Toujours pour le même concours Leaweb.org, Claire de 3ème3 nous fait plonger en plein Moyen-âge à la poursuite d'une grenouille survoltée qui croit que les hommes ont une âme. Je vous conseille de suivre cette tête folle.

10 juillet 1264

 

Je commence un journal car c’est une chose que les humains font dès qu’ils se sentent tristes. Et je suis humain, du moins intérieurement. En apparence, je ressemble plus à une grenouille, presque jusqu’à me confondre avec elles. Mais il y a une différence de poids, j’ai une âme. Et je n’aime pas les libellules, elles me restent sur l’estomac. Difficile de se nourrir dans ces conditions. Je suis donc végétarien, paraît-il que cela élève l’âme. Je ne supporte pas d’être sans arrêt une proie, les poissons et les hérons qui me guettent à chaque coin de nénuphar, je n’ai pas un instant de repos. Une vraie abomination, moi qui je suis déjà si sensible !

Ce n’est pas que j’ai une vraie affinité avec les autres grenouilles, mais il y a chaque jour une nouvelle disparition,cela m’affecte. Ce sont quand même mes sœurs ! Les survivantes, elles, s’en moquent, elles plongent d’un nénuphar dans l’eau comme au premier jour. Cette indifférence face à la mort m’exaspère ! Je ne peux me contraindre à accepter la loi de la nature, sa cruauté, son injustice ! Ces bestioles qui ne pensent décidément qu’à manger, s’entredévorer et se reproduire.  Rien que des têtards ! Désespérant…

Un autre signe m’indique que je suis en réalité humain. Hier soir, j’ai fait un rêve : j’étais dans une mare, semblable à celle où j’écris, c’est à dire verdâtre, profonde et parsemée de feuilles mortes. Mais l’échelle n’était plus la même. Tout était soudainement beaucoup plus petit, les roseaux, les fleurs, les nénuphars… Lorsque je me suis penché pour vérifier, j’ai aperçu mon visage, c’était celui… d’un homme, d’un être humain, les yeux, la bouche. La surprise et la joie ont été tellement grandes que je me suis réveillé. Rendu à la triste réalité de ma condition, j’ai fondu en larmes, choses que les autres grenouilles ne font pas. Curieuses, elles sont venues autour de moi, sautillant dans tous les sens, avec leurs gros yeux. Comme si je pouvais supporter leur pitoyable réconfort !

 

11 juillet 1264, 10 h

 

Comme d’habitude, j’ai confié mais rêves et mes ambitions à Philibert. Non pas qu’il comprenne, après tout, ce n’est qu’un canard. Il a au moins le mérite de m’écouter sans sautiller dans tous les sens en essayant de gober des mouches. Seulement, aujourd’hui, pour la première -et sûrement la seule- fois, il m’a fait une proposition sensée.

« Vois-tu, Philibert, lui ai-je dit, ce n’est pas que j’aimerai devenir un humain. En effet, j’en suis déjà un, intérieurement. Mon âme est humaine alors que mon corps et celui d’une grenouille. Et justement, j’aimerai transformer cette enveloppe charnelle.

-   Si ce n’est que ça, je connais une solution.

-   Tais-toi et laisse moi parler, l’ai-je coupé je n’avais pas l’habitude d’écouter un canard.

Puis, me ravisant

- Une solution, dis-tu ? Je t’écoute ! Mon ami, ne prends pas la mouche !

-   Bien, bien. Je vais t’expliquer. J’ai entendu dire qu’à moins d’un jour de marche se trouve la cabane d’une sorcière. Elle doit sûrement pouvoir régler cette histoire de métamorphose.

-   Je le remerciais tout étonné qu’une telle connaissance puisse sortir d’un bec de canard.

Je compte partir immédiatement après avoir écrit ce texte, après avoir déposé mon calame en tige de roseau.

 

11 juillet 1264, 16 h

 

Pourquoi cet idiot de canard ne m’a-t-il pas prévenu qu’on devait traverser une forêt pour atteindre cette maudite cabane ? J’ai été surpris lorsque je l’ai vue se dresser au travers de ma route, elle était tellement dense et inquiétante que j’ai failli faire demi-tour. Les arbres s’élançaient vers le ciel comme d’inquiétants géants et leur feuillage vert sombre empêchait le moindre rai de lumière de se faufiler dans les profondeurs des bois. J’ai malgré tout pris mon courage à deux mains et me suis enfoncé dans ce lieu hostile. A l’intérieur, on n’y voyait goutte. J’ai frissonné en entendant le cri d’un rapace, loin au-dessus de ma tête. Pas à pas, j’avançais lentement dans l’obscurité presque complète. J’avais l’impression que des centaines d’yeux me fixaient et j’ai plus d’une fois violemment sursauté en croyant sentir une ombre me frôler.

