Critique du livre de Gaël Faye, “Petit Pays

 

“Petit pays” est un livre paru en 2016, écrit par Gaël Faye. Ce roman a d’ailleurs reçu le prix Goncourt des lycéens en 2016. Ce roman n’est pas une autobiographie, il raconte l’histoire d’un petit garçon, Gabriel, vivant à à Bujumbara, une ville du Burundi, un petit pays d’Afrique, victime du génocide entre les Hutus et les Tutsis. Dans ce livre, Gaël Faye parle de l’enfance heureuse de ce petit garçon avec ses parents, sa sœur et ses copains, mais aussi du traumatisme de la guerre et du génocide, de la peur, et l’angoisse.

 

Ce livre m’a beaucoup plu, car il aborde un sujet dont on parle peu : le massacre des Tutsis par les Hutus. En effet en 1994, vivaient au Rwanda comme au Burundi, trois communautés : les Tutsis, les Zaïrois et les Hutus, qui étaient les plus nombreux. Ils vivaient tous en paix, et avaient la même langue, la même religion et le même pays, la seule différence était une question de communauté. Ils vivaient tous en paix jusqu’au génocide. Tout a commencé lors de l’assassinat du président du Rwanda et du Burundi, abattu dans un avion. A la radio, on accuse les Tutsis d’être responsable de leur mort, la population hutu a donc été appelée à prendre les armes, en représailles. C’est le début du massacre.

 

J’ai apprécié la forme du livre, car cela raconte une partie de l’enfance de Gabriel mais le livre ne parle pas que de la guerre. En effet, il parle aussi d’avant, lorsque Gabriel sortait avec ses copains, Gino, les jumeaux, Armand et Francis. Ils jouaient à l’école, dans l’impasse, et étaient heureux tous ensemble. On ressent vraiment en lisant ce livre l’innocence enfantine de Gabriel qui change radicalement face aux événements suivants. On peut voir la façon dont il perd toute cette innocence, et grandit subitement à cause de cette guerre qui lui a tout pris.

 

Dans ce livre, l’angoisse et l’horreur de la guerre, de la mort très proche sont très bien décrites et représentées. On peut s’imaginer ce qu’ont pu ressentir les personnages grâce à la description des scènes et des sentiments. La description de la mère de Gabriel qui est tutsi en fait partie. En effet, elle était partie prendre des nouvelles de sa sœur et de sa famille et elle revient complètement transformée. Elle est amaigrie, et ne parle plus jusqu’à ce fameux soir où elle raconte à ses enfants qu’elle est allée chez sa sœur, tante Eusébie, qui était tutsi et qui ne répondait plus au téléphone. Elle raconte qu’elle est allée dans la maison de sa sœur, qu’elle sentait une odeur insupportable, mais qu’elle a trouvé le courage de continuer, et qu’elle a trouvé les quatre cadavres de ses neveux, allongés par terre, en train de se décomposer. Elle n’a jamais retrouvé sa sœur, mais elle avait perdu sa lucidité, sa force, et était devenue une autre personne, effondrée, silencieuse.

 

 

J’ai bien aimé la manière dont le livre est écrit, avec des phrases plutôt courtes, des descriptions mais surtout des actions, des personnages attachants, comme le père de Gabriel qui essaye de protéger ses enfants de la guerre, qui est présent pour eux même si c’est compliqué.

Il y a aussi le personnage de la mère de Gabriel, qu’on voit peu finalement, mais que Gabriel admire, on le ressent bien dans la manière dont il parle d’elle, notamment à la fin, quand il retourne au Burundi, vingt ans après avoir vécu en France. Il retourne dans son quartier avec Armand et plein de souvenirs lui reviennent. Il entend une voix qui chantonne, et aperçoit sa mère qu’il n’a pas revue depuis, qui parle de taches au sol qui ne partent pas. Elle est assise par terre, le regard vide, on dirait qu’elle a pris cinquante ans depuis que Gabriel ne l’a pas vue. Il se penche vers la vieille dame, et elle semble le reconnaître à la manière dont elle le regarde. Elle pose sa main sur sa joue, et dit : « c’est toi, Christian ? ». Or Christian est le fils mort de sa sœur, dont elle a vu le cadavre, et les taches de son sang au sol qui ne partaient pas. On constate donc que sa mère a complètement perdu la tête depuis cet horrible jour où elle a dû enterrer le corps de ses neveux, et nettoyer leurs corps décomposés de trois mois, elle dit

« - J’ai voulu les prendre, mais ils me filaient entre les doigts »

Ce livre comporte beaucoup de dialogues, ce qui rend le récit plus vivant.

 

Ce livre m’a beaucoup plu, j’ai vraiment pris du plaisir à le lire, et j’ai pu apprendre beaucoup de choses grâce à cette histoire.

 

Elise