(Interview fictive d’un immigré clandestin)

Le rêve d’une vie meilleure

Interview réalisée par Hugo C.

 

Amassou Cissoko, 54 ans, originaire du Mozambique, répond à nos questions :

 

1) Votre départ est-il lié à des raisons politiques, économiques ou personnelles ?

Comme vous le savez sûrement, le Mozambique était en conflit de 1964 à 1974 pour son indépendance et c’est durant cette période de guerre que j’ai quitté le pays pour partir vers la France.

 

2)Pourquoi avez vous choisi la France comme destination ?

Si j’ai choisi la France, c’est parce qu’à ce moment là, la France faisait appel à de la main d’œuvre étrangère, c’était pour moi le meilleur moyen d’obtenir du travail et pouvoir ainsi vivre correctement.

 

3) Comment s’est passé le voyage en France et dans quelles conditions ?

Le voyage a été épouvantable, long et périlleux … Nous avons d’abord rencontré des passeurs qui nous ont emmené dans une petite jeep alors que nous étions une dizaine jusqu’à une plage où nous arrivâmes de nuit après un trajet de près de 8 heures ! Tout juste arrivés sur cette plage, les passeurs nous donnèrent une vieille barque avec un vieux moteur, je ne vous cache pas que ce n’était pas très rassurant mais un monde nouveau nous attendait ! Le voyage en bateau dura plusieurs heures de plus, la mer était très agitée cette nuit là ! Nous arrivâmes alors sur les côtes espagnoles. Là bas, je rencontrai un vieil ami qui m’amena alors jusqu’en France.

 

4) A votre arrivée étiez vous optimiste ou sceptique ?

La France était pour moi un monde nouveau, l’occasion de découvrir de nouvelles choses, de vivre autrement, mais surtout, de pouvoir vivre enfin normalement et gagner ma vie.

 

5) Saviez vous parler le français à l’époque ?

A l’époque, mon français était très réduit et limité, mais à mon arrivée, je fus hébergé par des amis de mes parents qui m’apprirent alors à parler le français pour que je puisse ainsi me débrouiller tout seul dans la ville.

 

6) Quel âge aviez vous alors ?

J’étais encore jeune à cette époque, tout juste âgé de 18 à peine et fils aîné de ma famille, j’étais alors l’espoir de ma famille.

 

7)Comment aviez vous été reçu à votre arrivée ?

A mon arrivée, je fus bien aidé par des amis et de la famille, mes parents avaient de nombreux contacts en Europe, surtout en France.

 

8) Ensuite a t-il été facile de trouver un emploi ?

Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, la France cherchait beaucoup de main d’œuvre à ce moment-là, et il m’a donc été très facile, et ce même malgré mon statut de clandestin , de trouver du travail quelques semaines après mon arrivée .

 

9) Vos employeurs sont-ils au courant de votre statut de clandestin ?

Recherchant beaucoup de main d’œuvre à cette époque, mes employeurs ne se sont jamais posé cette question, et mes camarades de travail finirent par savoir que j’étais alors clandestin mais heureusement ceux-ci, et ce par solidarité, ne me dénoncèrent pas et cherchaient même à m’aider. Un sentiment rare surtout à cette époque !

 

10) Imaginiez vous la vie en France comme vous la vivez aujourd’hui ?

Oui et non … D’après ce que l’on me disait de la France, je l’imaginais comme une solution parfaite. Disons qu’elle a ses avantages comme ses inconvénients. Une fois arrivé, tout ne s’ouvre pas à nous comme je l’imaginais, il faut savoir ensuite se débrouiller tout seul mais il faut avouer que trouver du travail a été extrêmement facile et que ce dernier était plutôt bien payé par rapport aux revenus de mon pays.