Lectures analytiques de l'année 2014-2015 1ère ES

vous trouverez les "fiches" à réviser pour le bac.

N'hésitez pas à les enrichir, à rajouter des éléments qui témoignent d'une lecture personnelle du texte, je publierai vos propositions.

Commentaires

1. Le 12 octobre 2014, 10:49 par Mme Baudry

Lecture analytique 1 : l'incipit de l'étranger

   L’indifférence du personnage
   - coté robot du personnage qui obéit a toutes les conventions, la hâte du personnage pour ne pas être en retard...
   - texte impersonnel alors que le pronom de la première personne domine
   Prise de distance avec le lecteur
   -télégramme ,phrase non verbale, Meursault épouse le style du télégramme, c'est l'élément déclencheur, reflet du patron (froid, pas de sentiment), coté binaire au niveau du rythme : « sentiments distingués », « mère décédée »
   - on s'attend à ce que Meursault se confie mais devant Céleste et le militaire il se bloque : négation : « pour ne plus avoir à parler »
   Pas de vie dans le texte
   -le principe de l'incipit n'est pas respecter, pas de présentation du personnage, personnage sans visage
   - aucun description du contexte (Algérie sous domination française...)
   - faux repères temporels « aujourd'hui », « hier », « à deux heures » : multiplicité de ces indications temporelles mais perte des repères impliqués par le télégramme qui n'est pas daté. Sensation de confusion
   - Froideur du personnage et du texte
   Mise en avant du côté officiel de l'enterrement
   Céleste, prénom angélique, comportement protecteur, père de substitution, mais qui finalement lui dit une phrase banale et impersonnelle avec le pronom « on » et le présent de vérité générale « on n'a qu'une mère » pour lui remonter de moral ( emploie les mots du télégramme « mère » opposé à « maman », terme affectueux qui donne un aspect enfantin à Meursault)
   c'est Céleste qui rappelle à Meursault les conventions : la cravate noire
   Personnage faible
   il agit en fonction de son environnement (chaleur, bruits, odeurs) : il s'endort
   il s'excuse sous le regard du patron ( personnage dominé)
   il sera en deuil seulement après l enterrement de sa mère (règles sociales étouffent les sentiments). Pas un texte lyrique, pas d'épanchement des sentiments.
   Précipitation des événements
   texte qui démarre comme le bus. Début in medias res « au cœur de l'action »
   Précipitation des événements qui se bousculent : énumération : « cette hâte, cette course... »
   le coté oppressant de la société
   pas libre de ses actions (excuses)
   actions programmées ( voyage + enterrement = affaire classée)
   décès de sa mère qui dérange la société la routine du travail : mécontentement du patron. personnage cliché
   Ouverture en conclusion : l'adaptation de ce texte en BD de J. Ferrandez.
2. Le 15 octobre 2014, 19:07 par Mme Baudry

Fiche lecture analytique 2 : l'explicit de l'Etranger.

spectacle de l'exécution de M :
il souhaite ne pas être seul
il veut préparer sa propre mort : mettre en scène sa mort metteur en scène et acteur de cette représentation , entré d'un comédien sur scène accueilli par des cris de haine , fait penser au théâtre

M s'ouvre à nous :
expression des sentiments , pensées intimes de M
phrases plus longues :style des phrases qui devient plus poétiques : rimes internes , phrases plus longues , antithèse du télégramme
s'ouvre au souvenir des personnes , au souvenir de la mère
lecteur transformé en confident paradoxe avec le militaire du début , le texte devient lyrique , on renoue avec un M sensible qui s'ouvre

contradictions dans le texte :
prison/environnement : nul part on a le lexique de l'enfermement , de la prison ; libre de ses pensées dans un endroit qui le prive de liberté , impression que les barreaux n'existent plus
oxymore : « la tendre indifférence du monde », en contradiction avec « à souhaiter qu'ils m'accueillent avec des cris de haine ».

relation à la mère :
il la comprend , pense à elle juste avant de mourir , il est fier de sa mère avec la répétition de « personne , personne... » cela explique la haine de la fin qui exclut les pleurs : personne n'a le droit de pleurer sur M.
il veut défendre sa mère , il redevient Fils
renaissance symbolique : prise de conscience du bonheur au moment ou le malheur arrive (exécution) lien avec le meurtre de l'arabe où c'est la même situation (prise de conscience du bonheur)

solitude :
1ère phrase : M. apprécie la solitude. Départ de l’aumônier : une délivrance.
pluriel de spectateurs pour rompre solitude ,
il pense à la nature qui l'entoure , il est empli par la nature (comparaison : « comme une marée ») , fusion avec les éléments , alors qu'il est privé d'espaces (prison) , lexique de la nature qui domine le texte. Soleil qui menaçait M disparaît , ici c'est la nuit qui est symbolique = la mort.
ce qui relativise sa solitude c'est qu'il pense à sa mère avec les deux destins qui se rejoignent : symétrie dans les phrases qui évoquent la mère et le fils

3. Le 22 octobre 2014, 16:18 par Mme Baudry

LE MEURTRE DE L'ARABE
Les axes qui apparaissent :
L’omniprésence du soleil : un élément hostile. C’est le soleil le responsable du meurtre. C'est le 3ème perso du texte.
répété 6 fois
forte chaleur : « brûlure » + lexique du feu
force de la lumière aveuglante
hyperbole « vibrante de soleil »
soleil lié à un bruit assourdissant : hyperbole « cymbales du soleil » (allitération qui symbolise l'oppression du personnage)
= les sens de Meursault anéantis : le vue, l’ouïe, le toucher. Le perso ne peut échapper à l'emprise du soleil.

Une nature agressive : on a le tableau d'une Apocalypse. Une description grandiose qui donne à ce texte une ampleur mythique (voir comparaison avec le texte de la Bible reproduit ci-dessous)
les éléments déchaînés : hyperbole : "la mer a charrié un souffle épais et ardent"
mélange eau/feu : mer, feu ; pleuvoir du feu (métaphore)
lexique de l’arme blanche : progression du couteau, lame étincelante, le glaive. hyperbole ; le couteau est transformé en glaive ou en épée ( on a un combat épique) à cause du reflet du soleil (illusion d’optique: le soleil lui joue des tours: il croit que l'arabe rit: une sorte d'élément ironique dans le texte)

La souffrance du héros, la douleur physique : le malaise, la torture
lexique du corps et plus particulièrement du visage
lexique de la souffrance : n’est plus maître de lui-même, métaphore « rideau de larmes et de sel »
personnage pathétique qui ne fait que des gestes maladroits qui vont le conduire à sa perte: insistance: "un pas, un seul pas en avant", "la gâchette a cédé". Focalisation interne: on adopte le point du vue du personnage.

Un meurtrier victime :
champ lexical de la mort : lexique de l’arme à feu (en antithèse avec l’arme blanche)
le revolver rassurant : maternel (personnification avec "le ventre")
pas de sujet humain : absence du pronom "je": « la gâchette a cédé ». Perso agit malgré lui.

La passivité de Meursault. Personnage tragique : il est pris dans un engrenage, il est victime alors que c’est lui le meurtrier. Il est face à une force contre laquelle il ne peut lutter : le destin, la fatalité assimilés au soleil déjà présent lors de l'enterrement de la mère (associé à la mort qui le poursuit)

Cependant, évolution sur la fin :
il comprend quelque chose : il mesure toute la valeur de sa vie, ce dont il n’était pas conscient avant. Un épisode initiatique.
prend en main son destin, assume jusqu’au bout un acte qu’il n’a cependant pas voulu : tire 4 coups
de plus, style change, plus poétique en contradiction avec le style dépouillé du début.
pronom « je » sujet à la fin du texte
prend conscience de ses actes : « j’ai compris »
prend conscience de son bonheur au moment où il le perd : antithèse : « heureux »/ « malheur »
métaphore « porte du malheur » : damnation qui s'oppose à la porte du paradis.

L'arabe et Meursault: des doubles. L'Arabe est quasi absent de la scène comme Meursault. C'est aussi le jouet du soleil. Voir ouverture avec la BD.

Texte complémentaire : extrait de la Genèse, XIX: la destruction de Sodome et Gomorrhe
Le soleil se levait sur la terre et Loth entrait à Coar quand le seigneur fit pleuvoir sur Sodome et Gomorrhe du soufre et du feu. Cela venait du ciel et du seigneur. Il bouleversa ces villes, tout le district, tous les habitants des villes et la végétation du sol. La femme de Loth regarda en arrière et devint une colonne de sel. Abraham se rendit de bon matin au lieu où il s’était tenu devant le seigneur, il porta son regard sur Sodome et Gomorrhe et tout le territoire du district ; il regarda et vit qu’une fumée montait de la terre comme la fumée d’une fournaise.

4. Le 11 novembre 2014, 18:30 par Mme Baudry

- texte vide: pas d'émotion de la part des personnages. Scène "morte"

  • Le sujet du mariage se noie dans les conversations (mariage, Paris, femmes). Demande en mariage dans la rue, après le travail de M.: ancrée dans le réalisme du quotidien. Rien d'exceptionnel.
  • Phrases courtes:

monosyllabe "non", phrase sans verbe "naturellement" et "et moi, je me contentais de dire oui" qui rappelle la réponse faite au militaire dans l'incipit. Des réponses laconiques et courtes.
Le contraire d'un texte lyrique.Une ambiance froide: dénuée de sentiments. Le lecteur n'est pas touché.

  • Marie ne prend pas de détours "Marie est venue me chercher et m'a demandé si je voulais me marier avec elle": sa demande est claire, précise et rapide, presque brutale tout comme la réponse de M. Des personnages robots (voir le télégramme qui exclut les sentiments): sécheresse du texte.
  • Contraire d'une idylle amoureuse. Image de Paris anti romantique: M. casse les rêves de Marie en dénigrant Paris: « C'est sale. Il y a des pigeons et des cours noires. Les gens ont la peau blanche. »: proche du style télégraphique. Opposition nette de "noires" et "blanche", sans nuance.
  • Indifférence apparente de Marie face à la réaction de Meursault: n'éprouve pas de jalousie. Calme de Marie. Elle garde le silence à deux reprises et ne fait que "murmurer" que M. est bizarre, sans agressivité. Le lecteur peut apprécier sa volonté de comprendre M + sourire signe de tendresse et d'indulgence.

= on se demande si les deux personnages s'aiment! Deux personnages assez mystérieux.

- différence entre les deux perso:

  • Marie joyeuse, presque naïve: elle croit à l'amour et au mariage. Cependant, elle n'est pas désinvolte. Elle réfléchit: "Elle a observé alors que le mariage était une chose grave": # Meursault froid et franc. Il est honnête. Dit ce qu'il pense même si c'est maladroit. Paroles blessantes et peu gratifiantes.Il accepte sans conviction. Proche de l'impolitesse: ne se soucie pas des sentiments de Marie, ni des siens.Texte dérangeant.
  • Marie entreprenante et enthousiaste

c'est elle qui est venue le chercher, c'est elle qui fait la demande et c'est elle qui l'embrasse: sujet de nombreuses phrases
surprenante, dérangeante. Associe amour et dégout: opposition. Changement de sentiments très brutal. Elle s'amuse des réponses froides de M. Aucune tension ni désaccord. Marie déterminée: elle s'entête malgré les réponses négatives de M.
Un personnage actif: la volonté est de son côté. Beaucoup de répétitions du verbe "vouloir": "elle a voulu", "elle voulait". Un être de désir comme le montre la dernière phrase pleine de sensualité avec le vocabulaire du corps.

  • M. ne prend pas son destin en main:

se laisse guider: "si elle le désirait", "dès qu'elle le voudrait" Ne se projette pas dans l'avenir. N'a pas d'ambition. Un anti héros. Une attitude qui peut sembler incorrecte face à Marie.
Il se contente de répondre: répétition de "j'ai répondu"
Il s'abstient de parler: de nombreuses négations: "je ne pouvais rien savoir sur ce point", "je me taisais, n'ayant rien à ajouter"

  • Demande ambiguë, ne respecte pas les codes conventionnels: inversement des rôles traditionnels, mariage banalisé, n'a plus toute sa valeur. Manque de gravité. Protocoles bousculés. Une demande naïve, très rapide, irréfléchie.

= une certaine distance entre les personnages

- texte comique: une comédie romantique?

  • une discussion théâtrale: elle s'enchaînent naturellement , comme des répétitions. M. Reprend très souvent les mots de Marie mais semble se méfier du langage et des grands mots comme le verbe "aimer": "cela ne signifiait rien".
  • changement de sujet brutal (nouveau poste à Paris)
5. Le 03 janvier 2015, 16:46 par Mme Baudry

Triple enjeux de cette scène:
1) c'est la première fois que les amours de Chimène et Rodrigue s'officialisent
2) c'est le moment où le roi va nommer un gouverneur à son fils
3) c'est le premier contact du spectateur/lecteur avec la pièce: les enjeux spécifiques à une scène d'exposition: présenter les personnages, l'intrigue, le genre de la pièce.
= beaucoup de tensions dramatiques dès l'ouverture de la pièce car les personnages et le spectateurs sont en attente de l'action.

I. Les personnages présents sur scène
Chimène:
Personnage qui semble soumis, a peur. Amante inquiète et angoissée: elle semble fataliste.
- lexique de l'angoisse: "mon âme troublée", répétition de craindre "je crains un grand revers", "cette crainte". Répétition de "grand": "grand bonheur", "grand revers" qui contraste avec le lexique du bonheur: "un si charmant discours" et la métaphore convenue de la flamme amoureuse: "à sa flamme", "aux feux de notre amour" qui montre l'ardeur du sentiment amoureux
- elle est dépendante d'Elvire: de nombreuses questions inquiètes (commence par deux interrogatives successives qui impliquent directement le spectateur à nous. Début de la pièce in medias res, au coeur de l'action) au début et des impératifs "dis-moi", "apprends-moi"
Chimène : absence de personnalité? position d’humilité. Elle apparaît très sage alors qu'elle devrait montrer son enthousiasme: "Un moment donne au sort des visages divers": utilisation du présent de vérité générale dans une formule impersonnelle. Chimène ressemble plus à une moraliste qu'à une amoureuse!
Son père met l'accent sur son obéissance: "elle est dans le devoir", elle attend "l'ordre d'un père" pour "choisir un époux": "ma fille en un mot peut l'aimer et me plaire" (la tirade du père est encadrée par cette notion de respect paternel). Le personnage correspond au type de la jeune fille de très haute naissance: elle est vertueuse, pudique et réservée, conformémant aux critères de bienséances de l'époque.

