Mardi 16/12/2014, nous avons eu la très grande chance de visiter cette exposition dans des conditions exceptionnelles, puisque le Grand Palais ferme ses portes au public le mardi, sauf pour les établissements scolaires de ZEP dont nous faisons partie. Nous avons donc eu les salles presque pour nous tout seuls !!!
Né en 1760 et mort en 1849, Hokusaï est le peintre d'estampes japonaises le plus célèbre. C’est un artiste virtuose, peintre, dessinateur et graveur. L'éventail des thèmes qu'il a peint est très varié et son œuvre qui s’étale sur presque trois quarts de siècle a influencé de nombreux artistes européens.
Pour cette exposition, la vie de l’artiste a été découpée en six périodes, illustrées par des séries d’estampes, des livres, mais aussi de nombreuses peintures en partie inédites, ainsi que de précieux dessins préparatoires. Au total nous avons pu admirer plus de 500 pièces exceptionnelles, dont une grande partie n'avait encore jamais été exposée hors du Japon !
Le parcours dans les salles est donc chronologique.
→ Avant d’entrer dans la salle
correspondant à une première période de sa vie d’artiste, nous découvrons une
salle de présentation dans laquelle on a voulu montrer combien Hokusaï a
influencé les artistes d’Occident.
De son vivant, le Japon était un pays complètement
fermé à l’Europe, pour des raisons politiques et religieuses. Hokusaï ne
connaît donc rien à l’Europe et inversement. Mais à la fin du 19e siècle, les
frontières s’ouvrent car le gouvernement japonais a changé et les artistes
français vont découvrir l’Art du Japon dont ils vont énormément s’inspirer (on
pense notamment à certains peintres impressionnistes comme Monet ou Gauguin).
Dans les petites librairies parisiennes on découvre les mangas d’Hokusaï : il
s’agit de petits dessins divers, sans texte, qu’Hokusaï a créés pour enseigner
à ses élèves l’art de dessiner.
Félix Bracquemond est le premier à avoir
découvert les livres d’Hokusaï en librairie et à les avoir copiés. Il va
notamment mettre cette inspiration au service de la décoration de vaisselle de
table, de vases que nous avons pu admirer aujourd’hui. Ces pièces dont les
motifs, dessinés par Bracquemond, ont été inspirés des estampes japonaises,
obtinrent un grand succès à l’exposition universelle de 1867.
→ SALLE 1 : 1778. PERIODE SHUNRÔ
Sur ces gravures qui correspondent à ses débuts d’artiste, nous observons des personnages du théâtre kabuki, très en vogue alors au Japon, et à Edo (la Tokyo actuelle) particulièrement : dans cette grosse ville d’un million d’habitants, les gens s’amusent car le pays est en paix. Les acteurs sont tous des hommes et jouent le rôle des femmes aussi.
Dans Intérieur d’un théâtre de kabuki, nous pouvons voir qu’Hokusaï utilise la technique de la perspective, qu’il a pu découvrir grâce aux bateaux hollandais commerçant avec le Japon (ils étaient les seuls) et qui transportaient entre autres des tableaux.
Chaque dessin d’Hokusaï nous donne de précieuses informations sur la façon de vivre au Japon à cette époque-là, comme dans La porteuse d’eau.
Avec Vendeur de boissons fraîches, nous découvrons l’œuvre qui est considérée comme son premier Surimono, œuvre plus épaisse et luxueuse que l’estampe, et où une partie vierge est laissée de manière à ce qu’on puisse y écrire, à des amis par exemple.
→ SALLE 2 : 1794. PERIODE SORI
Dans cette salle nous avons pu admirer la série Les cinquante-trois Stations de l’an neuf, qui nous propose, à travers des surimonos, des gros plans sur des activités humaines qu’on pouvait rencontrer le long de cette route mythique longue de 500 km reliant Tokyo et Kyoto, route qui borde la mer et permet aussi d’apercevoir la montagne sacrée du Japon : le mont Fuji. On disait alors que l’on pouvait s’arrêter 53 fois sur cette route pour admirer le paysage…
Dans cette salle qui correspond à une seconde période de la vie d’Hokusaï, nous constatons qu’il a choisi de faire de la peinture : ce sont les kakimonos, peintures destinées à être exposées dans un temple ou chez des personnes privées.
Dans Retour d’une partie de campagne, nous voyons deux samouraïs un peu ivres et nous pouvons admirer la finesse du trait peint sans contours.
Dans Sifflet de la cerise d’hiver, nous observons deux femmes, l’une se maquillant et l’autre mâchant une fleur, la physalis, pour la faire éclater un peu comme un chewing-gum.
