Portrait d’un jeune immigré subsaharien :

L’immigration , rêve ou réalité ?

 

Mamush, un jeune éthiopien de 20 ans, est arrivé clandestinement en France il y a un mois, en espérant trouver un travail, un logement, et prendre un nouveau départ. Récit d’une personne prête à tout pour réaliser son rêve.

 

Mamush, d’ou venez vous ?

Je viens de la région d’Afar, en Ethiopie, d’un petit village de bergers.

 

Pourquoi êtes-vous parti ?

A cause de la guerre. Mon village a été détruit, j’ai perdu ma famille et mes amis. La pauvreté aussi, car il n’y a pas vraiment d’avenir pour un fils de berger éthiopien. Je travaille depuis mes dix ans, mais je suis allé à l’école. Je voulais découvrir la France, car dans mon pays chacun dit qu’on devient riche ici.

 

Etes vous venu seul ou à plusieurs ?

Un ami de mon père m'a proposé de me faire quitter le pays avec d’autres membres des villages de ma région. Pour ce voyage, j’avais donné toutes les économies que j’avais retrouvé dans les décombres, en plus de ce que je possédais déjà. Au fur et à mesure, nous devions être rejoins par des africains de toute l’Ethiopie. Le point de rencontre était Himora, à la frontière du Soudan. Nous étions en tout une trentaine.

 

Comment s’est passé le voyage ?

Ce fut extrêmement difficile, car nous avons traversé de nombreux pays en crise eux aussi, comme le Soudan. Nous roulions souvent de nuit, pendant des jours et des jours, sans nourriture. Parfois nous nous arrêtions dans un endroit sûr et on nous donnait un peu d’eau, des céréales. Certains disparaissaient quelque fois, et la peur régnait. En tout, le voyage a duré plus d’un mois, pour arriver enfin à  la côte méditerranéenne. La partie la plus dure du voyage est la traversée de la mer. On nous a fait embarquer dans des bateaux minuscules, en bois, qui paraissaient très peu solides. Beaucoup d’entre nous sont morts, malheureusement…

 

Comment s’est passée votre arrivée en France ?

Elle fut cette fois encore difficile, car entrer en Espagne était très compliquée. Arrivé en France, je me suis retrouvé face aux autorités, et j’ai vécu plusieurs jours sans savoir ce qu’ils allaient faire de moi.

 

Quelle est votre situation aujourd’hui ?

Je vis dans un foyer d’accueil à Marseille, et je n’ai toujours pas reçu ma carte de séjour. Je suis donc toujours en situation irrégulière.

 

Pensez vous toujours trouver ce que vous étiez venu chercher ?

Malgré ma situation, je pense toujours que je vais trouver un travail, un logement. Je ne perds pas espoir car de toute façon, la vie ici vaut toujours mieux que la vie en Ethiopie. Et le voyage était trop difficile pour que je reparte, je trouverai donc une solution .

 

Propos recueillis par Elisa S.