Les conflits pour l'eau
Par epieau5b4 le 02 février 2017, 14:54 - Lien permanent
L’eau est source de vie, elle est essentielle à l'humanité.
En cas de mauvaise gestion, de manque ou de pollution, l’eau peut également être source de conflits, de maladies et même de morts. Depuis plusieurs années, les organisations mondiales et associations mettent le doigt sur ces problèmes.
De l’avis général, la raréfaction de l'eau douce semble inéluctable. Or, un pays qui manque d’eau est un pays qui ne peut ni nourrir sa population, ni se développer. D’ailleurs, la consommation en eau par habitant est désormais considérée comme un indicateur du développement économique d'un pays. Selon une étude des Nations Unies, l'eau pourrait même devenir, d'ici à 50 ans, un bien plus précieux que le pétrole. C'est pour cette raison qu'on l'appelle souvent l'or bleue.
I)Les conflits pour l'eau dans le monde et dans les pays
L'eau est très mal répartie dans le monde et de nombreux pays font face à des pénuries d’eau. C’est ainsi que des conflits liés à l’eau surviennent, et parfois même à l’intérieur des pays. En effet, si un pays situé en amont du fleuve décide d'installer un barrage, il réduit les ressources en eau pour les pays situés en aval. Dans certaines zones, comme certains bassins africains par exemple, des organismes supra-étatiques ont été mis en place afin de gérer les ressources d'eau et les infrastructures en évitant les tensions.
On constate une augmentation des conflits liés aux eaux transfrontalières ces 10 dernières années et cela risque de continuer à cause de l'augmentation de la population au XXème siècle.
Ainsi, aujourd'hui, comme le montre la carte ci-dessous, les conflits à propos de l'eau sont nombreux à travers le monde, notamment :
-Au nord et au sud de l'Afrique,
-Au Moyen-Orient, au Proche-Orient
-En Amérique centrale,
-Au Canada,
-Dans l'Ouest des États-Unis,
Carte des conflits:
II) Pourquoi y a-t-il des conflits pour l'eau ?
L’eau est devenue au fil du temps, une ressource rare et convoitée.
Effectivement, avec le réchauffement climatique, il y a de moins en moins d'eau potable, ce qui crée de nouveaux conflits entre les pays qui ont accès directement à l'eau et ceux qui en ont un accès plus difficile, comme le montre la carte ci-dessous.
Par ailleurs, les besoins grandissants de cette ressource (la demande mondiale a plus que triplée en un demi-siècle) nécessitent de plus en plus des partages équitables pour éviter d'engendrer des crises graves, voire des conflits armés.
Enfin, fleuves transfrontaliers, grands aménagements hydrauliques, mauvaise répartition entre les activités humaines ou pénurie sont autant de raisons de crises. Comme de nombreux fleuves sont partagés entre plusieurs Etats (plus de deux cents réseaux hydrographiques sont partagés entre deux pays au moins), les motifs de querelles sont variés : barrage, détournement d’eau, réduction du débit, pollution, pénurie... Le droit international n'est d'aucun secours dans ces situations car il est très flou et n’impose aucune règle. Il ne constitue aucune obligation pour les Etats.
Elaborer un plan de partage équitable des eaux entre pays reste donc hautement stratégique. Car si une volonté réelle de coopération régionale entre les pays amont et aval ou entre les pays frontaliers n’arrive pas à se mettre en place, des conflits peuvent éclater.
- Un stress hydrique qui touche une large partie du globe

III) Les solutions pour éviter les conflits liés à l'eau
Première solution :
Trouver un accord entre deux (ou plus) états pour que chacun ait le même nombre de litres d'eau, et lorsque c'est payant, au même tarif.
