Mur Méditerranée et l’immigration

 

 

L’immigration : le fait de quitter son pays de naissance ou d'origine pour s'installer de façon durable, voire définitive, dans un autre pays.

 

Aujourd’hui, la question de l’immigration est un sujet constamment au centre de l’actualité. Malgré cela, peu de romans s’emparent vraiment de ce thème qui est pourtant riche en inspiration.

Mur Méditerranée, roman de Louis-Philippe Dalembert, nominé au prix Goncourt, a finalement osé écrire sur ce sujet sensible.

 

Mur Méditerranée raconte l’histoire de trois jeunes femmes originaires d’Afrique, qui, pour des raisons différentes, vont vouloir quitter leur pays dans le but de commencer une nouvelle vie en Europe. On va donc tout au long du livre, assister à leur parcours. Elles vont, avec des raisons de départ, origines et expériences différentes, se retrouver dans le même chalutier, leurs chemins s’entremêlant jusqu’à se réunir.

 

Elles sont :

 

-Chochana, une jeune Nigérienne qui cherche à fuir Boko Haram,

-Semhar, qui part d’Érythrée, un pays pauvre avec aucun avenir pour les jeunes,

-Dima, de Syrie où Bachar el-Assad assassine le peuple, elle fuit les bombes.

 

 

Dans le livre, on rentre complètement dans les détails avec une retranscription vivide de ce que les jeunes femmes vivent (comme les viols ou les insultes ou encore les entassements de migrants dans des entrepôts insalubres) retouchée par des touches d’humour noir dans une ambiance généralement macabre.

 

Différents sujets sont abordés, brièvement ou radicalement, comme évidemment l’immigration et à l’intérieur, les passeurs, l’abus, le viol, le racisme, le trafic d’humains, l’homophobie, les clichés.

 

Mur Méditerranée brise en effet des clichés, en cassant l’idée banale que l’on se fait des migrants, comme des gens, tels du bétail, qui arrivent et arrivent en Europe et volent nos emplois.

 

En effet, les migrants sont si souvent, que ce soit dans les journaux où par les passeurs, vus comme du bétail que ce roman nous rappelle brutalement la réalité, que toutes ces personnes ne sont qu’humaines. Qu’ils ne partent pas sans raison, que s’ils ont l’air prêts à tout, c’est parce qu’ils n’ont plus rien à perdre.

 

Le livre, dès son titre « Mur », rappelle aussi les nombreux drames qui arrivent pendant les trajets pour la majorité infructueux et souvent tragiques.

 

 

Depuis l'an 2000, 22 000 migrants ont péri en Méditerranée. En avril 2015, il y eut 1 100 disparus dans cette mer difficile à contrôler. Le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) a relevé que c'est « une hécatombe jamais vue en Méditerranée ».

 

 

De plus, ce livre, comme l’avait exprimé l’auteur lors des rencontres régionales, se concentre sur l’expérience de trois femmes, ce qui change du point de vue habituel, masculin, pour un point de vue féminin. Car les femmes, qui elles aussi se battent pour leur survie sont bien souvent oubliées et négligées.

 

Le livre est bien écrit, les informations précises et bien recherchées, les personnages, principaux uniquement, bien développés.

 

Dalembert joue plus sur le décor et la retranscription que sur l’histoire en elle-même, elle, assez banale et clichée. Cela peut donc paraître ennuyant si on recherche de l’action, dû aux nombreux attardements sur les détails, mais captivant si on se plonge dans les mots. Elle nous fait nous questionner et, en nous plaçant dans la peau de ces femmes, réanime notre sentiment d’empathie, et si c’était nous ?

 

Soubatra