Elvire:
différence sociale:tutoiement "Tu ne peux trop promettre"/ vouvoiement "vous l'aimez"
Façon différente de s’adresser l’une à l’une (rang social respecté): impératifs dans le discours de Chimène: elle donne des ordres.
Mais, servante prend toute la place, sûre d’elle: elle parle beaucoup plus, avec plus d'assurance.
- elle n'utilise que des phrases affirmatives (pas de questions): par exemple: "ce choix n'est pas douteux": une affirmation claire qui n'admet pas le doute.
- elle utilise le futur "tous vos désirs seront bientôt contents", ""il vous commandera de répondre à sa flamme", "il sera sans rival"
- elle utilise des connecteurs logiques: "puisque", "mais", "comme", "puisque"...
Elvire tente de convaincre et de persuader sa maîtresse et tout son discours n'est qu'une succession d'arguments pour tenter de la rassurer:
- argument 1: Elvire a été objective et n'a pas valorisé Rodrigue par rapport à Don Sanche
- argument 2: témoignage direct du père: Elvire rapporte directement ses paroles pour plus d'authenticité
- argument 3: la naissance de Rodrigue. Son père a une valeur qui rejaillit sur son fils
- argument 4: le père de Chimène va bientôt être choisi pour gouverneur du prince et le père de Rodrigue va profiter de cette bonne disposition pour soumettre sa proposition.
Elvire paraît plus maîtresse du langage que Chimène, qui reste malgré tout dans l'inquiétude et l'émotion.
Dans quelle mesure le personnage d’Elvire ne prend pas plus l’ascendant dans ce texte? Dans quelle mesure Elvire ne semble pas plus importante que le personnage de Chimène?

Échec du dialogue?
Chimène ne porte pas attention à ce que dit Elvire, Chimène répond à côté et ne donne pas d’opinion sur ce que dit Elvire. Chimène ne s'intéresse pas vraiment à ce que dit Elvire: elle répond comme si elle était déjà dans le malheur: rime "troublée", "accablée" qui redouble sa tristesse.
Personnage de Chimène semble en retrait par rapport à ce que dit Elvire. Solitude de Chimène: assonnance en oi: vers 7 à 9: "moi", "fois", "choix", "espoir": expression de son angoisse dans la répétition signe d'une impasse psychologique: elle n'arrive pas à dépasser ses doutes. C'est un discours centré sur elle-même.
Ce texte aurait très bien pu ne pas exister pour les personnages (Chimène est dans son angoisse personnelle, elle n'évolue pas du début à la fin de la scène: Chimène a des doutes et Elvire n'est pas parvenue à la rassurer: "Allons, quoi qu’il en soit, en attendre l’issue").
Elvire semble très impliquée par rapport à Chimène – la tirade de Elvire n’a servi a rien?
Scène inutile pour Chimène, sauf à réactiver son angoisse: tout ce qu’a dit Elvire n’a servi a rien, discours inutile, Elvire n’a fait qu' occuper le temps de Chimène.
Vers 9 et vers 23 : deuxième fois que Elvire fait ce discours."Dis-moi donc, je te prie, une seconde fois", "Apprends-moi de nouveau quel espoir j’en dois prendre";"Et puisqu’il vous en faut encor faire un récit"
Pourquoi Chimène est-elle si pessimiste? Elle sent qu'il y a quelque chose qui la dépasse contre quoi elle ne peut rien: on ressent son impuissance tragique et son incapacité à accéder au bonheur semble être annoncée dès le début de la pièce.

II. les personnages absents de la scène.
Don Sanche, Don Rodrigue (les préténdants), Don Gomès, Don Diègue (les pères), Don Fernand (le roi). La scène d'exposition a pour but de présenter les personnages qui vont jouer un rôle important dans l'intrigue.

La comparaison entre Don Sanche et Rodrigue
- souci d'impartialité chez Chimène et son père dans le choix entre ces deux personnages: "indifférence", "trous deux" répété deux fois. Vocabulaire élogieux pour les deux personnages: "nobles, vaillants, fidèles, jeunes", "éclatante vertu de leur braves aïeux"
- cependant, distinction de Don Rodrigue: placé à la fin du vers "que font auprès de toi Don Sanche et Don Rodrigue" (donc sous l'accent = plus d'importance)
- Don Sanche disparaît complètement du discours du père (son nom n'est même pas cité) pour valoriser Don Rodrigue: sa valeur cependant tient essentiellement à la valeur passée du père qui occupe presque la moitié du discours du père de Chimène.
- assonnance en en vers 16 à 19: "penche", "indifférence", "n'enfle", "espérance", "attend": mise en valeur des mots en opposition à la rime "espérance"/ "indifférence" qui symbolise la différence entre les deux amants.
= les points de vue de Chimène et de son père convergent: Don Sanche est dans l'ombre de Don Rodrigue.

La comparaison entre le père de Chimène et le père de Rodrigue.
Éloge paradoxal du père de Rodrigue: utilisation d'un lexique superlatif épique et élogieux: "lauriers", "exploits", "valeur", "sa force" mais pour mieux insister sur la vieillesse de celui-ci "en son temps", "tant qu'a duré sa force", "ses rides sur son front", "ce qu'il fut autrefois". C'est un faux éloge en fait.
Le même lexique est utilisé par Elvire pour désigner le père de Chimène: "sa rare vaillance", "comme ses hauts exploits", "il sera sans rival": le père de Chimène est le reflet du père de Rodrigue. Le père de Chimène apparaît comme le véritable héros de la pièce, même s'il est absent ici.
Cependant, le père de Chimène semble "obsédé" par le père de Rodrigue: il en parle plus que de Rodrigue lui-même. Cela suggère une inquiétude chez ce personnage qui montre contrairement à ce que prétend Elvire qu'il sent qu'il a un "rival" vis-à-vis du roi.
= le père de Rodrigue est dans l'ombre du père de Chimène.

La comparaison entre les pères et les enfants.
- Chimène et son père sont impatients: ils attendent une décision qui ne dépend pas d'eux. Chimène attend la décision de son père comme celui-ci attend la décision du roi. Vocabulaire de l'urgence: "dont l'heure pressait", "a tranché ce discours qu'a peine il commençait", "à ce peu de mots", "en hâte". Le père de Chimène "bâcle" l'avenir de sa fille, ne pensant qu'à sa propre ambition politique.
- cependant, son pessimisme contraste avec l'optimisme de son père qui est sûr d'être choisi par le roi: on peut penser qu'elle perçoit dans le discours de son père quelque chose qui ne la rassure pas (l'expression de son orgueil, de sa prétention, de son côté égocentrique qui n'ont font pas un personnage sympathique). Manque de lucidité du père (ainsi que d'Elvire) qui s'oppose à la prudence et à la sagesse de Chimène qui comprend que la soif de pouvoir de son père va compromettre son bonheur. Son père n'a rien de protecteur. Il apparaît comme un enfant capricieux et impatient d'avoir une récompense.
- allitération en r vers 16 à 20: "indifférence", "espérance", "sévère", "père" qui font résonner le mot "père" dans le texte, à la fois arbitre, mais aussi élément perturbateur du destin de sa fille.
- Rodrigue est présenté comme le digne héritier de son père: Rodrigue est dans l'ombre de son père.
= Mais, Chimène est-elle dans l'ombre de son père?

Le roi apparaît implicitement comme le personnage qui tire les ficelles de l'intrigue car toutes les actions dépendent de son choix.
Possibilité d'ouvrir sur l'importance de ce personnage dans les extraits futurs: il sera le père de remplacement de Chimène mais devra aussi jouer un double jeu artificiel comme Chimène.
Ouvrir aussi sur la réécriture de cette scène après la version de 1637 (voir cours).

6. Le 04 janvier 2015, 14:41 par Mme Baudry

Lecture analytique 2 du Cid de Corneille : acte II, scène 8
Contrairement à la scène d'exposition, Chimène parle le plus: de longues tirades qui témoignent du changement du personnage.

Chimène est attachante: une victime qui demande justice.
Le spectateur compatit et peut avoir de la pitié pour Chimène: personnage pathétique.
- dans une position de soumission « je me jette à vos pieds » par rapport au roi qui utilise le mot « plainte » au vers 658 qui peut se comprendre à deux niveaux :
1) la plainte au sens juridique
2) la plainte au sens pathétique et lyrique : l'expression de la douleur face à la mort de son père.
- elle est très émue, elle laisse l'émotion parler à sa place : les mots ne sont pas assez forts pour exprimer son malheur : « la voix me manque à ce récit funeste, Mes pleurs et mes soupirs vous diront mieux le reste » : côté humain qui apparaît.
- beaucoup de répétitions qui peuvent montrer qu'elle est bouleversée : « Il a tué mon père », « mon père est mort », « enfin, mon père est mort » : phrases courtes et percutantes, très poignantes.
- personnage tragique et seul (pas de père, de mari, femme: c'est la seule femme sur scène. Elle n'est pas accompagnée d'Elvire. Elle est face au roi et à 5 hommes). Elle semble fragile et sa situation émeut le roi

  • il se montre solidaire face à elle : « je prends part à votre déplaisir , d'une égale douleur je sens mon âme atteinte » : le roi, double du spectateur sur scène, manifeste de l'empathie pour Chimène.
  • « Ton roi veut te servir de père » : le roi l'adopte et la protège. Réponse très humble et modeste de Chimène dans l'antithèse entre “honneur” et “misère” : « Sire, de trop d'honneur ma misère est suivie » car elle ne s'attarde pas sur cette distinction (qui la place au même rang de l'Infante...): elle continue son récit : « J'arrivai donc sans force ».

= l'émotion de Chimène lui donne de la noblesse, la grandeur d'un personnage tragique.
Cependant, dans quelle mesure cette émotion n'entre-t-elle pas dans une stratégie de persuasion : attirer la pitié du roi, c'est aussi le ramener dans son camp et influencer sa décision.

Mais, Chimène est aussi un personnage violent: le fait que Chimène se révèle "violente" détruit le charme de la femme qu'elle était à la scène 1.
Personnage qui demande qu'on venge la mort de son père.
- elle demande justice (terme répété plusieurs fois) mais elle est injuste; elle n'a pas été témoin du soufflet, donc elle n'est pas objective, elle fait passer son père pour une victime alors que c'est lui qui a lancé les hostilités.
- elle devient le double de son père et hérite de son orgueil: elle en devient presque un personnage antipathique.
- solidarité père/fille: répétition de “sans”: “sans force”, “sans couleur”, “sans vie” qui mêlent les deux personnages; Chimène devient le porte-parole de son père: “pour se faire entendre au plus juste des rois/ par cette triste bouche, elle empruntait ma voix”. Chimène fait parler son père à travers sa bouche: une prosopopée: faire parler un mort. On a l'impression que c'est le père qui s'adresse directement au roi par la suite: “Sire, ne souffrez pas que votre puissance”

Une dramatisation de la mort du père: Chimène met en scène la mort de son père pour provoquer l'horreur.
- un discours exagéré: en utilisant le lexique du sang et de la mort, la scène est rendue plus tragique.
lexique du sang + anaphore répétée + personnification du sang “son sang sur la poussière écrivait mon devoir”, “fume encor de courroux”+ métonymie: le sang représente le père: “ce sang qui tant de fois garantit vos murailles”
respect de la règle de règle de bienséance: interdiction de montrer du sang sur scène. Mais, c'est Chimène, jeune fille sensée être pudique, qui fait le récit de la mort de son père: détails morbides, propres à impressionner les spectateurs et les spectateurs sur scène aussi (le roi et sa cour...)
- vers 15 à 17: anaphore de "ce sang" qui représente le choc vécu par Chimène et l'obsession morbide de ce "sang": effet de dramatisation qui donne une peinture exagérée et horrible de la mort (“gros bouillons”). Chimène met en scène la mort de son père en nous la montrant en imagination: une hypotypose. Violence du propos parallèle à la violence de la scène. Cette anaphore donne une puissance tragique à la tirade.
= Chimène = concentré d'émotions contradictoires : amour, haine, envie de vengeance, tristesse.

Chimène, un personnage qui utilise bien la parole, qui est éloquent. Un discours argumentatif.
Elle se doit d'être persuasive face à son adversaire Don Diègue car elle demande justice: on est dans une sorte de tribunal.
Le Roi est toujours au centre de sa parole: c'est le destinataire principal car c'est le juge.
- en début de vers très souvent: “sire, sire, justice” par exemple
- répétition: “non à moi, mais à votre couronne, mais à votre grandeur, mais à votre personne”: mise en avant du pronom possessif et du pronom personnel “vous”: “vous perdez en la mort”: placé en début de vers et donc sous l'accent.
- éloge du roi avec le superlatif “au plus juste des rois”

Les arguments de Chimène pour obtenir la tête de Rodrigue:
- v. 13: "Sire, mon père est mort, mes yeux ont vu son sang": "sire", "mort", "sang" accentués. + allitération en r vers 40 "brave", "mémoire", "guerrier", "mort": le décès du père de Chimène est mis en avant pour montrer au roi ce qu'il a perdu: un homme brave, un guerrier et un héros épqiue au service de l'Etat (champ lexical de la guerre). Elle fait l'éloge funèbre de son père.
- au contraire du héros vertueux qu'était son père, Rodrigue apparaît comme un jeune insolent, fourbe qui brave l'autorité du roi en tuant par un duel, pratique interdite: elle veut faire passer Rodrigue pour un rebelle:
“jeune audacieux” répété deux fois + diérèse.
Lexique de l'impunité: “une telle licence”, “témérité”, “impunité”: Rodrigue brave l'autorité du roi par ce meurtre et sape la puissance royale. C'est donc un ennemi public selon Chimène.
- lexique de l'autorité royale mise à mal si Rodrigue n'est pas puni: Chimène transforme l'assassinat de son père en crime de lèse-majesté: “un si haut attentat”
- vers 40 à 43: allitération en v: "brave", "vaillant", "vient", "ravir", "vengé", "servir": des termes lourds et réfléchis qui mettent en valeur le passé glorieux du père, un héros épique qui s'oppose au "jeune audacieux" souligné par la diérèse sur "audacieux" qui montre que Rodrigue n'a pas respecté les règles et n'a pas de valeur morale contrairement à son père.
- v. 42: "Eteint s'il n'est vengé l'ardeur de vous servir": "Eteint", "vengé", "servir" mis sous l'accent. Chimène met en relation la mort de son père avec le respect du pouvoir du roi. Si la mort du père n'est pas vengée, la toute-puissance du monarque est morte et discréditée. Elle assimile donc implicitement son père à l'autorité du monarque: père mort sans vengeance = pouvoir du roi mort/ mort du père vengée = pouvoir du monarque respecté.
= Chimène respecte bien les étapes d'un discours argumentatif: elle énumère les raisons qui doivent influencer le roi, elle utilise beaucoup de figures de style d'exagération pour l'émouvoir. Son discours est manipulateur. Elle fait directement sa demande à la fin de sa tirade avec des impératifs: “vengez”, “immolez”: c'est une péroraison.

