Une rencontre particulière :

Interview d’un jeune clandestin

 

D’abord réussir à émigrer, ensuite trouver un travail et enfin des papiers ; l’immigration ? Une triple peine !

 

 

D’où venez-vous ?

Je viens du Bénin. C’est un pays d’Afrique Subsaharienne qui se situe dans le golf de Guinée entre l’Algérie et le Togo.

 

Pourquoi êtes-vous parti ?

Dans mon pays, le travail est rare et mal payé. Cela ne me permettait pas de nourrir toute ma famille.

 

Comment êtes-vous venus ?

J’ai pris tout l’argent que nous avions chez nous et je suis ensuite parti à pied ou sur des camions de marchandise en cachette. Ensuite, je suis arrivé en Tunisie pendant les émeutes de la révolution du Jasmin. Ça a donc été facile de profiter du désordre pour contacter un passeur et prendre un bateau.

 

Avez-vous un travail ?

Actuellement non, j’enchaîne les chantiers sans postes fixes ; je bricole à droite a gauche …

 

Comment vivez-vous en ce moment ?

J’ai rencontré un autre Béninois qui me loge chez lui en attendant que je sois autonome.

 

Regrettez-vous d’être parti ?

Parfois oui. Je pensais que tout allait être plus simple et que je trouverais un travail tout de suite.

 

Des gens vous manquent-ils ?

Ma famille oui, j’envisageais de revenir les voir tous les mois mais voilà deux mois que je suis bloqué ici.

 

Saviez-vous parler Français ?

Oui, mon père a été au service d’un officier Français pendant la 2èmè guerre mondiale. Il m a appris la langue des ma naissance.

 

Subissez-vous des discriminations ?

En fait, des personnes sont bien racistes avec moi mais elles me le font ressentir plus qu elles ne me le disent directement. Ils ne me disent rien en face et sont froids et distants avec moi, ne m'aident en aucun cas pour un renseignement par exemple.

 

Qu’allez-vous faire maintenant ?

Je vais continuer à chercher du travail et je compte me présenter à une ASTI pour écrire des lettres de motivations la semaine prochaine.

 

Propos recueillis par Pierre T