes sont touchantes, frappantes et émouvantes.
Complet : Ce roman est complet car la mise en profondeur des personnages est à mon sens très travaillée. Du début à la fin du roman, l’auteure sait mettre en valeur les sentiments des protagonistes et en tirer profit pour l’histoire qui se déroule progressivement : l’interrogation la plus flagrante est la séparation soudaine d’Eugène et Tatiana. On se demande sans cesse ce qu’il a fallu pour briser cette relation de façon définitive et très brutale ( croyez-moi, vous serez surpris). Des descriptions des événements frappants au dénouement d’événements tragiques, tout est surprenant. L’histoire est travaillée, réfléchie et aucun détail ne manque. L’auteure a très bien su se mettre à la place de ses personnages. De plus, on constate une réelle évolution de la psychologie des personnages. Lorsqu’ils étaient adolescents, nos deux protagonistes avaient une façon de penser plus insouciante et innocente. Et lorsque l’on les retrouve, dix ans plus tard, ils sont beaucoup plus matures.
Réaliste : À mon sens, ce roman n’est pas un drame ou une romance banale et sans intérêt. Une histoire approfondie se cache derrière ces calligrammes plus beaux les uns que les autres. On nous fait réfléchir sur l’amour en lui-même et sa complexité. Ce roman est réaliste pour son côté théâtral car il retranscrit de belles émotions par des textes parfois crus (j’ai parfois regretté d’être dans la tête d’un garçon de 17 ans). L’auteure n’adoucit pas le dénouement d’un événement frappant. Au contraire, elle fait tout pour l’intensifier. Cela contribue à la surprise du lecteur et ses sentiments quel qu’ils soient. L’auteure nous impose les passages de la vie de n’importe quelle personne, qu’ils soient brutaux ou doux et ne contente pas de nous plonger dans une histoire trop parfaite pour être vraie. Les réactions des protagonistes sont très humaines, ce qui permet de facilement s’y identifier et ainsi de plonger plus facilement dans l’histoire.
Pour les passionnés de poésie, à lire de toute urgence !
Inès A.
Source de l’image : http://editions-sarbacane.com/wp-content/uploads/2016/06/couv-Songe-a-la-douceur-620x987.jpg