Le problème de la sincérité des personnages.
Le roi: "vous parlerez après laissez entendre sa plainte" : comme si c'était un passage obligé, une sorte de code mais on sent que c'est un peu artificiel: le roi la méprise? Veut-il s'en débarrasser? "ton roi le veut servir de père au lieu de lui" : le roi ne veut pas se débarrasser de Rodrigue mais il veut clore l'affaire et se "débarrasser" de Chimène?

Chimène: le spectateur ne doit pas oublier qu'elle est toujours amoureuse de Rodrigue. D'ailleurs la répétition de “jeune audacieux” semble très “douce” en comparaison avec la rage que peut exprimer le personnage. Dans quelle mesure Chimène ne veut-elle pas se persuader elle-même par la violence de son discours qu'elle doit haïr Rodrigue? Elle semble presque “surjouer” la haine...

Conclusion: Comment jouer un personnage qui ne croit pas en ce qu'il dit ? Problème de mise en scène
Ouvrir sur la mise en scène de Thomas Le Douarec.

7. Le 11 janvier 2015, 14:56 par Mme Baudry

Document complémentaire: les notes de mise en scène des élèves sur le "va je ne te hais point" à la manière de Jean-Louis BARRAULT.

Notes de mise en scène à la manière de Jean-Louis Barrault. (lecture analytique 3: "Va, je ne te hais point").

  • Jean-Louis Barrault ?

    • 1910-1994, comédien (cinéma : les enfants du paradis), metteur en scène et directeur de théâtre (l’Odéon pendant 10 ans)

    • sa femme : Madeleine Renaud, comédienne : Winnie dans Oh les beaux jours.

    • Met en scène plus 70 pièces dont Phèdre en 1942. Sa conception de la représentation marque la mise en scène moderne.

  • œuvre :Mise en scène de Phèdre a été publié en 1946, suite à la représentation de Phèdre mise en scène par Barrault en 1942. Barrault rajoute des didascalies au texte de Racine : les deux textes se font face, reliés par des chiffres qui correspondent aux notes du metteur en scène

"Ma Chimène, crois-moi, c'est n'y répondre pas"
Ici, Don Rodrigue se rapproche de Chimène, qui est dos à lui. Il avance d'un pas hésitant, malgré son désir d'être plus près d'elle. De plus en plus proche d'elle, il lui met la main sur son épaule, comme un signe de compassion même si le crime a été commis par cette même main. Chacun de ces gestes semble tout de même hésitant.

"Cruel! À quel propos sur ce point t'obstiner?"
Chimène, remplie de colère, hausse le ton. D'un geste brusque, elle retire la main de Rodrigue. Elle se retourne et regarde Rodrigue, ses yeux laissent échapper un mélange de haine et d'amour.

Chimène est révoltée: elle hausse la voix pour répondre à une sorte d'affront que lui fait Don Rodrigue: elle reste forte et fière. Elle se vengera toute seule par fierté même si c'est l'homme qu'elle aime.

Chimène lance un regard froid qui traduit son agacement ainsi que sa haine. Elle considère Rodrigue comme un ennemi: elle est son adversaire mais ce n'est pas elle qui le videra de son sang. Son amour envers cet homme est intense. Son coeur est partagé entre deux sentiments: l'amour et la haine. Elle ne peut donc pas le faire disparaître elle-même.

Tout en Rodrigue l'attire et cette attirance aimante Rodrigue qui s'avance d'un pas. Mais, tout en lui la répugne: il a tué son sang, elle recule, elle met une distance. Cependant, elle le veut: elle veut son corps, son âme, ses bras, son coeur, sa tête, son sang, elle souhaite sa vengance.

"Ton malheureux amant aura bien moins de peine/ A mourir par ta main , qu'à vivre avec ta haine":
Rodrigue s'avance vers elle, d'une façon autoritaire. Il saisit ses bras et cherche son regard mais elle le fuit, sans pour autant parvenir à lui opposer une quelconque résistance si ce n'est ne pas lui accorder l'attention de son regard qui est toujours figé au sol. Il lui ordonne presque de le haïr pour se rendre compte que cela lui ait impossible.

" Va, je ne te hais point"
Soudainement et brutalement, elle se détache de son emprise, comme pour lui prouver qu'elle est encore une femme forte et digne. Elle ne peut le haïr mais ne va pas succomber pour autant.

L'air est tout humide des pensées de Chimène. Elle se retourne brusquement, elle se perd dans les yeux de son amant, elle est tremblante. Ses yeux sont humides et la paume de ses mains est moite. Elle observe tous les traits du visage de son amant, complétement perdu et envouté à la fois.

La voix tremblante, elle avance sur le devant de la scène. Sa tête est baissée, les paroles sont murmurées. Elle lance un rapide regard aux coulisses, elle ne semble pas avoir vraiment envie que Rodrigue s'en aille.

Chimène se détourne une seconde fois, cependant, cerre fois-ci son visage et son attitude expriment la tristesse, le désespoir. Pour exprimer sa réplique, elle plonge son regard dans celui de Rodrigue et s'exprime d'une voix faible, douce et claire.

"Crains-tu si peu le blâme et si peu les faux bruits?"
Rodrigue emporté par son amour débordant veut à tout prix sauver l'honneur de Chimène. Il est coupable en ayant fait couler le sang du père de sa bien aimée et souhaite que Chimène fasse désormais couler le sien. Il avance vers elle d'une allure convaincue et, impuissant, tente tant bien que mal de convaincre Chimène qu'elle doit venger son père.

Conclusions:
- forte intensité dramatique et émotionnelle du passage: un concentré d'émotions complexes et contradictoires
- sensualité des corps: l'attirance peut s'exprimer par la langage du corps des acteurs.
- Rodrigue peut être considéré comme une menace pour Chimène, femme humiliée, à cause de l'intrusion de son amant dans un contexte intime de deuil. Celui-ci, lui dicte de surcroît, son devoir. Rodrigue: un ennemi, un adversaire envers lequel elle ressent de la haine.
- il y a un rapport de force dans cette scène: qui va soumettre l'autre? Rodrigue est "autoritaire", comme l'était le comte d'ailleur de son vivant: il veut la faire fléchir. Chimène, de son côté, veut sa vengeance et faire plier Rodrigue de même en choisissant sa mort.
- dans ce bras de fer, Chimène peut avoir deux rôles possibles exprimés différemment dans le fameux "Va, je ne te hais point"

  • un aveu de soumission et de défaite: elle cède en avouant son amour, qui est un aveu de faiblesse. Son amour est plus fort que son sens du devoir alors que Rodrigue, lui, a su sacrifier son amour. Elle est moins forte que Rodrigue qui est son vainqueur.
  • au contraire, c'est une parole de dignité, de résistance et de liberté: elle se détache de l'emprise de Rodrigue en lui désobéissant. C'est une femme forte et digne et son aveu peut s'interpréter comme un défi s'il est dit face public. Les spectateurs peuvent être choqués par ce non-respect des bienséances: l'émancipation de cette jeune femme.
8. Le 19 janvier 2015, 18:02 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Première rencontre entre les amants de la pièce.

1) Un passage qui a suscité des applaudissements: des personnages pathétiques: deux personnages qui s'avouent leur amour au moment de leur séparation.

* des antithèses: par ex, "amour" (Rodrigue)/ "misères" (Chimène) qui rime avec "pères", cause de la séparation des amants

* lexique de l'amour et de la haine mêlé: l'amour est la cause de la souffrance. Crescendo dans le lexique de l'amour: litote "Va, je ne te hais point" (pudeur de Chimène qui avoue son amour par une négation), puis aveu plus direct: "que je t'adore", "que je l'aime".

La haine est dictée par la vengeance et le devoir: "ma colère", "ta haine", "je ferai mon possible à bien venger mon père" mais c'est le lexique de l'amour qui domine. La haine sert à exprimer paradoxalement le sentiment amoureux pour Chimène: "va, je ne te hais point"

* des personnages pathétiques: lexique de la souffrance (voir dernier vers) avec des intensifs "que de maux et des pleurs" et de la ponctuation expressive "Ah! Mortelles douleurs!": beaucoup d'hyperboles en écho. Une scène de lamentations.

* une succession de contradictions qui empêche la progression du dialogue et l'action de se faire: par ex, "mon unique souhait est de ne rien pouvoir" ou l'oxymore "mourante vie", le chiasme "à mourir par ta main qu'à vivre avec ta haine". Amour impossible.

Un mélange entre la mort et la vie quasi constant dans ce dialogue: "de ne respirer pas un moment après toi"...les personnage sont piégés et semblent impuissants car partagés entre leur devoir et leurs sentiments. Sont dans une impasse.

* une scène de séparation "Adieu" répété plusieurs fois + impératif "va-t-en". Mais, aucun perso ne s'exécute. Une stagnation du dialogue.

Forte intensité dramatique et émotionnelle du passage: un concentré d'émotions complexes et contradictoires. Le spectateur peut "vibrer" à cette scène et s'identifier aux personnages.

Une écriture très poétique et lyrique qui a pu plaire:

* Un duo lyrique: beaucoup de parallélismes de construction "Ô miracle d'amour! Ô comble de misères!": répétition des interjections (le "Ô" lyrique)

* métaphore traditionnelle du feu pour désigner la passion "flamme dure", "des feux si beaux" qui s'oppose à la métaphore du bateau "si près du port...": originalité du style

* l'analyse de "va, je ne te hais point": simplicité, et densité.

Un passage poignant et émouvant. Un passage plein de sensibilité, de tendresse et de pitié qui doit procurer du plaisir au spectateur.

2) Un passage qui a provoqué le scandale: immoralité de cette scène.

* Rodrigue dans la transgression des rituels et des convenances (bienséances)

- du deuil: entre dans la maison du mort, ne respecte pas l'intimité de Chimène. C'est proche de la profanation.

- de l'amour: oblige Chimène à respecter son devoir avec des impératifs: "punis-moi", "force-les", "sauve" ou par des obligations "tu le dois" ou le rappel de la bienséance: "crains-tu si peu le blâme et si peu les faux bruits". Il cherche à lui imposer le même devoir que lui.

Mais, on peut aussi penser qu'il veut la faire fléchir en exerçant une sorte de pression pour obtenir un aveu d'amour.

Il y a un rapport de force dans cette scène: qui va soumettre l'autre? Rodrigue est "autoritaire", comme l'était le comte d'ailleur de son vivant.

Ordres de Chimène non respectés: impératif "va-t-en" répété plusieurs fois. Mais Rodrigue ne sort pas.

Rordigue hypocrite: ne pense pas que Chimène va le tuer (invraisemblance): une jeune fille ne peut pas tuer un homme dans la maison de son père assassiné! Il utilise le prétexte de demander sa mort à Chimène pour pouvoir lui parler.

C'est une forme d'humiliation de Chimène.

* Chimène: une femme qui avoue ses sentiments, qui choisit son amour contre son honneur. Dans ce bras de fer, Chimène peut avoir deux rôles possibles exprimés différemment dans le fameux "Va, je ne te hais point"

* un aveu de soumission et de défaite: elle cède en avouant son amour, qui est un aveu de faiblesse. Son amour est plus fort que son sens du devoir alors que Rodrigue, lui, a su sacrifier son amour. Elle est moins forte que Rodrigue qui est son vainqueur.

* au contraire, c'est une parole de dignité, de résistance et de liberté: elle se détache de l'emprise de Rodrigue en lui désobéissant. C'est une femme forte et digne et son aveu peut s'interpréter comme un défi s'il est dit face public. Les spectateurs peuvent être choqués par ce non-respect des bienséances: l'émancipation de cette jeune femme.

Conclusion: les arguments des participants de la querelle du Cid (voir doc complémentaire) ou la mise en scène.

9. Le 28 janvier 2015, 15:06 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Lecture analytique 4.

Rodrigue victorieux des Maures. En pleine gloire.

Deux scènes: la première très courtes: seulement des hommes sur scène: mise en place du jeu/du piège. Puis, scène suivante, plus longue: Chimène est présente, accompagnée d'Elvire qui n'intervient pas.

* LE ROI: Dans quelle mesure ici le roi s'amuse ? Retrouve-t-il une forme de noblesse ? Son rôle est-il positif ? Dans quelle mesure cette scène montre-t-elle la duplicité du roi ?

- un personnage négatif? Don Fernand : manipulateur.

Le roi gêné par Chimène qui joue le rôle de trouble-fête: elle n'est pas la bienvenue et empêche la juste consécration du héros Rodrigue: "la fâcheuse nouvelle et l'importun devoir": deux adjectifs péjoratifs + paradoxe: "Pour tous remerciements, il faut que je te chasse": le roi s'excuse auprès de Rodrigue qu'il voudrait combler d'honneurs après sa victoire: "que ton roi t'embrasse": geste symbolique fort: une "adoption" symbolique en concurrence avec l'adoption de Chimène après la mort de son père. On remarque donc que l'adoption de Chimène n'était des paroles en l'air. Roi influençable: il accorde ses grâces selon les circonstances.

Rodrigue reste muet pendant la scène: on peut aussi s'interroger sur le rôle de ce personnage qui ne défend pas Chimène.

- le roi prend le parti de Rodrigue alors qu'il compatissait aux malheurs de Chimène.

* il s'adresse à Don Diègue, père de Rodrigue, par deux fois: complicité entre les deux personnages: aparté: "A Don Diègue: voyez comme déjà sa couleur est changée".

* Impression que le roi légitime le meurtre du père de Chimène en disant que c'était l'agresseur. Pour le roi, Rodrigue a rétabli la justice: "On a tué ton père, il était l'agresseur": le père de Chimène devient coupable + le nom de Rodrigue est gommé par un "on" impersonnel. L'articulation logique "[mais], il était l'agresseur" disparaît également.

