Albert Cohen est un écrivain suisse du XXe siècle, né en Grèce mais grandissant en Suisse romande, partie francophone du pays. A la suite d’un pogrom, sa famille est contrainte de s’installer à Marseille, puis à Genève. Ses écrits sont surtout influencés par sa culture juive, issue de ses racines. Il publie son premier roman en 1930, mais devient vraiment reconnu en 1968 pour Belle du Seigneur.

Albert Cohen est un écrivain suisse du XXe siècle, né en Grèce mais grandissant en Suisse romande, partie francophone du pays. A la suite d’un pogrom, sa famille est contrainte de s’installer à Marseille, puis à Genève. Ses écrits sont surtout influencés par sa culture juive, issue de ses racines. Il publie son premier roman en 1930, mais devient vraiment reconnu en 1968 pour Belle du Seigneur.

Belle du Seigneur est le troisième d’une tétralogie suivant les mêmes personnages. Il n’est pas nécessaire de lire les deux autres romans pour comprendre ce roman-fleuve, qui suit Solal et Ariane dans une course à l’amour. L’histoire s’ouvre sur la conquête de la jeune Ariane, femme mariée suisse de famille bourgeoise et chrétienne. Le conquérant, Solal, est un jeune grec beau, mystérieux, travaillant pour la SDN, ancêtre de l’ONU. Tout au long du récit, nous naviguons dans la vision intérieure de chacun des personnages.

Pour être très honnête, j’ai commencé ce livre à reculons, notamment à cause de son volume assez imposant. Je me suis lancée, et j’ai eu du mal à avancer. Puis, la fin de la première partie est vite arrivée, et tous ces freins ont vite été oubliés. En effet, très vite, je ne pouvais plus m’arrêter. C’est un peu comme une montagne à gravir : c’est un travail éprouvant, mais lorsqu’on arrive au sommet, on est complètement changé et s’offre à nous une vue époustouflante.
Belle du Seigneur est une tragédie amoureuse magnifique. De plus, c’est une tragédie moderne, qui ne concurrence pas les tragédies antiques. Ce roman est plus accessible, plus passionnant selon moi. 
Ce roman nous fait passer par toutes les étapes de la relation amoureuse : ses joies, ses peines, ses moments d’ombre et ses contradictions. C’est une histoire parfois lumineuse, parfois cynique, révélant les vérités qui font mal et les phases de l’amour que personne ne souhaite connaître. En bref, si vous souhaitez vous sentir vivant et pleins d’émotions, ce livre est fait pour vous.
Cependant, on pourrait reprocher à Belle du Seigneur d’être trop tourné vers des sentiments amoureux au point d'en devenir presque écœurants. Les deux amants cherchent à tout prix à s’aimer passionnément… Ce qui  peut être destructeur et agaçant pour le lecteur. Ma seule envie pendant ma lecture était de secouer ces jeunes adultes. Mais finalement, n’est-ce pas cela l’amour ? N’est-ce pas une chose que seuls les amoureux au sein d’une même relation peuvent comprendre ?
Les personnalités des deux amants sont parfaitement décrites, ce sont des êtres en quête de bonheur et qui sont intéressants par leur complexité. Ils désirent s’aimer plus que tout, parfois trop, ce qui, petit à petit, modifie le caractère de leur relation. Leur volonté de trouver un amour parfait et équilibré devient obsessionnel, ce qui les détruit. Solal et Ariane s’opposent mais s’accordent, elle l'ensoleillée, lui le sensible impassible. 
L’amour est certes au centre de ce roman, mais d’autres sujets sont abordés comme la bourgeoisie, les préjugés, la vie en société, etc. De plus, les jeunes amants évoluent dans un contexte de Seconde Guerre mondiale. Ce sont des éléments importants dans le livre, qui ont beaucoup d’importance dans le récit. Ils permettent notamment d’expliquer et de dénoncer le malaise d’une époque, dont l’antisémitisme grandissant est montré. Les notes d’humour à propos des mœurs m’ont plu.
Le style d’écriture d’Albert Cohen est selon moi incommunicable. C’est une preuve du talent de l'auteur. C’est impossible de le décrire tant c’est beau. Les scènes sont subtilement décrites, Cohen joue avec les mots, il les manie et les sublime avec une telle précision ! Au fil des chapitres, les styles varient, ce qui ne nous laisse pas nous ennuyer. La puissance littéraire de ce livre est incontestable.