Interview avec Laurent Costa

Mandataire Judiciaire à la protection des majeurs

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            Durant le forum des métiers organisé au lycée le samedi 23 janvier 2016, nous avons rencontré différents représentants de métiers de tous thèmes. Laurent Costa, mandataire judiciaire à la protection des majeurs a eu la gentillesse de répondre à nos questions.

 

Pour commencer, quel est votre nom-prénom et depuis combien de temps exercez-vous ce métier ? Dans quelle entreprise ?

            Je m’appelle Laurent Costa, j’exerce le métier de mandataire judiciaire à la protection des majeurs depuis mai 2011. Je n’exerce dans aucune entreprise, c’est une profession libérale : j’exerce  seul, je m’organise comme je le désire pour travailler.

 

En quoi consiste votre métier ?

Je suis mandataire judiciaire à la protection des majeurs, c'est-à-dire que je m’occupe des personnes qui n’ont plus la capacité soit physique ou intellectuelle de se gérer eux-mêmes et je travaille avec des juges au sein des tribunaux qui détectent le problème et qui me nomme pour m’occuper des personnes.  Je vais gérer toute la partie administrative de la personne : ses comptes en banque ; ses relation avec la Sécurité Sociale ; gérer avec les notaires en cas de décès ; de voir avec les avocats en cas d’abus …

J’ai donc une profession où je suis en contact avec tout le monde judiciaire et le monde médical principalement.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à exercer ce métier et dans quel but ?

            J’ai exercé ce métier là parce que j’ai eu l’occasion de rencontrer un collègue qui m’a expliqué son métier et j’ai trouvé ce métier très intéressant, c’est un métier de contact où on est là pour aider les autres. J’ai repris mes études à 50 ans pour faire ce métier. Auparavant, je travaillais à La Poste. Je faisais déjà beaucoup de social et donc je continue aujourd’hui mais pour les juges des tutelles au sein des tribunaux.

 

Quel est votre parcours scolaire ?

            J’ai un parcours un peu atypique. J’ai tout d’abord fait un BTS de comptabilité suivi d’une spécialisation en DUT technique de commercialisation. Pendant 20 ans, j’ai fait du commerce international pour ensuite aller travailler à La Poste. J’ai quitté La Poste au bout de 8 ans parce que ça ne correspondait pas à mes aspirations sociales.

 

Votre métier est-il à la hauteur de vos attentes ?

            Oui, tout à fait parce que j’ai eu la chance de rencontrer des professionnels avant de faire ce métier. En les interrogeant, je me suis aperçus qu’effectivement, ça correspondait à mon esprit, à ce que je voulais faire. Donc je suis parti passer mon diplôme et je suis très content de pratiquer cette profession aujourd’hui. Il correspond à 100% à mes valeurs d’aider les autres.

 

Est-ce que votre métier vous prend beaucoup de temps ?

            Alors, comme c’est une profession libérale, oui ou non, ça dépend de la charge de travail que vous désirez. Je travaille à peu près 50 heures par semaine, ça me suffit. En revanche, j’ai des

collègues qui travaillent plus que moi et d’autre qui travaillent moins que moi. Vous choisissez ce que vous désirez.

Avez-vous le temps d’avoir une vie de famille ?

            Je fais un juste milieu entre la vie professionnelle et la vie familiale, c’est pour cela que je fais à peu près 50 heures, 10 heures par jour. De plus, je n’ai pas de transport parce que je travaille au départ de chez moi, ce qui est un avantage. Et  le week-end et le soir, je ne travaille pas, ce temps là est réservé à ma famille.

 

Est-ce facile tous les jours ?

            Non, c’est n’est pas un métier facile tous les jours parce qu’on est confronté à des situations qui peuvent être extrêmement dramatique. Par exemple, je travaille avec des personnes qui peuvent se retrouver dans la rue, qui sont totalement SDF. Effectivement, ce n’est pas simple à gérer. Je travaille aussi des fois avec des personnes très malfaisantes qui essaient de dépouiller d’autres personnes, donc de l’abus de faiblesse ; sur les personnes âgées ; de la maltraitance physique, psychologique. Ce secteur là n’est pas forcément facile. Il est donc très important d’avoir une vie familiale équilibrée à côté justement pour décompresser.

 

Est-ce que vous vous entretenez avec ces personnes ?

            Oui, c’est un métier de contact. Je rencontre la personne qui est mise sous ma responsabilité et je suis en contact avec des juges, des notaires, des avocats, des médecins, le préfet, le procureur de la République, le maire des communes, des assistantes sociales … c’est un métier avec beaucoup de contacts et de relations humaines.

 

Vous arrive-t-il de travailler avec des mineurs ?

            Pour moi, c’est la protection des majeurs, donc à partir de 18 ans. En revanche, il y a d’autres personnes qui eux, s’occupe de la protection des mineurs, mais c’est un autre secteur et ce ne sont pas les mêmes droits.

 

Quel est votre salaire mensuel ?

            Comme c’est une profession libérale, vous gagnez par rapport au travail que vous effectuez. Par exemple,  j’ai 42 dossiers. En revanche, j’ai des collègues qui travaillent avec 10 dossiers et d’autres avec 150 dossiers, moi c’est fluctuant, car il peu y avoir des gens qui décèdent et donc je gagne moins d’argent. Mais sur une année complète, je dois être à peu près autour de 3 500 € net par mois.

 

Restez-vous dans le secteur ou il vous arrive de vous déplacer ?

            A 90%, je travaille dans le Val d’Oise, mais effectivement, il m’arrive de me déplacer de me déplacer à travers la France car les personnes peuvent avoir des maisons en Province, au bord de la mer ou n’importe où. Il faut pouvoir vendre ces maisons là pour payer des maisons de retraite  la plupart du temps ou si la personne a beaucoup d’aide, vendre leurs biens immobiliers. Je suis donc obligé de me rendre en Province pour mettre en vente le bien immobilier qui appartient à la personne.

Il m’arrive de devoir vendre des champs agricoles ; des calvaires qu’on ne vend pas forcement mais on en fait don à la commune ou au département ; des châteaux, des granges, des fermes, des bois … plein de chose comme ça.

 

Conclusion :

            Grâce à ce forum, nous avons pu découvrir et discuter de différents métiers ou en découvrir de nouveau comme celui de mandataire judiciaire à la protection des majeurs. Ce métier nous a beaucoup intéressé et nous remercions Laurent Costa de nous l’avoir aussi bien présenté.

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Propos recueillis par Emma Lahaye et Camille David le 23-01-2016