- Le roi laisse parler les personnages: c'est le metteur en scène du passage:

- il donne d'abord des ordres avec des impératifs: "montrez un oeil plus triste", "soyez contente", "rendez grâce", "voyez comme déjà", "calme", "consulte": il maîtrise le jeu. "Je vais l'éprouver": fait passer une épreuve à Chimène alors qu'elle est encore en deuil: une forme de cruauté.

- cependant, le lecteur attendrait qu'il soit plus autoritaire et qu'il prenne une décision, or, il laisse parler les autres personnages. Chimène parle le plus dans ce passage: il la laisse se démasquer elle-même.

Le roi semble hypocrite, il se sert de l'amour que Chimène éprouve pour ne pas tuer Rodrigue, sans rendre la justice lui-même, sans s'engager personnellement.

= Evolution du personnage du roi: avant, il compatissait au sort de Chimène, maintenant il en joue, tandis que l'honneur de Rodrigue est important: il faut le conserver.

= Son jugement est soumis aux événements. La victoire de Rodrigue a fait changer son point de vue sur Chimène: cela discrédite l'image du roi. Il est versatile.

- un personnage positif?

- Le roi retrouve une noblesse dans ce passage grâce à sa ruse : il veut démasquer les personnages ( faire la lumière sur les sentiments de Chimène et rétablir la vérité ): le roi veut arranger et presser le dénouement. Une vraie volonté de réconciliation. Rôle protecteur du roi:

* désignation affective "ma fille" (rappel de l'adoption)

* à la rime, alliance: "ton roi", "pour toi"

* fait passer le mariage avec Rodrigue comme une faveur et un privilège: "un tel amant pour toi": sous entend que Chimène ne mériterait presque plus de se marier avec un héros tel que Rodrigue.

= mais, dans quelle mesure ne veut-il pas amadouer Chimène en la rendant inoffensive et en domptant sa colère?

- But du roi ? : que Chimène laisse ses sentiments amoureux prendre le dessus, et que sa haine s'atténue. Mais si elle l'avoue, elle se déshonore, car elle avouerait ses sentiments devant la cour. Elle abandonnerait son devoir par rapport à son père. Cependant, le roi fait entendre la voix de la raison et de la sagesse:

* lexique de la justice: "la justice", "balance", "équité", "accuser"

* il s'exprime avec le présent de vérité générale et le pronom "on": "quand on rend la justice on met tout en balance": une parole de sage, qui réfléchit

- le roi réagit avec prudence et distance: il ne s'emporte pas

* Don Rodrigue est mis au même rang que le roi par Chimène: "nous fait suivre son char au milieu de deux rois" mais Don Fernand ne réagit pas à la provocation: le vrai roi ne cherche pas à défendre sa place, il ne réagit pas à la réplique qui désigne les deux rois : Rodrigue et le vrai roi alors que cela fait de Rodrigue un concurrent et un rival.

* il conteste les émotions excessives de Chimène, qui sort de son rôle: "Ma fille, ces transports ont trop de violence": rappel des bienséances par l'intermédiaire du roi: l'intensif "trop" critique les emportements de Chimène

* en fin de vers, opposition entre "violence" et "douceur": inversion des rôles traditionnels: la violence est ici la caractéristique de la jeune fille Chimène tandisque que la douceur est l'attribut du roi. Chimène ne respecte pas les bienséances: elle devrait être plus douce. Elle se déshonore en se laissant aller à la colère en public. Le roi lui donne une leçon de morale devant tout le monde: Chimène doit accepter la domination de son roi et de Rodrigue qui est son "maître".


* CHIMENE

- La scène 4 est la plus dérangeante parce que les personnages mentent à Chimène pour qu'elle dévoile son vrai visage. C'est la situation de Chimène qui est dérangeante et non Chimène elle-même:

* elle est seule face aux hommes: tout le monde s'allie contre elle. Elle paraît seule contre tous = le lecteur peut penser que c'est lâche, surtout pour un roi.

* victime, elle subit une situation qu'elle n'a pas voulue: elle s'évanouit devant tout le monde "voyez comme déjà sa couleur est changée", "elle pâme", "cette pâmoison". Aucune aide apportée. Faiblesse physique qui annonce sa défaite.

* elle semble le jouet non seulement du roi mais aussi d'une cour composée d'hommes: son émotion semble être un diverstissement: "admirez l'effet". L'émotion de Chimène devient un spectacle

= c'est une proie facile!

- personnage pathétique: elle ne sait pas comment se défendre, elle est maladroite et son discours ne convainc personne. Personne ne l'écoute et toute son éloquence ne sert plus à rien:

* elle montre ses émotions: beaucoup de ponctuation expressive "Quoi! Rodrigue est donc mort?", "Hélas! À quel espoir me laissé-je emporter!"

* elle a des arguments contradictoires:

- elle justifie d'abord son évanouissement par la plaisir qu'elle a eu à la nouvelle de la mort de Rodrigue :"joie", "excès de plaisirs", "languissants"

- ensuite, elle dit le contraire: "un juste déplaisir" vers 28 qui s'oppose à "excès de plaisir" vers 22: la mort de Rodrigue l'aurait rendue malheureuse car cela l'aurait empêchée de se venger. Le fait qu'il soit encore en vie au contraire rend sa vengeance encore plus éclatante car Rodrigue est au sommet de sa gloire.

* elle se répète: beaucoup d'anaphores: "non pas", "qu'il meure", "que son nom", des parallélismes "mais noble, mais fameuse"

* des hyperboles "le chef au lieu des fleurs couronné de lauriers", des antithèses: "non pas sur un lit d'honneur mais sur un échafaud": un discours exagéré pour tenter de ne pas perdre la face.

= elle utilise ses qualités d'orateur encore une fois pour tenter de se justifier.

- Mais, Chimène se rend compte qu'elle est impuissante:

* personnage pathétique: interjection "Hélas! "plainte et lamentations + "larmes qu'on méprise": le discours d'un personnage humilié

* cependant, elle ne s'avoue pas vaincue:

Provocation de Chimène qui ne se laisse pas faire: elle est attaquée de toute part, mais elle ne désarme pas. A été humiliée et cela renforce son orgueil: elle critique le roi:

- fait de Rodrigue le rival du roi: pronom "il" (= Rodrigue) en debut de vers: "Pour lui", "Il triomphe de moi": Rodrigue est devenu le maître. Il fait tout ce qu'il veut: "là, sous votre pouvoir, tout lui devient permis".

- le roi n'est pas juste selon elle: "la justice etouffée", "le mépris des lois". Répétition du mot "mépris": "des larmes qu'on méprise", "mépris des lois": Chimène représente la loi et la justice baffouée. Elle représente une forme de résistance.

- dernièrs vers: allitération en [m]: "moi", "mon ennemi", "ma", "mes", "mon", "me croit", "m'écoutant": mise en avant du pronom de la première personnel à travers les adjectifs possessifs: dernier sursaut d'orgueil, elle est scandalisée par ce que vient de dire le roi. Elle ne peut compter que sur elle-même. Isolement de Chimène et fragilité de ce personnage. Mais essaie de se battre pour venger son honneur: elle devient une héroïne tragique ici.

= but des personnages de la pièce: faire taire Chimène.

Conclusion sur la mise en scène.

 


 

10. Le 28 janvier 2015, 15:53 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Bilan: les tensions internes au personnage de Chimène. (LA = lecture analytique)

C'est autour de ce personnage, entre autre, que se cristallise la querelle du Cid.

Elle est à la fois émouvante et repoussante, elle choque et elle attendrit: pourquoi?

- elle est à la fois pudique, douce voire passive (LA1: elle attend tout du récit d'Elivre et semble très angoissée) puis violente, emportée (LA2: un dircours dominé par la thématique du sang, du morbide et de la vengeance, LA4: le roi lui conseille de modérer sa violence). Elle ne respecte plus les bienséances et a pu choquer le public de l'époque.

- elle est à la fois prudente (LA1: elle devine le malheur à venir et a conscience que son bonheur est fragile) et à la fois imprudente (LA3: elle avoue son amour à l'assassin de son père, elle n'a pas peur des rumeurs; LA4: elle critique le roi, elle fait figure d'ennemi puisqu'elle veut la tête du héros Rodrigue: elle apparaît comme une résistante).

- elle donne des leçons au roi: il devrait punir Rodrigue qui empiète sur son pouvoir (LA2 et 4), mais elle reçoit aussi des leçons (LA3: Rodrigue lui dit qu'il faut qu'elle respecte son honneur comme lui a pu le faire, LA4: elle ne doit pas se mentir à elle-même et elle doit se calmer).

- elle est discète, quasi muette (LA1: elle parle beaucoup moins qu'Elvire) mais aussi très éloquente quand on l'écoute et qu'on la laisse parler (LA2: le roi écoute sa plainte et elle sait très bien utiliser le langage pour l'émouvoir). A la fin du texte, au contraire, on veut la faire taire et on ne l'écoute plus (LA4)

- elle est sincère quand elle avoue son amour dans le cadre intime (LA3: elle est à l'unisson avec Rodrigue) mais elle joue un rôle quand elle doit défendre son honneur face à la cour, publiquement (LA2 et 4: faux semblant dévoilé par la roi), elle devient rusée. Elle joue un rôle comme le roi: celui-ci est obligé de protéger Chimène, orpheline, mais il veut aussi la réduire au silence pour favoriser et protéger Rodrigue.

= Chimène est très souvent à contre-courant des autres personnages: elle est malheureuse quand elle devrait se réjouir (LA1), elle est fidèle à son père contre tous (LA4), elle affirme son amour quand il faudrait qu'elle se venge (LA3).

- elle est fidèle à son père (LA2) et elle est fidèle à Rodrigue (LA3), ce qui est incompatible.

- elle est libre (elle choisit l'amour LA3) et soumise, dépendante (au souvenir de son père LA2, à son roi LA4, à Rodrigue LA3, à Elvire LA1)

- elle est heureuse et malheureuse: tous les textes. C'est un personnage tragique puisqu'il n'y a pas d'issue pour elle. Elle doit accepter son destin quoiqu'il arrive: elle subira quelque chose.

11. Le 01 avril 2015, 18:56 par mme baudry

Lecture analytique 1 Pascal « grandeur », « contrariétés », « transition »: http://blog.crdp-versailles.fr/lecturelaurencin/index.php/post/05/02/2015/Pascal%2C-Pens%C3%A9es-%28le-roseau-pensant%29%3A-lecture-analytique-1#comments

I. Un discours logique, ferme et rigoureux ?

a. Un raisonnement condensé et concis.
des connecteurs logiques :: « donc », « mais » très souvent présent dans le texte.
des syllogismes
(http://www.larousse.fr/dictionnaire...)

par exemple fragment 130 :

l’homme est un roseau, plus faible que l’univers
or, l’homme le sait tandis que l’univers ne connaît pas sa supériorité
donc, notre force réside dans la pensée
système hypothétique : « s'il se vante, je l'abaisse/ S'il s'abaisse, je le vante »
une définition de l’homme : article défini « l'homme », répétition de « l’homme », verbe d’état « être », présent de vérité générale : « l'homme n'est qu'un roseau pensant »
→ C’est le discours d’un moraliste qui s’adresse directement au lecteur (pronom « nous » et impératif) pour lui indiquer une ligne de conduite
→ Un ton qui s’impose, tranchant et catégorique : un art de la formule qui en impose : Pascal cherche à convaincre son lecteur en faisant appel à sa réflexion pour comprendre ses raisonnements et donc à sa pensée, prouvant ainsi sa dignité.

b. cependant, des indices qui montrent une émotion
beaucoup de questions rhétoriques
dernier fragment « m’effraie » → angoisse, implication personnelle. Le pronom « je » a un statut différent :
fragment 113 : valeur généralisante
fragment 130 : le moraliste
fragment 201 : Pascal lui-même : la confidence intime
des effets poétiques : rythme, allitérations, métaphore : « Le silence de ces espaces infinis m'effraie », « L'homme n'est qu'un roseau pensant ». Pascal a pu s'inspirer aussi de la fable de la Fontaine « Le chêne et le roseau ».
→ Pascal cherche aussi à persuader son lecteur en créant en lui une inquiétude existentielle.
→ Pascal : un poète, selon Jean Mesnard (faire allusion au document complémentaire).

II. L’énigme de l’homme : un être complexe, mélange de grandeur et de misère. Un phénomène déconcertant alors que c’est un sujet banal pour chacun d’entre nous

a. La misère de l’homme
métaphore du roseau, négation restrictive : « L'homme n'est qu'un roseau », superlatif : « le plus faible de la nature » → une leçon d’humilité pour le lecteur
lexique de la vulnérabilité, comparaison « comme un point », hyperbole, lexique de la destruction → l’univers semble hostile, menaçant et tout-puissant (il est d’ailleurs personnifié), en position sujet ≠ homme : COD : « une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer »
→ Dramatisation avec des termes hyperboliques pour frapper l’imagination du lecteur : répétition du verbe « écraser »
fragilité, malheur et solitude de l'Homme sans Dieu: le fragment 201 sonne comme un cri de désespoir. Pessimisme de Pascal janséniste. Pascal penseur tragique.

b. la grandeur de l’homme
sa grandeur vient de sa faculté de penser, activité de l’esprit : lexique de l’intelligence, lexique de la fierté et de la supériorité.
Paradoxe : la prise de conscience de son malheur fait de lui sa supériorité
Par rapport à l’arbre, à l’univers (la nature) : négations l. 22 et 5-6. supériorité physique de l’univers/ supériorité morale de l’homme.
Redevient sujet « il sait qu'il meurt »
→ Cependant, cette intelligence ne le rend pas plus heureux : il sait qu’il n’est rien (voir fragment 201)

c. L’homme : un entre-deux entre grandeur et misère: dualité de l'homme.
une série d’antithèses : lexique dévalorisant : « rebut »  et valorisant « gloire », un éloge et un blâme. Un discours violent et polémique (animalisation proche de l’insulte et de l’humiliation: le ver de terre). Pourtant, rythme binaire : un équilibre dans l’écriture alors que profond déséquilibre de la nature humaine
l’homme devient un sujet d’étonnement et de questionnement : lexique de l’étrangeté (= une impasse pour Pascal : « quelle nouveauté, quel monstre, quel sujet de contradictions, quel prodige ? ») et hyperbole ≠ sujet banal.

Conclusion : ouvrir sur le texte de Jean Mesnard ou sur l'opposition avec Voltaire.

