Louise BEILLARD

1 rue Constant Pilate

92230 Sceaux

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   

George SAND

34 Quai de Grenelle

75014 Paris

  

Chère George Sand,

  Je vous écris en ce jour pour vous donner de l'aide, une aide amplement méritée. Je me réfère pour cela à votre discours au Comité central électoral du débat sur le suffrage universel, en avril dernier.

  La vie des femmes a été, depuis des générations, réduite a une vie d'esclaves, sans droit, sans possession. Nous sommes l'égal de l'homme. Différentes, mais égales. La femme doit conserver son sexe et brandir sa revendication de ses droits! « Les femmes sont aptes à toutes les sciences », et c'est vrai. Les femmes sont l'égales de l'homme, tout du moins en intelligence. Il suffit juste à la femme de lui permettre d'améliorer son éducation et d'agrandir son domaine de connaissances, et ce jour-là, vous verrez !

  De plus, les femmes ont cette patience et cette minutie que n'ont pas les hommes. Elles seraient donc bien plus aptes à exercer certaines fonctions occupées aujourd'hui par des hommes. Je pense en ce moment même aux fonctions de comptabilités, mais il y en a tant d'autre ! Si seulement les femmes pouvaient accéder à certaines études, elle pourraient faire tant de choses, qui dépasseraient même la propre capacité des hommes!

  Elle mérite leurs droits autant que les hommes, après tout, leurs combats furent aussi sanglants, et leurs causes d'autant plus justes.

  Car oui, nous n'avons pas été seules à mener ces combats ! Tant de femmes sont passées avant nous, tant ont décidées de revendiquer leurs droits. Et cela n'a pas été vain. Je fait évidemment référence à Jeanne-Désirée Gay, qui a su s'impliquer dans les causes qu'elle pensait noble et qui a réussi à se faire entendre. Mais aussi à Jeanne Deroin ou encore à Eugénie Niboyet. Toutes ces femmes ont eu le courage de proclamer nos droits et de mettre tout en œuvre pour les appliquer. Elles ont tout sacrifié, et ont, pour quelques unes, tout perdu. Sauf peut-être l'honneur, et la reconnaissance. Oui parce qu'elles le méritaient.

  Et vous le méritez aussi, Madame Sand. Vous avez sacrifié jusqu'à votre nom pour pouvoir militer et réclamer ce qui nous appartenaient de droits. Vous êtes maintenant reconnue comme notre chef, la dirigeante de nos idées. Ces idées que vous avez eu le courage de proclamer, alors que d'autres se terraient sans émettre leurs pensées.

  Je vous salue, chère Madame Sand, en espérant que vous avez apprécié cette lettre encourageante que j'ai écrit avec mon cœur et ma pensée.

Cordialement,

Louise Beillard