A vos anthologies! Réunissez quatre poèmes sur le thème des saisons.
Par Crochart MR (college Agiot, Elancourt) le 15 mars 2016, 14:53 - Lien permanent
Rêves d'Automne - (Alphonse de Lamartine)
Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards ! |
Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire, J'aime à revoir encore, pour la dernière fois, Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois ! |
Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire, A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits, C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire Des lèvres que la mort va fermer pour jamais ! |
Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie, Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui Je me retourne encore et d'un regard d'envie Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui ! |
Peut-être l'avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ? Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore Aurait compris mon âme et m'aurait répondu ? ... |
La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyr ; A la vie, au soleil, ce sont là mes adieux ; Moi, je meurs et mon âme au moment qu'elle expire, S'exhale comme un son triste et mélodieux. |
(Méditations poétiques)
Couleurs d'Automne
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(Jean-Claude Brinette)
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Chant d'Automne (Charles Baudelaire)
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe Tout l'hiver va entrer dans mon être : colère Mon esprit est pareil à la tour qui succombe |
J'aime de vos longs cheveux la lumière verdâtre, Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer, Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. |
Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! Soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ; Amante ou soeur soyez la douce éphémère D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant. |
Courte tâche ! La tombe attend, elle est avide ! Ah ! laissez-moi mon front posé sur vos genoux, Goûter, en regrettant l'été blanc et torride, De l'arrière-saison le rayon jaune et doux ! |
(Les Fleurs du mal)
Automne malade - (Guillaume Apollinaire)
Automne malade et adoré Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé dans les vergers Pauvre automne ! Meures en blancheur Et en richesse de neige et fruits mûrs. |
Aux lisières lointaines, les cerfs ont bramé Et que j'aime ô saison, que j'aime tes rumeurs Les fruits tombant, sans qu'on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille |
Les feuilles qu'on foule, Un train qui roule La vie s'écoule... |
(Alcools)