12. Le 01 avril 2015, 19:08 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Lecture analytique 2 : « Disproportion de l’homme » Pascal.

  1. Pascal nous invite à faire une expérience

    1. Une expérience scientifique orchestrée par l’auteur.

  • Les marques de l’injonction (ordre): « que l’homme contemple » l. 1, « qu’il éloigne » l. 2 etc.

  • Pascal s’adresse aux lecteurs : pronom « nous » l. 8-9, le pronom « je » : interventions de l’auteur qui nous guide dans sa démonstration → témoigne de sa détermination à nous convaincre : répétition de « je veux » l. 23-24

  • Un vocabulaire scientifique : « centre », « circonférence » l. 10 (géométrie), « atome » l. 25 (chimie), « sang », « veines », « humeurs », « gouttes » l. 20 (biologie), « astres » l. 4 (astronomie), une progression rigoureuse : connecteurs logiques : « donc » l. 1, « mais » l. 6, « enfin » l. 11, « car » l. 30, « car enfin » l. 36. Psacal, un savant (voir Jean Mesnard)

→ un registre didactique : l’auteur veut enseigner quelque chose au lecteur. Il va utiliser tous les moyens pour se faire comprendre dont la répétition : « vaste tour » par exemple l. 4, et un exemple concret : le ciron.

    1. la démarche proposée

Trois temps :

  • l’observation : « qu’il regarde » l. 2, « qu’il recherche » l. 17 : la démarche du savant. Champ lexical de la vue : « notre vue » l. 6, « visible » l. 27

  • l’imagination : connecteurs de lieu : « mais si notre vue s’arrête là, que l’imagination passe outre » l. 6, « au-delà des espaces imaginables » l. 9, « notre imagination se perde dans cette pensée » l. 11

  • la méditation, la réflexion personnelle, le retour sur soi, voire le rêve « qu’il se perde dans ces merveilles » l. 30, « revenu à soi, considère » l. 13

Des degrés successifs, une progression intellectuelle par paliers.

  1. Il fait un parallèle entre l’infiniment grand et l’infiniment petit

    1. l’infiniment grand

  • champ lexical de la grandeur : « ample sein » l. 8, « sphère infinie » l. 10, « l’univers » l. 15, « vaste tour » l. 4

  • vocabulaire de l’astronomie et des astres : le soleil : métaphore « éclatante lumière » l. 2, comparaison « comme une lampe éternelle »l. 3, « terre » l. 3, « astres » l. 5, « firmament » l. 5.

Une gradation ascendante : on passe du visible à l’invisible, de la terre, au soleil puis au firmament et enfin à l’infini.

    1. l’infiniment petit

  • champ lexical de la petitesse : « petitesse » l. 18, 23, « raccourci d’atome » l. 25, superlatif « les choses les plus délicates » l. 18, « ciron » l. 18

  • divisions successives : répétition de la préposition « dans », un fractionnement sans fin

→ Passage du visible à l’invisible : gradation descendante.

    1. le parallélisme

  • cependant lexique de la petitesse présent au début également : comparaison « comme un point » l. 3, « une pointe très délicate » l. 5, « des atomes » l. 9

  • lexique de la grandeur pour désigner l’infiniment petit : devient comparable à l’infiniment grand : « immensité » l. 24, énumération l. 25, 26 :un univers en petit.

→ Jeu sur la différence des échelles.

  1. Il met l’accent sur la condition tragique de l’homme

    1. l’angoisse face à une telle situation.

  • la place de l’homme pose question : l. 16, 37

  • lexique de la peur : « s’effraiera », « tremblera » l. 34

  • sentiment de vertige : répétition du mot « abîme » l. 24, 34

  • situation inconfortable de l’homme, renvoyé à des images tantôt microscopiques, tantôt démesurées de lui-même : énumération l. 31. Une image très pessimiste de l’homme « incapable de voir le néant d’où il est tiré et l’infini où il est englouti »l. 40 : insistance sur ce double échec, pas d’issue possible. Pascal veut que le lecteur soit lucide face à sa condition tragique. Dramatisation.

    1. les limites de l’homme

  • Impuissance des capacités humaines à concevoir les deux infinis. Alors que l’univers est illimité, la pensée de l’homme est limitée. Négation restrictive l. 9, négation « nulle idée n’en approche » l. 8

  • Défaite des facultés humaines : hyperboles des adverbes : « infiniment éloigné de comprendre les extrêmes » l. 37, « invinciblement cachés dans un secret impénétrable » l. 38 : aveuglement de l’homme d’où leçon d’humilité.

  • Champ lexical de la stupéfaction : « s’étonne » l. 4, « aussi étonnant » l. 17, « ces merveilles », « étonnantes » l. 29, « merveilles » l. 35, « admiration ». L’homme doit renoncer à percer un mystère qui lui échappe : antithèse entre « curiosité » et « admiration » l. 35 et entre « contempler en silence » et « rechercher avec présomption » l. 36

paradoxe d’une démarche qui se présente comme scientifique et dont la conclusion est de renoncer à connaître. La quête du rationnelle est vaine, seul le silence religieux s’impose.

    1. les leçons du moraliste

  • Opposition entre l’homme et Dieu « toute-puissance » l. 11 : se retourner vers Dieu, discours apologétique. (voir séance d’introduction power point)

  • Relativité de l’homme qui se croit le centre du monde : métaphore : « égaré dans ce canton de la nature », « ce petit cachot » l. 14 en antithèse avec « univers »: homme prisonnier, renvoyé à sa médiocrité : un choc pour le lecteur ≠ Protagoras (penseur de l’Antiquité) : « l’homme est la mesure de toute chose ». De même, époque de Galilée (héliocentrisme) : le monde n’est pas organisé en fonction de l’homme.

  • Condamnation de l’ambition : déconsidération des symboles du pouvoir : terre, ville, royaume l. 15. Ce qui nourrit habituellement l’ambition des hommes perd de son importance comparé à l’univers.

Conclusion :

  • un mélange de raisonnement structuré visant à convaincre et d’émotions (angoisse) visant à persuader le lecteur

  • parallèle avec le roseau pensant : ici, un texte non fragmentaire, moins énigmatique. Justifiez votre point de vue personnel sur votre texte préféré.

  • Ouvrir sur l'image que vous avez choisie pour représenter ce texte.http://blog.crdp-versailles.fr/lecturelaurencin/index.php/post/02/03/2015/Travail-sur-les-deux-infinis.#comments

Des sites qui peuvent vous aider :

http://www.bacdefrancais.net/pascal-deux-infinis.php

http://www.bacfrancais.com/bac_francais/379-pascal-pensees-les-deux-infinis.php

13. Le 01 avril 2015, 20:29 par mme baudry

http://blog.crdp-versailles.fr/lecturelaurencin/index.php/post/14/02/2015/Microm%C3%A9gas-de-Voltaire.-Premi%C3%A8re-ES2.

http://blog.crdp-versailles.fr/lecturelaurencin/index.php/post/29/09/2011/1%C3%A8re-S-6%3A-lecture-cursive-de-la-premi%C3%A8re-s%C3%A9quence%3A-Microm%C3%A9gas-de-Voltaire.

http://blog.crdp-versailles.fr/lecturelaurencin/index.php/post/21/09/2011/1%C3%A8re-ES-2-et-1%C3%A8re-S-6%3A-lecture-cursive-de-la-premi%C3%A8re-s%C3%A9quence%3A-Microm%C3%A9gas-de-Voltaire.

Un dialogue animé et amusant

un texte envahi par le dialogue : donne un aspect vivant et réaliste au texte, plaît au lecteur.
Pronoms : je/ vous + temps du discours : présent d’énonciation l. 5= aspect théâtral du texte qui pourrait être joué.
Cependant, un discours qui peut paraître parfois inutile et une perte de temps, discrédité par Voltaire : antiphrase ironique « fort ingénieux » en antithèse avec « incertains » : + connotation péjorative de « raisonnements » qui conduisent à la lassitude ≠ « faits » jugés plus efficaces.
répartition à peu près égale de la parole alors que
Micromégas présenté comme supérieur « son excellence » l. 1
Micromégas montre de l’autorité : je veux/ je ne veux pas l. 8 : le secrétaire semble un courtisan, un inférieur alors que Micomégas réclame un interlocuteur à sa mesure.
des verbes de paroles
c’est Micromégas qui a l’initiative de la parole : pose des questions l. 23, 9
la désignation des personnages : le voyageur ≠ académicien, petit homme de saturne, secrétaire. Dévalorisation moqueuse (satire) du saturnien qui s'oppose à l'ouverture d’esprit de Micromégas, capacité d’écoute, sagesse et modestie.
la ponctuation expressive :
les points de suspension au début : Micromégas coupe la parole à son secrétaire
les points d’exclamation + interjection « eh ! », « hélas ! » « Ah ! »
au début : pour Micromégas qui s’agace du discours mondain et précieux du secrétaire
à la fin : plainte du secrétaire face à la brièveté de la vie.

Une référence moqueuse à L'entretien sur la pluralité des mondes de Fontenelle.
comparaison entre la nuit et la chevelure brune/ le jour et la chevelure blonde
Fontenelle : secrétaire de l’académie française et de l’académie des sciences. Ici, Voltaire en fait la satire. Il raille les comparaisons faciles de Fontenelle. Il en fait la satire.
Habile vulgarisateur pour un public mondain : propos précieux et ampoulé de comparaisons et de métaphores = public féminin, qui apprécie le beau langage. Ce n’est pas le cas de Micromégas.

II. un texte irréaliste mais qui rejoint des préoccupations universelles
a. le registre merveilleux du texte : un dialogue entre géants.
exagération des chiffres : le nombre de sens (72), (1000), la durée de vie (15000 ans)
une surenchère dans ces chiffres : on passe de 72 à 1000 l. 15 pour Micromégas : une gradation
le nom et l’origine des personnages extraterrestres : Micron (petit)/Mégas(grand), Saturne l. 23, Sirien l. 23 : fantaisie pour plaire au lecteur, lui fait percevoir un ailleurs imaginaire : plaisir du conte pour enfants

b. cependant, un sentiment d’insatisfaction très humain : ces géants nous ressemblent beaucoup !
champ lexical de la mélancolie et de l’insatisfaction «plaignons » l. 10 et 24, « trop bornés » l. 12, « ennuyer » l. 14
parallélisme : « je ne sais quel désir vague, je ne sais quelle inquiétude » l. 15 → frustration, mécontentement. Sentiment de finitude.
Antithèse surprenante : « avec nos 72 sens » / « nous sommes trop bornés » l. 11-12 : relativisme : les géants nous ressemblent : anthropomorphisme. → sentiment d’un manque, d’une imperfection universelle (emploi du pronom « on » l. 29 et présent de vérité générale « notre existence est un point »)

III. un texte qui fait réfléchir : une leçon de sagesse pour les lecteurs
a. se contenter de sa nature sans rêver de l’impossible : quelque soit de ses nombre de sens, on est mécontent de son sort, ce qui rend malheureux
parallélisme : fort au-dessus/ fort au-dessous l. 17, « plus de désirs que de vrais besoins, plus de besoins que de satisfaction » l. 19 : refus des limites de l’homme, s’agit d’accepter la condition humaine.
renoncer à l’idéal : « le pays où il ne manque rien » : le mythe de l’Eldorado, une utopie

b. sur la durée de l’existence
insistance sur la brièveté de la vie par rapport à l’éternité : antithèse et énumération « existence »/ »point » ; « durée »/ »un instant » ; « notre globe » / « un atome ».alors que vit 15000 ans, mêmes préoccupations que le lecteur
sentiment de vertige et de désarroi, d’être misérable dans cet infiniment grand : antithèse « goutte d’eau » et « océan immense » → solitude et leçon d’humilité.

= repose sur un mode burlesque la question de l’homme dans l’infini. Chaque homme, chaque lecteur : un micromégas, mélange de petitesse et de grandeur.
= rapport de voltaire avec Pascal : critique de Pascal au début de l’œuvre : son objectif est de démontrer l’existence de Dieu. Référence à la 25ème lettre philosophique (document complémentaire) : http://www.sculfort.fr/articles/eto...

14. Le 06 avril 2015, 16:08 par mme baudry

Autre proposition de plan (groupe Sarah, Alexis, Typhanie et Julie)
I. Une conversation entre géants
A. Des propos démesurés
hyperbole: "nous trouvons qu'avec nos soixante et douze sens" l. 14-15. Effet comique de décalage par rapport à nos 5 sens. Géants: une image de l'Homme déformé. Surprise du lecteur.
B. Aspect plaisant de ce dialogue
Un dialogue théâtral et vivant: beaucoup d'échanges questions/réponses. Micomégas coupe souvent la parole de son destinataire. De la ponctuation expressive: lecteur séduit par ce dialogue qui va l'amener à réfléchir sur sa condition.
C. Des géants au même stade que les humains
ils s'expriment comme nous et ont les mêmes préoccupations: comparaison "comme une goutte d'eau dans un océan immense": fait penser à la réflexion de Pascal sur l'Homme. Voltaire cherche-t-il à tourner en ridicule ce philosophe ou reprend-il sérieusement ses pensées sur la petitesse et l'infériorité des hommes par rapport à l'univers? Critique de la métaphysique http://www.larousse.fr/dictionnaire...
Le dialogue entre les deux géants tourne vite court: "Le Saturnien et le Sirien s'épuisèrent alors en conjectures": les "faits" semblent plus efficaces "il en fallut revenir aux faits" l. 25.

II. Une conversation entre savants.
A. une conversation qui porte sur la recherche de la connaissance: une quête du savoir.
conflit entre les deux personnages: le saturnien cherche à plaire à Micomégas en multipliant les comparaisons ridicule fondées sur la personnification de la nature "une assemblée de brunes et de blondes". réponse de Micomégas par l'antithèse: "Je ne veux point qu'on me plaise, je veux qu'on m'instruise" l. 7-8: autorité de Micomégas "je veux". L'attitude de Micomégas fait penser à la soif de savoir caractéristique des hommes des Lumières: http://expositions.bnf.fr/lumieres/...
B. Un but noble: une leçon de morale et d'humilité
une remise en question globale de l'homme et du lecteur
métaphore: "notre existence est un point": vérité générale qui conteste tout esprit de supériorité
"j'arriverais peut-être un jour ....ce pays-là" l. 21-22: remet en question le lecteur éternel insatisfait, à se plaindre, comme ces géants, qui possèdent pourtant beaucoup plus de capacités que lui: leçon de relativisme!

