Des plaisirs et des jours

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Rencontre avec des écrivains exilés (semaine des écrivains persécutés, emprisonnés et empêchés)

      Lors de la semaine des écrivains persécutés, emprisonnés et empêchés, les élèves de 2nde 2 ont rencontré un auteur et une journaliste exilés Maxime N’Debeka, poète de Congo Brazzaville et Diane Hakiziamana, journaliste du Burundi.

Maxime N’Debeka, né le 10 mai 1944 à Brazzaville, est l’auteur de trois recueils de poèmes qui forment un cycle. reprenants trois moments de l’histoire du continent africain :
- l’Afrique des illusions, véhiculée dans Soleils neufs, portant sur la période de 1960 à 1968 ;
- l’Afrique des désillusions, dont L’oseille/Les citrons est la caisse de résonnance, s’étendant de 1968 à 1973 ;
- l’Afrique de la méditation profonde, que poétise Les signes du silence, qui concerne les années 1973 à 1975.

     Nous avons donc lu des poèmes de Maxime N'Debeka qui évoquent le pouvoir d'évasion de la poésie face au naufrage de l'histoire africaine contemporaine. Voici quelques poèmes à lire et à relire:

 

Mais tournant mon regard sur les enfants
Je vois dans leurs yeux
Mille flammes
Mille flammes
Mille flammes
J’y vois
Des matins neufs
La jeunesse qui sautille
Je perçois
Le ton des cantiques nouveaux
De l’allégresse et de l’espérance
Je découvre les portes…
(Soleils neufs, p.41)

Homme nul n’a sondé l’envers des soleils
Méfie-toi des métamorphoses des larves
Des costumes multicolores des caméléons
Des dandys aux monocles des soleils neufs
[…]
Un piteux voilier mordu par un banc de sable
Rate les roulis aux djiguidas de vertèbres
Je contemple mon âme se gaver de boue
De l’envers des soleils Matériau de nos échecs
(L’oseille/Les citrons, p.18).

De nuit comme de jour
La cheminée de Kinssoundi fume
De nuit comme de jour
Le paysan songe à son champ
L’étudiant est tendu
Vers son diplôme
(L’oseille, p.26).

Année après année
Un milliard de plus
Mais pour nous la vie diminue
Les gorges sont des déserts
Les ventres des océans en colère
Les yeux des oubliettes
Les corps des oranges sucées
(L’oseille, p.27).

Nous venons des usines
Nous venons des forêts
des campagnes
des rues
Avec des feux dans la gorge
des crampes dans l’estomac
des trous béants dans les yeux
des varices le long du corps
Et des bras durs
Et des mains calleuses
Et des pieds comme du roc
(L’oseille/Les citrons, p.26).