Au bout d’un moment, les nerfs à vif, je n’ai même plus fait la différence entre les vrais animaux et ceux inventés par mon esprit, jusqu’à ce que je sente un souffle chaud sur ma nuque. Je me suis alors retourné lentement et j’ai vu un regard rouge, hostile, cruel, effroyable. J’ai hurlé et je suis parti en courant, le plus vite possible. Mais j’ai dû me rendre à l’évidence : les enjambés d’une grenouille, si humaine soit-elle, n’égaleraient jamais celles d’un loup. J’ai été réduit à monter péniblement sur la branche basse d’un arbre, m’accrochant aux anfractuosités de l’écorce. Le prédateur maintenant sur ses pattes arrière essayait vainement de me prendre alors que je le regardais du haut de mon perchoir.

Je ne pouvais plus bouger, mais j’étais sauf. Mais mon répit était de courte durée, des griffes m’ont m’attiré par derrière et soulevé dans les airs. Un aigle venu pour me dévorer. Je commençais donc à crier et à m’agiter en tous sens. Enfin, jusqu’à ce que l’oiseau m'interrompe : « Calme-toi ou je te lâche, m’a-t-il dit sèchement. » Aussitôt, je suis devenu aussi immobile que du marbre. Tomber de cette hauteur ? Très peu pour moi ! Cela n’empêcherait peut-être pas ma mort, mais au moins la retarderait !

 

Mais je n’étais pas destiné à mourir aujourd’hui. Le volatile m’a mené jusqu’à une masure perchée dans un arbre. L’escalier qui y menait s’enroulait autour du tronc; mais il n’était d’aucune utilité, le volatile est entré par l’une des petites fenêtres. Je me suis trouvé face à une grande humaine. Elle était vêtue d’une robe marron qui trainait sur le plancher, pleine de plis et de replis dans lesquels semblaient s’être cachés des centaines de petits objets et d’animaux. Ses cheveux gris et emmêlés couvraient ses épaules et encadraient son visage pointu et ridé.

Elle a brandi une main aux doigts crochus et m’a saisi par la cuisse. Elle m’a transporté dans les airs vers un chaudron rempli d’un liquide verdâtre. Je ne revenais toujours pas de ma chance d’être tombé purement par hasard sur la sorcière que je cherchais. Il a fallu qu’elle me place au-dessus de la mixture bouillonnante pour que je réagisse enfin. « Attendez ! ai-je crié. ». Surprise, elle m’a reposé sur une table en face d’elle.

« Merci, noble pratiquante des arcanes magiques. Et merci de ne pas m’avoir jeté sur-le-champ dans ce bouillon, ai-je commencé.

-   Une grenouille qui parle… Rien de plus normal, a-t-elle murmuré.

-   Au contraire, madame ! Contrairement à ce que vous semblez penser, il en existe fort peu.

-    Voilà qui me surprend, petit batracien, a-t-elle dit en esquissant un sourire.

-   Je vois ça. Mais je ne suis pas venu pour parler de ça.

-   Tu n’es même pas venu du tout, c’est mon aigle qui t’a amené.

-   J’avais l’intention de venir, me renfrognais-je.

-   Bien, tu es là. Que veux-tu ?

-   Devenir un humain ! »

Elle a éclaté d’un rire sonore et n’a pu se calmer pendant quelques minutes. Son oiseau a même dû lui apporter un verre d’eau tant elle riait, menaçant de s’étouffer. Je commençais à trouver cela un peu désobligeant quand, finalement, elle a repris :

« Un humain ! Mais c’est ridicule, tu es une grenouille !

-   Je ne suis pas une vulgaire grenouille.

-   Pourtant, tu y ressembles, m’a-t-elle rétorqué d’un air narquois. Petit, vert, des yeux globuleux… Je ne vois vraiment pas ce qui t’en différencie !

-   Moi, j’ai une âme ! Et cette âme veut devenir humaine. A n’importe quel prix !

-   Je vois… Je pense pouvoir exaucer ton souhait.

-   Mais c’est fantastique ! criais-je en sautant en tous sens.

-   C’est le moins qu’on puisse dire, se rengorgeait-t-elle. Mais il y a une condition.

-   Laquelle ? demandais-je en m’immobilisant.

-   La transformation ne sera que temporaire, à moins que tu ne trouves un humain qui acceptera de devenir une grenouille à ta place.

-   C’est d’accord ! Une fois homme, je n’aurai aucun mal à demander cela à quelqu’un. »

La sorcière s’est mise à rire comme si ma remarque avait quelque chose d’incongru.

Elle m’a saisi par la peau du cou et m’a placé au centre d’un pentacle. Elle a commencé à tourner autour de moi, murmurant des mots incompréhensibles dans des langages étranges. J’étais anxieux et plus le temps passait, plus l’angoisse en moi grandissait.

 

12 juillet 1264, 9h

 

Je n’ai pas eu le temps de terminer mon récit depuis hier soir. J’étais bien trop excité ! En effet, le sortilège est un succès ! Je suis un homme, maintenant, un vrai. Enfin, je le resterai pendant 5 jours, à moins que je ne trouve un pauvre idiot qui accepte d’abandonner cette forme céleste pour devenir une grenouille. Maintenant que j’ai des cheveux, je surmonterai tous les obstacles pour les garder. Je suis persuadé que ma capacité de persuasion est décuplée par cette toison blonde, merveilleuse et ces yeux magnifiques. Je suis exactement fait à l’image céleste de mon âme. Néanmoins, je doute que les hommes soient assez idiots pour se laisser faire aussi facilement… J’aviserai plus tard.