III. Une conversation entre Voltaire et ses contemporains
A. Le secrétaire est une caricature de Fontenelle:
http://www.bacfrancais.com/bac_fran...
Contemporain de Voltaire qui a un point de vue contrasté sur lui: « On peut le regarder comme l’esprit le plus universel que le siècle de Louis XIV ait produit. » (Voltaire). Mais ici, c'est son style pédant, " affecté, prétentieux, plein de traits d’un goût faux" comme on le disait à l'époque.
Ici, Voltaire fait une parodie de l'entretien sur la pluralité des mondes avec les comparaisons "elle est comme une assemblée de blondes et de brunes" dans lequel Fontenelle s'entretient avec la marquise. Discours du secrétaire inutile selon Micromégas.
B. Micomégas: le reflet du lecteur idéal selon Voltaire
Micromégas veut qu'on l'instruise et non qu'on lui plaise. Le lecteur ne veut pas qu'on lui plaise avec une accumulation de procédés.
Cependant, Voltaire utilise le conte merveilleux avec des géants pour plaire au lecteur en lui transmettant des connaissances et une leçon de morale par ce moyen. Il cherche donc lui aussi à "plaire" en créant une complicité humoristique avec le lecteur.

Conclusion: dialogue implicite entre Voltaire et Pascal ici: Voltaire se détache du janséniste du XVIIème siècle (25ème lettre philosophique).

15. Le 06 avril 2015, 22:20 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

MAUPASSANT, "La solitude".

- un confession intime :

omniprésence du pronom personnel de la 1ère personne : introspection (observation d'une conscience individuelle par elle-même ). Faire son introspection: explorer sa vie intime. Nous sommes à l'aube de la psychanalyse (Maupassant contemporain de Charcot (fin XIXème siècle), professeur à la Salpêtrière où Freud fut son élève: fit des recherches sur les pathologies nerveuses et sur l'hypnose). Le personnage se dévoile.

pronom sous la forme tonique « moi, je suis seul » l. 15 : renforcement du pronom « je » et marque une exception, une différence marquée par le tiret « - Moi, je suis seul » : isolement encore plus important.

Pronom « je » à l'amorce des trois derniers paragraphes

le vocabulaire de l'intériorité : « mon cœur » l. 33, « mon âme » l. 41, « ce lieu secret du Moi » l. 42. et cependant, le texte ne dit que l'échec de toute confession : « je ne me sens jamais plus seul que lorsque je livre mon cœur à quelque ami » : paradoxe entre la solitude et l'intimité, la proximité affective de « ami ». Pas de communication, ni de partage possible.

Vocabulaire de la souffrance extrême : des superlatifs : « un des plus grands malheureux » l. 17, comparatif de supériorité « quelque chose de plus affreux » l. 27, hyperbole « souffrance atroce »l. 8, « ce tourment » l. 36 et « mon horrible et subtile souffrance » l. 47 qui s'oppose au bonheur éphémère de la fin du texte « heureux, une seconde, peut-être » : une disproportion qui montre le registre pathétique du texte.

- un constat d'échec : une confession très pessimiste.

Omniprésence de la négation, avec beaucoup de répétition de l'adverbe « jamais » et du nom « personne » : « je ne rencontre jamais personne, je ne trouve jamais une autre main »l. 6 : une sorte d'impasse comme on le voit avec les préfixes négatifs « la pensée est insondable » l. 27 et « l'infranchissable obstacle » l. 34.

le discours ne progresse pas : l. 20 « personne ne comprends personne » et ligne 43 « personne ne me ressemble parce que personne ne comprend personne » : un soliloque http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/soliloque/73328 qui tourne à vide.

Le personnage ne trouve aucun réconfort :

* dans la littérature : il donne des références contemporaines à Maupassant (XIXème siècle) : Musset, poète romantique (ici, c'est une citation du poème : les Nuits) mais se sent différent : Musset pas seul car imaginaire très riche « fantôme, rêves »

Flaubert, son mentor, au contraire de Musset : très lucide (appartient au mouvement réaliste) : a une phrase de moraliste : « Nous sommes tous dans un désert. Personne ne comprend personne » : un constat catégorique au présent de vérité général.

* dans l'amour : une illusion de communion : une série d'antithèses : « mêler » et « heurter », « enchaînés » et « aimons » + rythme binaire qui associe un terme positif avec un terme négatif renforcé par une accumulation « tous nos efforts restent stériles... » l. 30.

la vie ressemble à la mort : champ lexical de l'obscurité : « souterrain sombre », «route ténébreuse »… : une sorte de vision infernale et cauchemardesque qui provoque l'angoisse et l'inquiétude du personnage : de nombreux points d'exclamation, et d'interrogation.

Une sorte de vertige existentiel qui s'exprime avec la comparaison avec les planètes : l. 21 qui rappelle la réflexion de Pascal entre les deux infinis. L'éloignement entre la terre et les étoiles serait comparable à l'éloignement entre deux êtres : une dramatisation de la solitude qui devient une fatalité tragique contre laquelle l'homme est impuissant.  

- une confession à sens unique : les interlocuteurs restent muets et donnent raison implicitement à celui qui parle : personne ne lui répond :

volonté de communication : des marques d'un discours oral « Eh bien » l. 25

Pronom « tu » très souvent présent avec des impératifs aussi « écoute-moi » ou des questions « Me comprends-tu » : l'interlocuteur est très souvent sollicité.

cependant, des questions qui restent sans réponse, la plupart du temps : « Me comprends-tu, au moins, en ce moment, toi ? » l. 45. Une absence de réponse et une absence de transcendance : Dieu n'est jamais évoqué dans le texte, la religion n'est d'aucun secours.

reconstitution d'un dialogue fictif : « Qu'est-ce qu'il a ce soir ? » pour rompre la solitude : dédoublement.

Cependant, suspicion face à l'autre, plein d'arrière-pensée et de mauvaise foi: accumulation d'interrogations et de termes négatifs « il me hait peut-être ? Ou me méprise ? » : l'autre est un ennemi, un danger, en même temps que la seule issue pour sortir de la solitude. Le personnage a peur de la liberté ! : « la pensée cachée et libre, que nous ne pouvons ni connaître, ni conduire, ni dominer, ni vaincre ! » vocabulaire de la domination qui montre qu'il est dépendant du regard d'autrui. Une sorte de folie : le personne devine notre pensée : « Non, tu me juges fou ! », ce qui remet en cause son texte : « l'homme ne sait pas davantage ce qui se passe dans un autre homme ».

le style poétique du texte permet au lecteur de comprendre le personnage : beaucoup de comparaisons et de métaphores dans le texte qui ressemble à un poème en prose et qui peut toucher le lecteur.

Maupassant influencé par la philosophe de Schopenhauer , philosophe pessimiste: à lire son hommage sur le site :

http://www.schopenhauer.fr/index.html

http://www.schopenhauer.fr/fragments/solitude.html

voir notamment le deuxième paragraphe qui commence par : « on ne peut être à l'unisson parfait qu'avec soi-même ; on ne peut pas l'être avec son ami, on ne peut pas l'être avec la femme aimée »

Cependant, la vision de la solitude de Shopenhauer est plus optimiste que celle de Maupassant car elle est signe de liberté. Or, Maupassant n'est pas un misanthrope http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/misanthrope/51745

Ici, son personnage a un besoin vital de communiquer avec ses semblables.

16. Le 27 mai 2015, 19:47 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Ce texte lyrique met en scène un assassin sous la forme d'une pièce de théâtre. « Harmodius » (l'assassin) est confronté à un dilemme (tuer le tyran ou pas). La nature qui l'entoure est représenté ici par des être vivants parlant à travers les différents objets qui l'entourent. Elle l'aide à résoudre ce dilemme en apportant des arguments négatifs et positifs sur le personnage qu'est ce tyran.

1) La présence symbolique et implicite de Napoléon III :
Un personnage de l'Antiquité : « Harmodius » qui a tué un tyran (= tyrannicide), martyr de la liberté ≠ XIXème siècle + lieu du texte : « Grèce », « Némésis » (déesse grecque). Pas de mention directe de Napoléon III : représenté à travers le personnage du « tyran » absent dans le texte mais omniprésent car objet de tous les discours.
Le voleur le soutient : éloge paradoxal du tyran (termes mélioratifs qui désignent le tyran) : comparaison entre le tyran et le voleur et association contre nature entre le juge/le prêtre et le voleur (= compromission l’Eglise et de la justice). Justice et religion compromises, associées à la prostitution: registre polémique+ le vocabulaire de la mort et de la violence.
Le tyran est vivement critiqué : le texte est un réquisitoire : c'est une suite de crimes que nous avons ici : cruauté envers les exilés : « Les cris des exilés, de misère expirants », le meurtre (hyperboles), l’absence de remords :  « Ne frappe pas au cœur, tu ne trouverais rien. » double négation, la fin de la liberté (fuite des oiseaux, symbole de liberté + champ lexical de l’emprisonnement : la patrie, le forçat), les valeurs bafouées : la loi, la justice, la patrie, la confiance, l’honneur et la vertu, les crimes encouragés : la protection des voleurs, le mensonge (répétition « tu mens ») 
le lecteur fait le lien entre les crimes du tyran et ceux de Napoléon III.
2) Le rôle des éléments objets et vertus :
Le vocabulaire de la mort et de la violence : un registre épique : l'épée représente le combat.
Une dimension fantastique : atmosphère sombre et lugubre, sinistre. Atmosphère étrange, irréelle : on peut supposer que ce dialogue est le produit de l'imagination d'Harmodius. C'est la nuit (peut symboliser l'époque où règne le tyran) mais présence de l'étoile Vénus, symbole d'espoir.
Crescendo dans les répliques des allégories : de plus en plus longues et de plus en plus expressives pour pousser Harmodius à l'acte. Elles sont les plus nombreuses et apparaissent à la fin. Elles représentent aussi toutes les valeurs de la République.
Importance de la mer et des éléments naturels: situation de Hugo en exil : http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?i=491+ peut faire penser à un calligramme au début : vers décalé : alternance vers longs et vers courts. Rappelle les vagues et les ondulations
3) Harmodius : le héros du texte ? Parle le plus souvent. Le coté hésitant et craintif, marqué par le doute d'Harmodius : vers morcelés + ponctuation expressive (interrogatives ) + manque de courage « rentrons », répétition de « quoi ! » pour montrer la lâcheté de son acte (tuer un homme sans défense) : manifeste une certaine réticence devant le tyrannicide. Ses interlocuteurs vont chercher à le convaincre par :
  • les ordres : le rappel du devoir :

    • les impératifs : « Exécute ou péris »

    • la répétition « c’est l’heure » : urgence de la situation. Il ne peut pas échapper à son devoir.

  • le recours à la pitié à travers des images d’une grande force évocatrice

    • les exilés, complètement démunis : répétition et énumération de « sans » : « Qui sans pain, sans abri, sans amis, sans parents »

    • la patrie personnifiée en « mère » : « Mon fils, je suis ta mère ! » renforcé par « fers ».

  • l’appel à la révolte et à la vengeance : la prière à Némésis + ponctuation expressive qui fait sentir l'indignation du poète : « Homme, tu mens ! Soleil, tu mens ! Cieux, vous mentez ! » prononcé par le serment en référence au serment que Louis-Napoléon Bonaparte n'a pas tenu en promettant qu'il avait promis de respecter la loi.

  • la dramatisation à travers

    • les exagérations : « je suis pleine de morts »

    • le présent d’énonciation qui souligne l’urgence de l’action.

= tous les ressorts de la persuasion sont mis à contribution pour passer à l’acte. Les interlocuteurs d’Hamodius cherchent à susciter en lui la pitié, l’indignation, la révolte.


4) La forme théâtrale du texte : dramatisation du texte, effet de suspens et d'attente. Lecteur = Harmodius : dans l'attente et l'indécision, « au bord » de l'acte.
Succession de dialogues : rend le texte vivant et polyphonique (plusieurs voix)

Vers en alexandrins = tragédie. Ambiance grave et sérieuse.
5) Dernière phrase qui exprime l'avis du poète : progression dans le texte : vers morcelés → alexandrins entiers : apaisement à travers la conscience : aucune ponctuation expressive alors que le contenu du vers est choquant : antithèse entre « tuer » et « tranquillité ». Le poète s’exprime de manière privilégiée à travers l’allégorie de la conscience : il réclame donc la mort pour Napoléon III, en légitimant son meurtre. Rapport au titre « châtiments »

17. Le 31 mai 2015, 21:46 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Souvenir de la nuit du 4

* Napoléon ouvertement critiqué dans ce texte : un réquisitoire direct : ironie + comparaison entre la situation de la grand-mère et celle de Napoléon :

- Un adjectif et un nom présent répété : « pauvre » et « maire »/ « grand-mère » (jeu sur l’homophonie). Renforcent les différences : « pauvre » « Est pauvre, et même prince » dans le premier cas ironique (s’oppose à « prince »), dans le deuxième cas pathétique « De leurs pauvres doigts »

- Hugo répond ironiquement à la grand-mère en faisant semblant de la mépriser et d’expliquer la mort de l’enfant par le bon plaisir de Napoléon III (son explication est volontairement absurde) : « Vous ne compreniez point, mère, la politique »

- Les trois derniers vers : gravité, tristesse, tragique qui s'oppose au champ lexical du divertissement, des caprices du prince (énumération : « il aime les palais ;

Il lui convient d’avoir des chevaux, des valets,

De l’argent pour son jeu, sa table, son alcôve1,

Ses chasses »)

qui contraste avec la mort de l’enfant.

- Oppositions entre :

1) scène mondaine, la cour / scène intime : décor pauvre, dépouillé, simple à l’image de ses habitants. Constitue un portrait moral de ses habitants. « Le logis était propre, humble, paisible, honnête ;On voyait un rameau bénit sur un portrait. » Hypallage avec « honnête » qui désigne les habitants.

2) le discours de Napoléon III « la famille est sauvée » / famille brisée. A remarquer diérèse sur « société » : dédain de Hugo, sarcasme.

3) rose/gris

4) le nom propre  « Monsieur Napoléon » (ironie car il est empereur à l'époque et l'appeler ainsi est un manque de respect)/l’anonymat de la grand-mère.

