La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules est un recueil de textes poétiques de Philippe DELERM, qui a été publié en 2012. C’est d’ailleurs l'œuvre la plus célèbre de l’auteur et celle qui l’a fait découvrir du grand public. Ce recueil est composé de nombreux textes courts en prose sur les plaisirs simples et quotidiens de la vie, comme manger un croissant frais le matin en rentrant de la boulangerie ou prendre un banana split dans un restaurant.
L'auteur nous présente dans ces petits fragments  de l’existence de nombreuses métaphores qui transforment des scènes de vie simples en scènes fantaisistes, telles que le texte “Les boules en verre”, où les flocons de neige deviennent sous la plume de l’auteur des boules de verre qu’il fait danser.
De plus, l’utilisation du pronom personnel “on”, permet de nous identifier au protagoniste, le narrateur, et de nous immerger dans ces scènes fantastiques, d’éprouver plus intensément les émotions et sentiments heureux ou nostalgiques que le texte cherche à susciter. Nous pouvons également souligner la présence de descriptions très précises de sensations et d’images qui nous plongent dans l’univers évoqué par l’auteur, comme dans le poème “L’autoroute la nuit” : “Puis la cafétéria, une épaisseur vaguement poisseuse, comme dans toutes les gares, tous les havres nocturnes. Expresso - supplément sucre. C'est l'idée du café qui compte, pas le goût. Chaleur, amertume. Quelques pas gourds, le regard vague, quelques silhouettes croisées, mais pas de mots.”
Philippe DELERM parvient également à trouver du sens là où nous n’en voyons pas, ou plutôt là où nous n’en cherchons pas, comme dans le poème “le cinéma”, où il décrit la fin d’un film au cinéma de cette façon : “L'obscurité se fait, l'autel s'allume. On va flotter, poisson de l'air, oiseau de l'eau. Le corps va s'engourdir, et l'on devient campagne anglaise, avenue de New York ou pluie de Brest. On est la vie, la mort, l'amour, la guerre, noyé dans l'entonnoir d'un pinceau de lumière où la poussière danse.”
On peut aussi voir dans cette œuvre une critique de la société et des codes qui la rendent si sévère. L’auteur montre qu’il est bon de céder à la gourmandise d’une sucrerie, mais lorsque l’on est adulte, c’est comme si succomber à nos désirs était devenu un acte coupable, défini par les mœurs de la société.

Ce recueil n’est pas seulement un recueil de proses poétiques recueillant les voyages et souvenirs personnels de l’auteur mais aussi l’évocation de souvenirs communs à tous les Hommes, liés à l’enfance, à l'adolescence ou à l’âge adulte. Nous pourrions d’ailleurs le comparer à un recueil de madeleines de Proust, chacune habilement présentée. C’est une sorte de communion de l’auteur avec le lecteur, qui se sent blotti entre les phrases rassurantes de chaque texte, partageant intimement un univers qu’il découvre proche du sien.

En somme, La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules est un recueil de textes poétiques courts, se présentant avec simplicité à l’instar des « plaisirs minuscules » de la vie, qui apportent joie et réconfort au lecteur. La simplicité de cette œuvre est telle que la meilleure description que nous pourrions lui donner serait son titre.  Paul