Nous admirons également le surimono Tortues. Il s’agit d’une gravure importante qui se présente comme une carte de vœux indiquant qu’Hokusaï a changé de style. On raconte que ce furent les amis d’Hokusaï qui y inscrirent l’expression « sous la protection de l’étoile polaire » qui a donné son nom à Hokusaï…
→ SALLE 3 : 1805. PERIODE HOKUSAÏ
Ici nous constatons que la production d’Hokusaï se diversifie, avec notamment la reproduction de nombreux animaux dont les célèbres Carpes, où nous voyons qu’Hokusaï a beaucoup observé la réfraction dans l’eau avant de peindre. Dans ce kakémono, l’artiste a rajouté l’indigo à l’encre de chine, ce qui donne le bleuté des yeux des poissons et des plantes aquatiques.
Dans Catalogue de trésors, un autre thème cher à Hokusaï apparaît : celui de la chance. Sur ce kakémono, on voit une silhouette presque humaine avec une clé dans le dos, la clé des trésors qui va permettre d’avoir la fortune…
Dans cette salle nous admirons ensuite une autre invention d’Hokusaï : celle de planches destinées à être découpées pour être utilisées comme cartes à jouer à assembler par deux.
Enfin nous découvrons ses livres dessinés qui nous font penser aux dessins d’illustrateurs de notre époque.
→ SALLE 4 : 1814.
Hokusaï a maintenant 50 ans et environ 200 élèves. Afin de leur enseigner ses techniques de peinture, il va réaliser 15 cahiers que nous découvrons, les « hokusaï mangas », qui ont été publiés en 1814, c’est-à-dire il y a 200 ans.
Sur ces carnets de croquis nous remarquons celui qui présente toutes les attitudes qu’on observe chez une femme. Le peintre Degas s’inspirera de ces attitudes dans ses tableaux.
Nous pouvons même voir ensuite des carnets où Hokusaï a peint des fantômes !
Nous constatons en observant d’autres dessins qu’Hokusaï a également dessiné des modèles pour des vêtements ou inventé des formes d’architecture : quel génie !
→ SALLE 5 : PERIODE TAITO.
Dans cette salle, nous admirons notamment le Panorama des sites célèbres sur la route de Tokaido, œuvre pour laquelle on a l’impression que la vue est prise d’avion. Ce fait d’avoir représenté la scène en hauteur marque la très grande originalité d’Hokusaï.
→ SALLE 6 : PERIODE IITSU.
Ici nous entrons dans la période la plus célèbre d’Hokusaï, durant laquelle il a commencé ses séries de paysages, notamment la série des Trente-six vues du Mont Fuji. Pour peindre cette série et d’autres toiles célèbres, Hokusaï a utilisé une technique encore une fois empruntée aux hollandais : celle du bleu de Prusse, un pigment artificiel qui tient très bien.
Ce tableau, La grande vague, qui appartient à la série, peut évoquer le phénomène du tsunami. Plus largement, il montre peut-être aussi la fragilité des situations dans la vie, la fragilité de l’Homme par rapport à la vie en général…Le mouvement de la vague montre qu’au Japon on appréhende l’image (comme le texte d’ailleurs) de droite à gauche.
Nous admirons également dans cette salle des peintures appartenant à la Série des ponts, des cascades, des mille images de la mer…Toutes ces œuvres montrent combien Hokusaï a voyagé dans son pays durant sa longue vie : il a en effet déménagé pas moins de 1093 fois !!!
Il a également peint de magnifiques séries de fleurs et d’oiseaux.
Les élèves se sont aussi arrêtés devant ses peintures de fantômes.
→ DERNIERE SALLE : LA FIN DE SON ŒUVRE
Dans cette ultime salle il n’y a que des kakémonos, autant de peintures uniques prêtées pour la plupart par des musées japonais. Nous y admirons le Dragon parmi les nuées, peint uniquement à l’encre de chine, ou encore Zhong Kui l’exorciste dans lequel Hokusaï utilise le vermillon, couleur qui protège contre les maladies.
Notre visite s’achève par l’observation du magnifique tableau Tanuki, où Hokusaï a représenté cet animal moitié imaginaire moitié inspiré du chien viverrin : le tanuki est porte-bonheur au Japon. Hokusaï l’a déguisé en moine et a aussi représenté une bouilloire magique qui fume, autant d’éléments qu’on retrouve dans les contes traditionnels.
Pour terminer, quelques photos souvenirs de notre sortie et de notre visite de l'Arc de Triomphe !