= opposition dignité/futilité. Peuple plus noble que Napoléon lui même : morale du texte

= Hugo explique ironiquement la politique à l’aïeule. C’est pour le bon plaisir de l’empereur que l’enfant est mort. Logique absurde d’où ironie. Il feint de prendre l’aïeule pour une sotte alors qu’elle a très bien compris. Ton condescendant. http://www.cnrtl.fr/lexicographie/condescendant

* Religion traitée de manière positive dans ce texte : enfant figure christique : l’enfant sur les genoux de la vieille femme. Piéta http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Piet%C3%A0_%28Michel-Ange%29

Renforcé par la comparaison « comme un Jésus » (expression populaire ici).


* Mort d'un enfant = effet tragique car opposition entre la mort et l'enfant (c'est la grand mère qui aurait du mourir), éloge de l'enfant, réalisme de la scène , de la description du cadavre, comparaisons très concrètes avec le bois etc

Omniprésence de la violence + champ lexical de la mort :

      • la mort de l’enfant n’est pas un cas isolé. Violence des combats qui rappelle le massacre des Innocents : « La nuit était lugubre ; on entendait des coups De fusil dans la rue où l’on en tuait d’autres » : enjambement qui accentue cela le meurtre.

        - allégorie de la mort (« ce que la mort touche de ses mains froides Ne se réchauffe plus aux foyers d’ici-bas !) qui s’oppose au geste maternel de la grand-mère : il a froid, il est malade. Renforcement du pathétique, déni de réalité

lexique de l'enfance et de la vieillesse

      • association insupportable entre l’enfance, l’insouciance et le jeu et la mort : « la mort noyait son œil farouche ;/Ses bras pendants semblaient demander des appuis./Il avait dans sa poche une toupie en buis. » Détail de la toupie, symbole d’insouciance, de jeu, ce qui contraste avec la brutalité de la mort : deux balles et non pas une : acharnement.

      • de plus, proximité temporelle entre la vie et la mort, qui se suivent brutalement : l’enfant est en vie le matin et est mort le soir

      • la situation inversée : c’est la vieille femme qui pleure la mort de son petit-fils, bouleversement des générations : « Moi je suis vieille, il est tout simple que je parte ;Cela n’aurait rien fait à monsieur Bonaparte/De me tuer au lieu de tuer mon enfant »

= un sentiment d’injustice.

Le premier vers  « L’enfant avait reçu deux balles dans la tête »: directement à l’essentiel sans préparation ni préambule, in medias res. Ici, lecteur sous le choc

Décalage entre la réalité scandaleuse et le ton neutre, sobre, celui du constat et de l’évidence (1 vers = 1 phrase). Antithèse aussi avec le vers suivant qui inspire le calme.

La poésie accentue le réalisme de cette mort :

- le contre-rejet « Pâle » vers 5-6 : décrochement de la bouche

- jeux sonores : « pâle », ouverture de la bouche avec la voyelle [a] + les ressources de la rime : enfant/ fend pour souligner la violence brutale du choc liée à l’innocence de l’enfant

= alexandrins vers de la tragédie.

* Grand mère : morte avec son petit fils + désarroi, révolte avec utilisation du champ lexical de la polémique : beaucoup de ponctuation expressive. Registre pathétique : des enjambements sans cesse pour montrer que l'émotion la submerge. Les larmes omniprésentes, gagnent les témoins de la scène. le discours direct de la grand-mère est beaucoup plus développé. Ponctuation expressive : plus percutant +

insistance sur l’existence de l’enfant (l’école, etc…)


Témoins de la scène (les témoins : Hugo en fait partie, les résistants au coup d’état) : pronom « nous », mais ne sont pas nommés, « les nôtres » : englobe Hugo et le lecteur. Le poète implique aussi le lecteur avec le pronom « vous » vers 10 : apostrophe directe

Seule la grand mère parle , c'est comme si elle parlait au lecteur. Opposition entre les témoins muets et la plainte intarissable de la grand-mère.

* explication du titre :

Une scène universelle : les personnages n’ont pas de nom. D’ailleurs d’autres victimes du coup d’état. Pas de détails temporels pour dire que cela peut exister à toutes les époques.

Ou alors, une évidence pour Hugo et ses lecteurs, le poète étant obsédé par le coup d’état. Châtiments ne parlent que de cet événement donc inutile de préciser qu’il s’agit du 4 décembre.

18. Le 03 juin 2015, 10:36 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Chanson

  1. une chanson populaire

    1. la présence d’un refrain

      1. répétition de « petit », de « voici » et de « toi »: vocabulaire assez pauvre, qui se répète. Des mots courts.

      2. les signes de ponctuation  (tiret et point): chaque strophe de huit vers contient deux parties d’inégale longueur: 6 vers pour Napoléon Ier et 2 vers pour Napoléon III, ce qui montre une inégalité de prestige entre les deux...

    2. un rythme léger

      1. alternance d’un vers long (octosyllabes) et d’un vers court (tétrasyllabe). Rimes plates pour favoriser la mémoire.

      2. V. Hugo n’utilise pas l’alexandrin, vers noble de la poésie: le texte ne s'inscrit pas dans un registre tragique.

      3. opposition entre le rythme fluide des six premiers vers et le rythme saccadé des deux derniers vers. Par exemple: "Quinze ans, il fut/Le dieu que traînait la victoire/Sur un affût [...]Toi, son singe, marche derrière,/Petit, petit.": opposition entre enjambement pour le début de la strophe qui témoigne de l'ampleur du mythe napoléonien (rythme fluide) et le rythme très haché pour Napoléon III, rythme saccadé, entrecoupé de virgules

    3. un vocabulaire simple, voire trivial : la troisième strophe. La métaphore des femmes : « maîtresses » opposé à « filles » (prostituées) pour Napoléon III. Cherche à divertir le lecteur par ce propos grivois. Chanson = genre populaire.

  1. l’opposition entre Napoléon Ier et Napoléon III : un éloge et un blâme.

    1. vénération et irrespect

      1. opposition dans les pronoms: le "il" du grand homme qui appartient à l'Histoire s'oppose au "tu" familier et direct. "Toi" vers 7, apostrophe (mépris du poète)

      2. opposition dans les temps (l'imparfait et passé simple pour Napoléon I et le présent pour Napoléon III) et les modes des verbes (indicatif pour Napoléon Ier et impératifs pour Napoléon III: Hugo lui donne des ordres de manière méprisante)

    2. noblesse et pauvreté du style:

      • style noble pour parler de Napoléon Ier (hyperbole: "le dieu": surhumain, divin, personnification: "Berlin, Vienne étaient ses maîtresses", métaphore, lexique de la guerre, de l’exploit, énumération) : admiration pour un homme d’exception, un héros. Registre EPIQUE.

      • style bas pour parler de Napoléon III (répétition: "voici de l'or, voici des filles", parallélisme de construction, niveau de langue vulgaire: "filles"). Cette différence de style est à l'image de la différence entre les deux hommes:

        Les images se concentrent dans les 6 premiers vers : la grandeur du héros se reflète dans la grandeur du registre épique. En revanche, aucune image dans les deux derniers vers : la pauvreté du style est visible par les répétitions et le langage familier, à l’image de la vulgarité de Napoléon III. Le style ressemble à l’homme décrit.

    3. registre épique contre registre satirique

      1. lexique de la guerre : provoque l’admiration pour ce héros hors du commun:

      2. animalisation de Napoléon III. C’est un anti-héros. Le second empire apparaît comme une contre-épopée.

        "Son singe" vers 7 (déshumanisation, animalisation, veut l’imiter, caricature de Napoléon Ier): dénigrement et moquerie. Le « singe » : Hugo prend Napoléon III à son propre jeu. Ce dernier profite de sa filiation avec Napoléon Ier pour conquérir le peuple. Il veut l’imiter mais ce n’est qu’une caricature de Napoléon Ier selon V. Hugo : un usurpateur et non un héritier.

= opposition entre "grandeur" et "petit" qui rappelle le titre d'une autre œuvre de Hugo: "Napoléon le petit"

  1. V. Hugo veut faire passer un message et veut provoquer une réaction de révolte chez le lecteur

    1. Il utilise le genre populaire de la chanson

      1. Il s’adresse à toutes les catégories sociales. La chanson véhicule la pensée politique auprès des couches populaires.Voir "La Marseillaise" pendant la Révolution Française

      2. Son refrain (et donc son message) peut être facilement retenu

    2. Napoléon III bénéficie de la légende napoléonienne, il se présente comme l’héritier du bonapartisme mais Hugo fait ressortir au contraire l’infériorité du neveu par rapport à l’oncle

    3. Le rôle du poète.

      1. Utilisation finale du futur. Hugo est un prophète: "noieras" vers 39

      2. C’est celui qui ose s’adresser directement au pouvoir en montrant ouvertement son mépris. Un auteur engagé.

      3. quelles ont été les intentions de VH en écrivant ce texte ?ridiculiser Napoléon III pour le rendre inoffensif et vulnérable; détruire le mythe : Napoléon III n’est pas le digne descendant de Napoléon Ier, c’est son contraire; faire réagir les Français pour renverser le pouvoir; faire rire ses lecteurs; imprimer un message dans la mémoire des lecteurs : refrain et rimes; donner un espoir, ouvrir un champ d’action, guider le peuple pour sa délivrance.

19. Le 04 juin 2015, 10:27 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Fable ou Histoire.

1) « Fable »
des animaux personnifiés: le singe et le tigre (absent): différence de tailles et connotations différentes: singe = comique, animal ridicule qui imite / tigre: animal plus noble et plus fort. Le personnage principal est ici le singe car le pronom "il" commence très souvent les vers (sous l'accent).

A noter également la présence des "bêtes", groupe anonyme et d'un personnage humain "le belluaire": connote l'antiquité (un gladiateur), à mettre en relation avec Harmodius dans "le bord de la mer"

le contexte: le lieu naturel: "la forêt": lexique de la nature "épines", "halliers", "antre", "caverne": un milieu qui apparaît hostile à l'image du singe, agressif. 

deux personnages s'expriment au style direct: ex: "regardez" pour rendre le texte vivant. Cependant, les "bêtes" restent muettes (double sens du mot "bête": connote la stupidité et la naïveté). C’est le singe qui parle le plus, ce qui souligne son éloquence. En  revanche, le discours du belluaire ne fait que 4 syllabes et constitue la chute du poème (place très importante)
le singe se montre grandiloquent (il utilise de grands mots, ponctuation expressive qui montre qu'il veut attirer l'attention, comme un enfant) et égocentrique (pronoms de la 1ère personne: contre-rejet "Je suis" + pronom "moi" qui souligne sa vanité) tandis que la négation restrictive « tu n’es » dégonfle l’importance du singe. De plus "dans ses bras" rappelle un enfant que l'on prend dans ses bras: souligne le caractère inoffensif, la faiblesse du singe.

Des caractéristiques humaines: des adjectifs "méchant", des verbes "se vêtit." ou "admiraient", des noms "brigand" propres à l'humain mêlés au lexique de l'animalité "féroce", "rugissements"

texte court. 


l’indétermination temporelle « un jour » (sous l'accent): une convention, un code littéraire qui montre au lecteur que nous sommes dans un univers fictif.
le déroulement du récit: alternance passé simple / imparfait + le schéma narratif:situation initiale : le singe a faim "royal appétit"; élément perturbateur : il se déguise en tigre "d'une peau de tigre se vêtit"; péripéties : il sème la terreur chez les animaux, imite la violence du tigre (beaucoup de verbes d'actions sous l'accent et champ lexical de la violence); résolution : un belluaire démasque la supercherie "comme on déchire un linge"; situation finale : il redevient un simple singe "tu n'es qu'un singe!" avec négation restrictive "ne...que"
= moralité ? ici, elle n’est pas explicite. Dans un premier temps, quelle moralité peut-on déduire ? il ne fait pas se prendre pour ce qu’on n’est pas.

= il s’agit donc d’un apologue : récit divertissant qui transmet un message.

2) « Histoire »
la critique de l’usurpateur Napoléon III. Malgré la forme de la fable qui rappelle La Fontaine, Hugo fait référence à un contexte historique très actuel et précis : celui du coup d’Etat de Napoléon III
allusion à son ambition politique et impériale avec "royal appétit" en antithèse avec "maigre" et à l’exil des opposants au régime: "tout émigre" sous l'accent en fin de vers
Hugo poursuit ainsi son entreprise de démolition du régime en dénonçant la cruauté et la vanité du personnage qui commet des crimes (lexique de la violence souligné par les hyperboles "égorgea", "ma caverne est pleine d’ossements" avec le pluriel, la métaphore "le roi sombre des nuits") et exige l’admiration des autres: antithèse entre: "Regardez, ma caverne est pleine d’ossements" et "admirez-moi, voyez, je suis un tigre !". La répétition de "vainqueur" est une antiphrase ironique: "Le vainqueur des halliers" (le vainqueur des buissons...!!) et "Mit à nu ce vainqueur": Napoléon III n'a rien d'un vainqueur ou d'un héros épique. Il n'a pas combattu! son pouvoir repose sur le mensonge, la malhonnêteté, l'usurpation.
l’animalisation dévalorisante qui rappelle les caricatures.
sa violence: parallélisme de construction et rythme ternaire + enjambement: "tout recule et frémit, tout émigre/ Tout tremble": le verbe "émigre" fait référence à l'exil de V. Hugo. 

la critique du peuple passif: les "bêtes" n'agissent pas. Antithèse entre "admiraient" et "fuyaient à grand pas" qui suggère l'hypocrisie des courtisans. Répétition du  verbe "admirer": le peuple obéit bêtement aux ordres absurdes du singe sans exercer son esprit critique = lâcheté du peuple. Hugo dénonce aussi la lâcheté du peuple qui a besoin du belluaire pour voir la vérité en face. Le lecteur actif s’oppose ainsi au peuple passif : Hugo tente de corriger la situation.

le rôle du poète: derrière le "belluaire" on peut deviner la figure du poète, qui enlève le voile et rend les lecteurs lucides sur la véritable identité de l'Empereur: il démystifie la légende en montrant le vrai visage de l'Empereur avec le lexique de la vérité "mit à nu", "déchira". Révéler la vérité, détruire l’illusion et remettre Napoléon III à sa place. On a un sentiment de facilité: " comme on déchire un linge": comparaison très réaliste qui montre que ce déguisement est de l'ordre de la farce. 

