Un exemple d'exposition immersive: "Tenue correcte exigée - quand le vêtement fait scandale "

L'exposition "Tenue correcte exigée - quand le vêtement fait scandale ", qui se déroule au musée des Arts décoratifs à Paris du 1er décembre 2016 au 23 avril 2017, est un exemple d'exposition qui cherche à présenter son sujet en mettant le spectateur en immersion : il s'agit de le faire participer à ce qu'il voit de plusieurs manières.

  • L'entrée met tout de suite en scène le sujet de l'exposition - quels sont les codes qui règlent notre façon de nous habiller, comment ont évolué ces normes et quelles subversions en ont été proposées dans l'histoire - en nous faisant percevoir des jugements de valeur sur notre manière de nous habiller, de trois façons : sur les marches des escaliers, sur la porte de l'exposition, et dans le couloir qui nous mène à l'exposition proprement dite, où le visiteur entend deux voix et est invité à se regarder dans la glace (écoutez dans la vidéo les remarques : "ça te boudine", "c'est une robe ou une meringue ?"). De la sorte, nous sommes immédiatement interpellés par le sujet. 

Vidéo: entree_tenue_correcte_exigee.m4v

Voici un extrait du dossier de presse qui explique les choix scénographiques de Constance Guisset :

" L’entrée monumentale annonce le sujet dès les marches menant aux espaces d’exposition. Des phrases désobligeantes inscrites à la façon de graffitis rappellent les thèmes abordés : l’interdit, la transgression, le poids des normes et les règles d’usage. Une fois le seuil franchi, le visiteur est accueilli par un tableau de Cranach l’Ancien représentant Adam et Eve : le vêtement associé au péché originel sert de point de départ.

Le parcours se poursuit avec une expérience immersive : le visiteur traverse un couloir rouge vif où résonnent persiflages et railleries, le soumettant aux normes et à la subjectivité explorés juste après."

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IMG_2059.jpg, fév. 2017

 

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  • Le parcours ne suit pas un ordre chronologique, comme une exposition plus traditionnelle, mais propose une visite par thèmes : l'excès (trop de tissus, pas assez, trop décolleté, trop large comme les baggy), par exemple, ou encore les différents vêtements à porter (au quotidien, selon sa catégorie sociale, dans les cérémonies).
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IMG_2073.jpg, fév. 2017
  • Il joue à reproduire les "dress codes" des magazines de mode:
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IMG_2085.jpg, fév. 2017
  • Il cherche à s'adresser à différents types de spectateurs, d'âges et de cultures différents, en leur proposant différentes expériences audio-visuelles (en cherchant à solliciter leurs différents sens) :
  1.  Observer des vitrines où sont présentés des vêtements et accessoires, des photographies, des tableaux, des gravures satiriques, des livres qui disent comment il faut ou ne faut pas s'habiller. Vous voyez sur la première photographie qu'on met un peu le visiteur en action en lui proposant d'ouvrir les "livres" accrochés au mur. 
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IMG_2064.jpg, fév. 2017
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IMG_2078.jpg, fév. 2017

 

2. Visionner des extraits de films (parmi lesquels Barry Lyndon, Marie-Antoinette, Un Tramway nommé désir, Le Diable s'habille en Prada...) ou de publicités (Eram, réalisée par E. Chatiliez), voire d'interviews de "spécialistes" en conseils de mode :

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IMG_2068.jpg, fév. 2017

3. Ecouter des chansons qui parlent des vêtements de personnes qu'on moque parce qu'elles sont habillées avec des vêtements de l'autre sexe.

Extrait du dossier de presse : 

"L’exposition se divise en trois parties, clairement identifiées par des choix colorimétriques. La première partie aborde les normes et les règles, dans des tonalités grises. La deuxième partie, intitulée "Fille ou garçon", évolue en dégradés de violet. La dernière partie est placée sous le signe de l’excès, avec une explosion de couleurs pop.

Tout au long du parcours, des paravents rythment l’espace. Peints, tapissés ou en miroir, ils évoquent les salons d’essayage et permettent d’identifier en un regard le thème d’une vitrine.

Des moments ludiques sont proposés grâce à des jeux interactifs, des assises sonores et un écran géant. le visiteur peut y faire une pause tout en s’appropriant un peu plus le contenu de l’exposition. "

Le site internet du musée des arts décoratifs propose de prolonger l'exposition à travers des focus sur différents thèmes explorés lors de la visite : le christianisme face au vêtement, le pantalon féminin, la capuche, le vêtement trop ample. 

Le site du Monde propose une visite de l'exposition en compagnie du créateur de mode Jean-Paul Gaultier. 

Lien vers la vidéo si vous ne la lisez pas ci-dessous :