Deuxième solution :
Permettre aux populations des zones rurales et arides d’avoir accès facilement à une eau potable, de façon écologique et peu coûteuse : c’est l’idée d’un architecte italien avec sa tour Warka. Faite de bambou, elle permet de capturer l’humidité de l’air pour la transformer en eau propre à la consommation. Le premier modèle a vu le jour en Éthiopie et le projet devrait maintenant se développer à travers le monde.
Troisième solution :
Transporter de l'eau en urgence vers les régions qui en manquent n'est pas chose aisée. On fait en général appel à des navires-citernes (tankers, en anglais) et la solution n'est pas optimale, tant au niveau économique qu'écologique. Pour améliorer cela, un projet européen baptisé XXL-Refresh vise à développer une immense poche d'eau douce à la structure modulaire afin d'en faciliter le transport. Cette solution présente plusieurs avantages, comme le fait que la structure s'adapte à la quantité demandée, qu'elle soit pliable et, surtout, peu onéreuse. Les chercheurs espèrent qu'à terme il sera possible de rendre cette poche autonome. Guidée par des moteurs électriques et par satellites, elle pourrait apporter l'eau là où il y en a besoin.
La warka
Le projet XXL-Refresh
IV ) Les exemple les plus connus de conflits
Exemple 1 :
On nomme "fleuve international" un cours d’eau qui traverse deux Etats au moins et qui est navigable sur toute sa longueur. C’est ainsi que la Turquie ne reconnaît pas le Tigre et l’Euphrate comme fleuves internationaux car ils ne sont pas navigables. Elle décide donc seule de l’utilisation des eaux de ces fleuves dont elle possède le parcours amont, sans consultation des deux autres pays desservis, la Syrie et l’Irak.
C'est une situation permanente de tensions et les relations turco-irako-syriennes en matière de gestion des ressources hydriques ont donné lieu à autant de crises que d’accords.
1974 : médiation saoudienne après l’ouverture simultanée des barrages de Keban (Turquie) et Tabqa (Syrie).
1987 : protocole de sécurité entre la Turquie et la Syrie. Une clause prévoit qu’Ankara accorde à Damas une allocation minimale d’eau de 15,7 milliards de m3 par an.
1989 : accord bilatéral Syrie/Irak sur la répartition de cette allocation. 1990 : crise entre la Turquie et ses voisins syriens et irakiens après l’entrée en fonction du barrage Atatürk.
1993 : crise entre la Turquie et ses voisins syriens et irakiens après l’entrée en fonction du barrage de Bireçik.
1996 : accord d’investissements israéliens dans le projet GAP. 1998 : traité d’Adana entre la Turquie et la Syrie
Exemple 2 :
La chine est en amont de plusieurs fleuves majeurs. Les grands fleuves traditionnels tels que le Yangzi, le Fleuve Jaune ou la Rivière des Perles sont déjà surexploités et surpollués. Les autres cours d'eau sont peu accessibles et s’écoulent vers les pays voisins (le Brahmapoutre, le Mékong ou l’Irtych).
Ces fleuves, d’une importance vitale pour les pays avals, ne présentent pas à première vue la même importance pour la Chine. En effet, leurs cours traversent des régions montagneuses et escarpées (Brahmapoutre, Mékong, Salouen) ou arides et peu peuplées (Irtych).
Les barrages construits par la Chine perturbent le flux naturel des fleuves et diminuent l'accès à l'eau des pays voisins. Mais la Chine semble bien décidée à faire respecter son droit à disposer de ses ressources territoriales, et ce dans la plus totale indépendance : l’eau qui se trouve sur le territoire chinois appartient à la Chine. Et cela, bien que ces mêmes eaux soient considérées comme tout autant vitales par les pays voisins.
V ) Conclusion
L'eau est une denrée rare pour une grande partie de la planète, et engendrent des conflits qui semblent difficiles à éviter et à arrêter même si quelques solutions existent.
Tout cela devrait nous inciter avant tout à faire attention à notre utilisation de l'eau et à notre empreinte écologique ( c'est une mesure de l’impact des activités humaines sur le milieu naturel).