Cette semaine le New Indian Express a remonté le temps.

Vous souvenez vous tous du désastreux tsunami du 26 décembre 2004 ? Nous sommes donc partis à la rencontre du jeune Appu, qui a vécu le drame à travers son écran.

 

  • Bonjour Appu, vous avez aujourd'hui 22 ans, vous habitez aux États-Unis, vous êtes ingénieur spécialisé dans les préventions du tsunami. Vous aviez 11 ans à l'époque de cette catastrophe. Comment viviez-vous avant le drame ?

 

«A l'âge de 11 ans je vivais avec ma mère, nous étions seulement tous les deux car mon père est décédé suite à un accident en mer. Avant la catastrophe, je l'avoue, je vivais dans la peur constante. Ma mère m'a toujours répété de ne faire confiance à personne, que les gens étaient mauvais et dangereux. Après la mort de mon père, je me suis enfermé chez moi, je ne sortais jamais ou que très rarement pour aller chez le médecin. Mes journées se résumaient à une seule chose : être devant mon ordinateur. J'étais informé de tout ce qui se passait dans le pays, mais je n'assistais à rien de tout ça, j'avais peur de tout et de tout le monde. J'étais un enfant malheureux qui ne connaissait ni le rire, ni la joie. »

 

  • Comment avez-vous vécu cette catastrophe et que s'est-il passé par la suite ?

 

  «Je dormais quand m'a mère m'a réveillé pour me dire que les gens s'affolaient et que le toit du garage était tombé. Je me suis précipité devant mon ordinateur pour regarder ce qu'il se passait. J'ai entendu des cris et des bruits si fort que je n'entendais pas un mot de ce que ma mère me disait. Puis la fenêtre de ma chambre s'est brisée. Je n'ai pas bougé de mon ordinateur, je cherchais ce qu'il se passait, mais rien, aucune info sur internet ! Ma mère s'efforçait de me lever de ma chaise, impossible, les bruits et les cris perduraient. L'armoire de ma chambre tomba sur la jambe de ma mère qui cria de douleur. Je pris quelques secondes avant de tourner la tête de mon écran pour l'aider. Une fois relevée elle me dis « Appu il faut partir et vite ». Je me suis alors assis sur ma chaise devant mon ordinateur pour continuer à chercher des réponses à cet affolement, alors ma mère coupa d'un coup de ciseaux les fils du seul objet qui m'importait. Nous sommes sortis. Horreur. Dehors, des enfants qui pleurent, des femmes qui crient, des voitures retournées. Une fois mis à l'abri avec ma mère, je ne pensais qu’à une seule chose : est-ce que je n'ai pas assez profité du monde durant ses beaux jours ? Après ça, nous avons déménagé dans une zone moins risquée, et je suis allé à l'école, je sortais tous les jours de chez moi, j'avais des amis. Depuis ce jour, je n'ai jamais eu aussi peur de rater un moment de bonheur. »

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Propos imaginés et rédigés par Lamia Gamgoum et Emma Desrolles, mars 2016