L'adulescens dans la Comédie
Par Kamelia le 12 octobre 2016, 13:58 - Lien permanent
L’adulescens, is (le jeune homme en francais) est un personnage de la comédie latine qui est souvent au coeur des moqueries.

1 Caractéristiques de l'adulencens, is
L’adulescens, is (le jeune homme en francais) est un personnage de la comédie latine.
Premièrement, il est représenté avec une chevelure abondante et pas de barbe. Il a également des traits fins, une peau bronzée car il travaille dehors et même parfois un air efféminé.
Deuxièmement, il est niais, pauvre, lâche et pleurnichard. Il cherche désespérément l’amour et tombe souvent amoureux de la courtisane, mais son père ne veut pas qu’il l’épouse, il demande donc l’aide de son esclave. De plus, il est souvent aux cœurs des moqueries.
Il peut porter différents masques :![[object Object]](/latinevariste/public/latin_adulescens_2.png)
Le tendre : blond, à figure gaie
L’orgueilleux : crépu, d’un blond ardent, à l’air farouche,
Le négligé : blond fade, à l’expression triste,
Le pâle : maigre, chevelu, blond, au teint de malade, etc.
2 Mostellaria, PLAUTE
Pendant l'absence de son père Théopropide, qui depuis plusieurs années est en Egypte pour affaires, un jeune homme, Philolachès, avec l'aide de son esclave Tranion, s'est débauché. Lorsque le père revient, Trianon met en place un stratagème pour éviter que la conduite de son fils ne soit découverte.
Dans un premier temps, le premier acte présente les débauches auxquelles se livre Philolachès, profitant de l'absence de son père Theuropide.
Le second acte présente le « retour imprévu » du père. L’adulescens demande alors de l’aide à son esclave Trianon. Il met alors en œuvre ses fourberies pour cacher la vérité à Theuropide. Qui se prolongent jusqu’au cinquième acte.
Au cinquième acte, le père de Philolachès découvre la vérité. Il est furieux, et insiste pour punir Tranion. Finalement, la pièce se termine par la réconciliation du père et du fils.
Cette pièce de PLAUTE montre bien cet aspect stéréotypé de l’intrique des comédies latines et l’aspect répétitif des personnages. Les comédies présentent généralement les amours compliqués d’un jeune homme libre qui soit tombe amoureux d’une courtisane (ou d’une esclave) et qu’il a par la suite du mal à acheter, soit il doit épouser une jeune fille libre qu’il a violé. L’adulescens est souvent aidé par un esclave dévoué et on retrouve également dans ce genre d’intrigue un père sévère puis attendri.
3 Les fourberies de Scapin, MOLIERE
Les fourberies de Scapin de Molière est un bon exemple d’adaptation moderne du personnage de l’adulescens.
En l’absence de leurs pères partis en voyage, Octave et Léandre tombent respectivement amoureux de Hyacinthe une jeune fille pauvre et de naissance inconnue et de Zerbinette, une jeune Égyptienne. Ils se marient alors en cachette, sans mesurer les conséquences de leurs actes.
Au retour de leur père, Octave et Léandre implore l’aide de Scapin, le valet de Léandre, d’autant qu’Hyacinthe et Zerbinette ont besoin d’argent. Ils sont très inquiets de la réaction de leur père face à l’annonce de leurs mariages respectif. Les deux jeunes hommes se rebellent quand leurs pères annoncent leur souhait de mettre fin à leurs mariages respectifs.
4 Comparaison
Dans la pièce de Plaute et de Molière, on retrouve des similitudes, notamment lors du retour des pères de famille.
- "Tu viens, Silvestre, d'apprendre au port, que mon père revient?
- Oui. [...]
- Conseille moi, du moins, et me dis ce que je dois faire dans ces cruelles conjonctures.
- Ma foi, je m'y trouve autant embarrassé que vous, et j'aurais bon besoin que l'on me conseillât moi-même.
- Je suis assassiné par ce maudit retour.
- Je ne le suis pas moins.
- Lorsque mon père apprendra les choses, je vais voir fondre sur moi un orage soudain d'impétueuses réprimandes."
Les Fourberies de Scapin, I, 1
Le second acte de la Mostellaria de Plaute débutait également par un mouvement de panique du jeune homme à l'annonce du retour de son père :
Latin
TR. Philolaches.
PHILOL. Quid est?
TR. Et ego et tu.
PHILOL.Quid et ego et tu?
TR. Periimus.
PHILOL. Quid ita?
TR. Pater adest.
PHILOL. Quid ego ex te audio?
TR. Absumpti sumus. Pater inquam tuos venit.
PHILOL. Vbi is est, obsecro?
TR. adest.
PHILOL. Quis id ait? quis vidit?
TR. Egomet inquam vidi.
PHILOL. Vae mihi. Quid ego ago?
TR.. Nam quid tu, malum, me rogitas quid agas? accubas.
PHILOL.. Tutin vidisti?
TR.. Egomet, inquam.
PHILOL.. Certe?
TR.. Certe inquam.
PHILOL. Occidi, Si tu vera memoras.
TR. Quid mihi sit boni, si mentiar?
PHILOL. Quid ego nunc faciam? [...] Perii.
TR. Habe bonum animum: ego istum lepide medicabo metum.
PHILOL. Nullus sum.
TR. Taceas: ego qui istaec sedem meditabor tibi.
(II, 1, v. 364-388)
Français :
TR. Seigneur Philolaches.
PHILOL. Qu'y a-t-il ?
TR. Moi et vous.
PHILOL. Que veux-tu dire "moi et vous" ?
TR. Nous sommes perdus.
PHILOL. Comment ?
TR. Voici votre père.
PHILOL. Que me dis-tu là ?
TR. C'est fait de nous. Votre père vient, vous dis-je.
PHILOL. Où est-il, je te prie ?
TR. Le voici.
PHILOL. Qui dit cela ? qui l'a vu ?
TR. Moi-même. Et je vous ai déjà dit que je l'ai vu.
PHILOL. Je suis bien malheureux. Qu'est-ce que je fais ? Voilà grand pitié ! Vous me demandez ce que vous faites. Vous êtes assis. Est-ce toi qui l'a vu ?
TR. Moi-même.
PHILOL. Certainement ?
TR. Certainement, vous dis-je. ¨
PHILOL. Cela me fait mourir, si tu me dis la vérité.
TR. Quel profit m'arriverait-il de mentir ?
PHILOL. Que ferai-je maintenant ? [...] Je suis perdu.
TR. Ayez bon courage, je remédierai à votre crainte.
PHILOL. Je ne suis plus rien.
TR. Taisez-vous, j'aurai soin de vos affaires.