Quelle moralité le lecteur peut-il retirer le texte ? il faut destituer Napoléon III qui n’est qu’un usurpateur. 


l’évolution du point de vue sur Napoléon Ier: représenté sous les traits du tigre: "Le tigre avait été méchant ; lui, fut atroce.", "Fit tout ce qu’avait fait la peau qui le couvrait.": le singe se présente comme l'héritier du tigre et s'en montre fier: "je suis un tigre". Cependant, le tigre se caractérise par la violence également. On voit que Napoléon Ier annonce la tyrannie de Napoléon III. Ce n'est pas forcément le même point de vue dans "Chanson"...

le poète semble donner un rôle actif au lecteur qui doit décoder la fable pour la comprendre qui se cache derrière chaque personnage. S’oppose à la passivité du peuple face à Napoléon III
= la fable corrige l’Histoire : le texte montre la victoire du belluaire sur le singe alors que dans la réalité, c’est le singe qui a gagné.

= les cibles de Hugo dans ce texte: napoléon III, Napoléon Ier mais aussi le peuple animalisé en "bêtes" ici dans tous les sens du mot. Ouvrir sur un autre texte de Châtiments.

20. Le 08 juin 2015, 16:18 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Bilan sur l'Etranger: un personnage réussi?

1) Meursault, un personnage raté?

- il manque de consistance: un personnage "vide" sans expressivité, qui semble "mort" intérieurement car indifférent à tout ce qui l'entoure. Aucune info sur son passé, ses origines, sa description physique, ses opinions, son point de vue sur le monde. Ce n'est qu'une silhouette comme le montre différentes couvertures du roman:

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.images-booknode.com%2Fbook_cover%2F51%2Ffull%2Fl-etranger-51303.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fbooknode.com%2Fl_etranger_011111%2Fcovers&h=500&w=298&tbnid=Q1R1GPXj2UIb7M%3A&zoom=1&docid=4gLUNDDkzvXJJM&ei=Sp51VdbBF4HYU-XYgMgP&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=1474&page=1&start=0&ndsp=26&ved=0CCEQrQMwAA

- c'est un anti-héros:

* il manque d'ambition en refusant la promotion de son patron, ne semble accorder son attention à personne, aussi bien face au militaire que face à Marie qui n'a pas plus d'importance à ses yeux que les autres femmes. Il peut donc susciter le dégoût car il n'a pas se sentiment noble ni altruiste.

* il n'incarne aucune valeur morale, comme le courage, ou la générosité par exemple. Il ne fait aucun exploit extraordinaire: ses actions ne semblent dues qu'au hasard. Il est davantage influencé par les éléments naturels comme la chaleur ou le soleil que par sa propre volonté. C'est une victime de ces éléments.

* il a de mauvaises fréquentation: il soutient Raymond un souteneur, il parle avec Salamano alors que ce personnage peut être répugnant (bat son chien, etc.)

= il construit une image négative de lui-même, sans s'en soucier d'ailleurs: la société le juge comme un mauvais fils comme le lui avoue Salamano. Et, le lecteur a le même point de vue que la société car il n'aime pas ce personnage insensible que rien ne semble toucher. Pas d'admiration, pas d'identification, pas de compassion.

2) un personnage qui parvient cependant à capter l'attention du lecteur non par sa sympathie mais par son étrange présence. Il peut fasciner le lecteur.

On peut relire ce que M. Kundera écrit à propos des personnages de Kafka qui sont réussis selon lui:

"Si Kafka se détourne de la psychologie pour se concentrer sur l'examen d'une situation, cela ne veut pas dire que ses personnages ne sont pas psychologiquement convaincants mais la problématique psychologique est passée au second plan: que K. ait eu une enfance heureuse ou triste, qu'il ait été le chouchou de sa maman ou élevé dans un orphelinat, qu'il ait derrière lui un grand amour ou non, cela ne changera rien ni à son destin ni à son comportement. C'est par ce renversement de la problématique, par cette façon d'interroger la vie humaine, par cette façon de concevoir l'identité de l'individu que Kafka se distingue non seulement de la littérature passée, mais aussi de ses grands contemporains Proust et Joyce.

[...] Pour qu'un personnage soit «vivant», «fort», artistiquement «réussi», il n'est pas nécessaire de fournir sur lui toutes les informations possibles; il est inutile de faire croire qu'il est aussi réel que vous et moi; pour qu'il soit fort et inoubliable, il suffit qu'il emplisse tout l'espace de la situation que le romancier a créée pour lui"

Alors, qu'est-ce qui fait de Meursault un "personnage inoubliable"?

- un personnage qui pose question au lecteur:

* par son style d'écriture qui lui ressemble: l'écriture-portrait. Une écriture "blanche", sans personnalité, qui ressemble au télégramme initial. Le personnage paraît écrire son journal intime mais il est complètement extérieur à sa propre histoire, comme s'il était spectateur de sa propre histoire, tellement sa passivité est flagrante. Il ne livre rien, ni au militaire, ni au lecteur. Le roman utilise donc à la fois un point de vue interne et un point de vue externe. 

* un personnage qui ne porte aucun jugement et qui a un regard nouveau sur ce qui l'entoure, sans a priori: il se lie d'amitié avec un souteneur et n'a pas peur de décevoir une jeune fille qui dit l'aimer et l'épouser. L'opinion commune ne l'atteint pas. Cela déconcerte le personnage, comme le lecteur mais c'est ce qui peut aussi être attirant: Marie reste avec lui, malgré tout.

- un personnage qui évolue au fur et à mesure du roman: il y a beaucoup de paradoxes dans ce roman qui interrogent le lecteur:

* c'est en prison que Meursault devient libre: il s'affranchit définitivement du jugement du monde après la confrontation avec l'aumônier. C'est une véritable libération.

* il commence à vivre à quelques heures de mourir: il est prêt à tout recommencer à l'image de sa mère

* il montre son courage alors qu'il ne fait rien: il refuse de mentir lors de son procès, il n'obéit pas, il ne collabore pas, il n'est pas complice de cette société: c'est un rebelle alors qu'il adopte une attitude qui pourrait passer pour de la soumission et de l'absence de combativité (un silence obstiné). Il devient ainsi le martyr de la vérité.

* c'est en prison qu'il se sent en communion avec la nature, comme si les barreaux n'existaient plus.

= un personnage qui nous pose des questions fondamentales sur notre perception de la mort, sur les a priori de la société, sur les valeurs auxquelles on tient qui peuvent se révéler absurdes.

21. Le 08 juin 2015, 16:47 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Bilan sur le texte intrus du groupement sur la question de l'homme (synthèse).

Je ne donne que quelques pistes rapides que vous devez enrichir selon votre choix. Je vous conseille de préparer deux intrus possibles car il vaut mieux proposer un intrus différent du texte sur lequel vous êtes interrogé en exposé. Par exemple, si vous êtes interrogé sur l'extrait de Micromégas, il est maladroit de reprendre ce texte encore en entretien en tant que texte intrus...

1) le texte intrus du groupement est celui de Pascal (fragments sur le roseau pensant). Pourquoi?

- l'écriture est fragmentaire, labyrinthique et condensée: les phrases sont énigmatiques, comme des occasions que Pascal nous donne pour exercer notre "pensée" qui fait notre grandeur selon lui. Cela rappelle les moralistes du XVIIème siècle, comme La Rochefoucauld par exemple. (1)

- des métaphores poétiques telles que "le roseau pensant" qui rappelle les fables de la Fontaine: c'est une façon imagée pour faire comprendre le message au lecteur. Jean Mesnard mettra l'accent sur Pascal en tant que poète.

- c'est un texte qui travaille constamment les paradoxes: l'homme n'est grand que parce qu'il comprend qu'il est faible.

- présence du pronom "je" qui peut avoir un statut différent: parfois il a valeur du "on" universel et parfois c'est un "je" quasi autobiographique. Le lecteur peut être déconcerté par cette ambiguïté.

(1) quelques exemples des maximes de La Rochefoucauld:

Petit florilège de maximes, par ordre d’apparition dans les Maximes :

M. 26 : " Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement. "

M. 102 : " L’esprit est toujours la dupe du cœur. "

M. 122 : " Si nous résistons à nos passions, c’est plus par leur faiblesse que par notre force. "

M. 157 : " La gloire des grands hommes se doit toujours mesurer aux moyens dont ils se sont servis pour l’acquérir. "

M. 191 : " On peut dire que les vices nous attendent dans le cours de la vie comme des hôtes chez qui il faut successivement loger ; et je doute que l’expérience nous les fît éviter s’il nous était permis de faire deux fois le même chemin. "

M. 218 : " L’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu. "

M. 250 : " La véritable éloquence consiste à dire tout ce qu’il faut, et à ne dire que ce qu’il faut. "

M. 308 : " On a fait une vertu de la modération pour borner l’ambition des grands hommes, et pour consoler les gens médiocres de leur peu de fortune, et de leur peu de mérite. "

M. 313 : " Pourquoi faut-il que nous ayons assez de mémoire pour retenir jusqu’aux moindres particularités de ce qui nous est arrivé, et que nous n’en ayons pas assez pour nous souvenir combien de fois nous les avons contées à une même personne ? "

M. 409 : " Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent. "

http://www.alalettre.com/la-rochefoucauld-oeuvres-maximes.php

2) le texte intrus du groupement est celui de Pascal (les deux infinis). Pourquoi?

- une démarche scientifique qui suit les découvertes de son époque: le microscope et le télescope. Pascal scientifique reconnu.

- le texte le plus logique et le plus rigoureux: très bien construit en deux parties opposées, des connecteurs logiques

- explore aussi bien l'infiniment grand que l'infiniment petit avec le ciron: l'originalité de ce texte est que Pascal compare les deux mondes (infiniment grand et infiniment petit) en disant qu'ils sont finalement identiques. Double vertige du lecteur.

- un ton péremptoire: Pascal impose sa démonstration, mais avec un souci de bien se faire comprendre également. Un texte didactique, qui cherche à démontrer mais qui affirme dans le même temps l'inutilité de la réflexion car l'intelligence humaine est limitée. Nous n'avons qu'à contempler.

3) le texte intrus du groupement est celui de Voltaire (l'extrait de Micromégas). Pourquoi?

- il met en scène deux personnages de fiction irréels: deux géants, personnages de contes merveilleux

- un texte comique et satirique: une parodie de Fontenelle (à travers le personnage du secrétaire de Saturne) et de Pascal aussi car Voltaire critique les raisonnements métaphysiques.

- un dialogue vivant que l'on pourrait adapter au théâtre

- un texte qui critique les effets poétiques et les métaphores (les brunes et les blondes) jugées ridicules et inutiles "je ne veux pas qu'on me plaise, je veux qu'on m'instruise"

4) le texte intrus du groupement est celui de Maupassant (la solitude). Pourquoi?

- Aucune présence de Dieu, absence de transcendance.

- confidence d'un homme tourmenté omniprésence du pronom "je". le texte le plus intime.

- un lien très intense avec le lecteur qui joue un vrai rôle dans le texte: un lecteur très sollicité mais qui ne peut pas répondre. Lecteur et personnage sont chacun dans leur monde, sans pouvoir communiquer.

- c'est le texte le plus pessimiste, le plus tragique: pas d'image de grandeur pour rattraper la faiblesse humaine. L'homme est dans une impasse existentielle, sans secours ni aide qui vienne de Dieu, du lecteur ou d'autres personnages du récit. Aucune source d'apaisement.

22. Le 08 juin 2015, 16:58 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Pour parer à une traditionnelle question d'entretien sur L'étranger de Camus:

Dans quelle mesure peut-on dire que Meursault est un étranger ?

Définitions du mot « étranger »

    1. étranger, ère, adjectif et nom. Qui n’appartient pas à la nation, au groupe social, à la famille auquel on se réfère. Nom masculin (avec l‘article défini) : tout pays autre que celui dont on est citoyen.

    2. étranger, ère, adjectif. 1. Qui n’est pas connu. 2. corps étranger, élément introduit accidentellement dans un organisme. 3. étranger à, qui est sans rapport, qui n’a pas de relation avec.

  1. Meursault est un étranger

    1. Pour le lecteur

  • le lecteur ne le connaît pas. Exemple : il ne sait pas ce qu’il ressent, ni ce qu’il pense. On ne sait pas son passé.

  • le lecteur ne peut pas s’identifier à lui. Exemple : il n’a aucune réaction émotionnelle à l’annonce de la mort de sa mère.

    1. pour la société

  • les personnages sont déroutés par son attitude. Exemple : Marie qui en comprend pas son manque d’investissement dans la relation, les voisins qui jugent mal Meursault car il a mis sa mère à l’asile.

  • la société va l’exclure. Exemple : sentence du procès : la peine capitale.

    1. pour lui-même :

Il subit son destin sans réagir, comme s’il était en dehors de sa propre histoire. Exemple : son attitude passive au procès.

  1. Cependant, Meursault appartient à une communauté

    1. il est intégré. Exemple : il a des amis comme Céleste, des voisins. Il a un travail.

    2. il ressent des sentiments.

  • par rapport à sa mère. Exemple : elle revient comme un leitmotiv.

  • par rapport à Marie. Exemple : elle lui manque en prison. Il sait qu’il aime alors qu’il sera définitivement séparé d’elle.

    1. le lecteur peut s’identifier à lui.

  • la société ne cesse de porter des jugements, or, Meursault s’abstient de juger les gens. Exemple : il devient l’ami d’un proxénète, Raymond.

  • il refuse de mentir. Exemple : entretien avec son avocat, entretien face au juge. Pas de repentance.

  • le lecteur entre dans ses pensées. Exemple : toute la période où il est en prison, ses angoisses, son ennui.

  • Meursault prend en charge son destin en assumant ses actes jusqu’au bout. Exemple : il tire quatre coups de revolver.

  1. C’est la société qui paraît étrange

    1. La justice est injuste

  • elle dépend des journalistes. Exemple : l’affaire est jugée en été, doit faire scandale

  • elle ne prend pas en compte l’accusé. Exemple : on ne lui donne jamais la parole. Les témoins de la défense ne sont jamais entendus.

  • le procureur fait une analyse absurde de l’affaire de Meursault. Exemple : amalgame avec le parricide de l’affaire suivante, lui reproche de n’avoir pas pleuré à l’enterrement de sa mère alors qu’il s’agit du meurtre de l’arabe.

    1. la société est inhumaine

  • elle est criminelle. Exemple : elle provoque la mort d’un homme.

  • elle est intolérante, elle n’accepte pas la différence. Exemple : intolérance religieuse face à l’athéisme.

    1. Meursault se révolte contre cette société et affirme son étrangeté : il ne veut pas participer à ce monde : révolte contre l’aumônier, en paix à la fin, sans regret de quitter ce monde.