Le professeur : Élève Hamlet !
L'élève Hamlet (sursautant) : ... Hein... Quoi... Pardon.... Qu'est-ce qui se passe... Qu'est-ce qu'il y a... Qu'est-ce que c'est ?...
Le professeur (mécontent) : Vous ne pouvez pas répondre "présent" comme tout le monde ? Pas possible, vous êtes encore dans les nuages.
L'élève Hamlet : Être ou ne pas être dans les nuages !
Le professeur : Suffit. Pas tant de manières. Et conjuguez-moi le verbe
être, comme tout le monde, c'est tout ce que je vous demande.
L'élève Hamlet : To be...
Le professeur : En Français, s'il vous plaît, comme tout le monde.
L'élève Hamlet : Bien, monsieur. (Il conjugue:) Je suis ou je ne suis pas
Tu es ou tu n'es pas ; Il est ou il n'est pas ; Nous sommes ou nous ne
sommes pas...
Le professeur : (excessivement mécontent) : Mais c'est vous qui n'y êtes
pas, mon pauvre ami !
L'élève Hamlet : C'est exact, monsieur le professeur,
Je suis "où" je ne suis pas
Et, dans le fond, hein, à la réflexion,
Être "où" ne pas être
C'est peut-être aussi la question.
Ce texte est extrait de Paroles de Jacques Prévert
Mauvais élève (de Claude LAMBLIN)
LE FILS:
- Tu sais, papa...
LE PÈRE:
- Non, je ne sais pas encore... Mais je ne vais pas tarder à savoir !
LE FILS :
- En classe, il y a un garçon qui est assis juste à côté de Jérôme. Eh bien, il n'arrête pas de faire des bêtises !
LE PÈRE :
- Ah bon ? Qu'est-ce qu'il fait ?
LE FILS :
- Je te donne un exemple : il prend la gomme de Jérôme, il la découpe en petits morceaux et il les jette en l'air, comme si c'étaient des confettis !
LE PÈRE:
- Ça alors ! Et la maîtresse ne dit rien ?
LE FILS :
- Si, bien sûr ! Elle le punit... Mais ça ne sert à rien parce qu'il ne fait jamais ses punitions !
LE PÈRE :
Ça alors ! Il faut l'envoyer chez la directrice ! Elle convoquera ses parents et ce vilain gamin se fera disputer ! Bien fait pour lui !
LE FILS :
Tu as sûrement raison, papa... Mais j'espère que ses parents ne seront pas trop sévères...
LE PÈRE:
- Dis-moi... J'espère que ce garnement n'est pas ton copain !
LE FILS
- Oh non, papa ! Mais je le connais bien !
LE PÈRE:
- Tu n'es pas assis à côté de lui, j'espère !
LE FILS :
- Oh non, papa ! Moi je suis assis à côté de Jérôme,..
LE PÈRE:
- A côté de Jérôme... A côté de Jérôme...
(Le père réfléchit en se grattant la tête. Soudain, expression d'horreur:) Mais alors, si tu es assis à côté de Jérôme... Le petit pénible qui découpe les gommes... Le casse pieds qui ne fait jamais ses punitions... C'est toi !
LE FILS :
- Eh oui, papa ! Et le pauvre papa qui va être convoqué par le directeur, c'est toi !
(Le papa se frappe le front et s'évanouit. L'enfant se tourne vers le public.)
Pauvre papa ! Il voulait que je sois le premier de la classe... Eh bien il a gagné ! Je suis le premier, mais en commençant par la fin !
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac
Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme...
En variant le ton, —par exemple, tenez :
Agressif : « moi, monsieur, si j'avais un tel nez,
Il faudrait sur le champ que je me l'amputasse ! »
Amical : « mais il doit tremper dans votre tasse :
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
Descriptif : « c'est un roc ! ... c'est un pic... c'est un cap !
Que dis-je, c'est un cap ? ... c'est une péninsule ! »
Curieux : « de quoi sert cette oblongue capsule ?
D'écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : « aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
Truculent : « ça, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : « l'animal seul, monsieur, qu'Aristophane
Appelle hippocampelephantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d'os ! »
Cavalier : « quoi, l'ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau c'est vraiment très commode ! »
Emphatique : « aucun vent ne peut, nez magistral,
T'enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « c'est la Mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Lyrique : « est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »
Naïf : « ce monument, quand le visite-t-on ? »
Respectueux : « souffrez, monsieur, qu'on vous salue,
C'est là ce qui s'appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « hé, ardé ! C'est-y un nez ? Nanain !
C'est queuqu'navet géant ou ben queuqu'melon nain ! »
Militaire : « pointez contre cavalerie ! »
Pratique : « voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit :
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez-vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d'une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.
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