Les grands incendies de Peshtigo, 8 octobre 1871

 

Il est clair que le réchauffement climatique et la sécheresse de la végétation qu’il renforce, participent à l’aggravation des incendies mais ils n’en sont pas les facteurs déclencheurs. Les incendies ne sont donc pas à mettre sur le compte du réchauffement contrairement aux idées communes véhiculées ici ou là dans les médias et certains cercles militants. Leur déclenchement a dans la majorité des cas des causes anthropiques, qui se conjuguent avec une hausses des températures favorable à leur extension dans les espaces forestiers souffrant de dessiccation. Le grand incendie de Peshtigo dans le Wisconsin à l’automne 1871 illustre un phénomène que les Anciens connaissaient également. Thucydide évoque ainsi un incendie fortuit sur l’île de Pylos en pleine guerre du Péloponnèse, d’une importance telle que « la cendre […] s’élevait en masse dans l'air et l'on n'arrivait pas à voir ce que l'on avait devant soi, à cause des traits et des pierres lancés par tant de mains et volant en même temps que la cendre » (La Guerre du Péloponnèse, 34-2). Revenons à Peshtigo. Il semblerait que l’incendie ait été déclenché par des ouvriers qui travaillaient alors sur une voie ferrée. L'été avait été très sec et le feu s'était propagé rapidement. Certains survivants ont déclaré qu'il se déplaçait si vite qu'il ressemblait à une tornade, les historiens n’hésitant pas à parler d’une « tempête de feu » ravageant bouleaux, pins et épicéas. La vitesse des flammes avait consumé tout l'oxygène disponible. Certains de ceux qui tentaient de fuir ont été pris dans les flammes qui se déplaçaient très vite en raison de vents violents et qui faisaient plus de 50 m de hauteur, explosant littéralement et faisant dire à certains qu’il s’agissait d’une tornade de feu. Peshtigo ainsi que 16 autres petites villes furent touchées et le bilan a été de près de 1200 morts, dont 800 pour la seule Peshtigo. La surface totalement brûlée est estimée à 1.2 à 1.5 million d’acres (soit 400 000 à 600 000 ha, soit plus de 10 fois la surface brûlée en Gironde en 2022).

Robert Chevrou dans un article de 1968 décrit en détail l’incendie. Ce qu’il importe ici est de replacer cet incendie dans une configuration plus large à laquelle est également rattaché le grand incendie de Chicago du 8 au 11 octobre 1871 (plus de 300 morts). L’été avait été très chaud dans le Midwest avec des vents forts soufflant du sud vers le sud-ouest. Comme très souvent dans les catastrophes, les causes sont en réalité systémiques ; pratiques du brûlis par les agriculteurs, braises sur le chantier du chemin de fer mal évaluées, accumulation de broussailles le long des voies, activités d’autres chantiers où le feu est utilisé. Ces incendies, concentrés dans le temps et l’espace, ont été des catastrophes singulières à l’heure où les effets du réchauffement climatique sont encore modestes, voire inexistants. Ils furent les plus meurtriers de l’histoire des Etats-Unis. 

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Extension des incendies de Peshtigo

Références bibliographiques 

PERNIN, Peter (Rev),  The Great Peshtigo Fire: An Eyewitness Account,  Madison,  The State Historical Society of Wisconsin, 1999

PERNIN Peter (Rev), The Great Peshtigo Fire: An Eyewitness Account, The Wisconsin Magazine of History   1971

GESS Denise, LUTZ William, Firestorm at Peshtigo: A Town, Its People, and the Deadliest Fire in American History, New York, Henry Holt and Company, 2003