Bref, aujourd’hui, je me mets en route, pour découvrir le monde, le vrai !

 

12 juillet 1264, 18h

 

Je suis allé dans une auberge. Quel monde merveilleux que celui des humains ! Rien qu’en marchant, dans la matinée, j’ai découvert tant de choses fantastiques ! Un paysan travaillait pour gagner de l’argent, courageux, traçait fort habilement un sillon derrière un cheval. Un noble se promenait en carrosse, beau, couvert de bijoux. Et cet endroit où j’ai mangé… Délicieux serait un euphémisme. Le tenancier était extrêmement poli et respectueux. Il a admiré mes riches vêtements en m’appelant « Prince ». Mais le voilà qui s’est approché de moi pour me demander quelque chose.

Cet homme m’a demandé de lui fournir quelque chose qu’il nomme « argent ». Mais de quoi parlait-il ?

« Votre Majesté, il me plairait que je sois payé pour l’humble repas que je vous ai fourni.

-  Payé ? Mais qu’entendez-vous par là ? lui ai-je demandé tout naturellement.

-  Avec de l’argent, votre Seigneurie, a-t-il rétorqué plus sèchement sans toutefois se départir de son sourire aimable.

-  De l’argent ? Ce métal étrange et brillant ?

-  Oui, c’est ça ! Ou plutôt de l’or. On n’en utilise pas dans votre pays, grand Prince ?

-  Si si ! Bien sûr, ai-je affirmé pour faire bonne figure. Le problème est que… A vrai dire… Je n’en ai pas. »

Son attitude a changé du tout au tout. Il s’est redressé, a quitté son air serviable. Il a crié : « Jean ! Un client pour toi et tes amis ! ». Est alors arrivé un colosse, avec une tête carrée, des dents mal rangées, des habits trop petits pour lui, tenant en laisse trois chiens énormes. Je me suis levé d’un bond, juste avant que les molosses ne soient lâchés. J’ai commencé à courir, poursuivi par leurs trois têtes. J’ai trouvé mon salut dans une charrette qui passait opportunément par là. Le conducteur, après m’avoir regardé pendant quelques secondes d’un air surpris, m’a annoncé qu’il allait au château et qu’il ne comptait pas faire un arrêt pour un passager clandestin comme moi. Je lui ai répondu que cela me convenait parfaitement.

 

Peu après, je suis donc arrivé au château. Une bâtisse gigantesque, magnifique, garnie d’une multitude de petites tours grises, percées de centaines de fenêtres. J’étais encore en train de l’admirer, la tête levée et la bouche ouverte quand j’ai entendu les hommes murmurer autour de moi : « Le roi ! Il arrive ! ». Quelques uns faisaient la moue, mais tous s’inclinaient. Je me tournai donc vers ce qui provoquait tout cet émoi chez eux.

Devant moi se trouvait un gros vieillard, appuyé sur un sceptre doré. Il semblait presque chanceler sous le manteau couvert de pierres précieuses posé sur ses épaules. Une couronne ceignait son front. Il était encadré de nombreux gardes et parlait à un petit homme tenant un livre ouvert dans une main, et une plume dans l’autre. Tous autour d’eux s’inclinaient. Pour faire bonne mesure, j’ai moi aussi esquissé une petite révérence. Le fruit de longues heures d’entrainement dans ma mare, dont je ne suis pas peu fier. Le roi s’est redressé et m’a toisé. Il faut dire que j’étais au milieu de l’allée, en train de lui couper la route. Soudain, il a fait un grand sourire.

« Vous êtes sans aucun doute le prince anglais qui devait nous rendre visite ! a-t-il déclaré. Vous avez perdu votre escorte ?

-  Oui, c’est ça, ai-je répondu sans comprendre de quoi il parlait.

-  Que s’est-il passé ?

J’ai en fin compris ce qu’il me demandait.

-  J’ai été poursuivi par des chiens énormes ! J’ai dû me rendre au palais dans une charrette.

-  Quelle malchance ! Venez, vous allez me raconter tout cela devant un bon repas. »

Nous sommes donc entrés et nous sommes attablés devant un véritable banquet. C’était délicieux ! Devant nous défilaient les danseurs, les jongleurs, les ours, les poètes… J’ai beaucoup parlé, mangé et bu. Un breuvage délicieux, qui coule dans la gorge, enflammant l’estomac. J’y ai rencontré un homme charmant. Un comte, à ce qu’il m’a dit. Je n’ai aucune idée de ce que cela peut-être, toujours est-il qu’il m’a invité demain à prendre part à un divertissement qu’il nomme « chasse ».

Je suis maintenant dans une chambre luxueuse, avec un lit confortable. Mes yeux se ferment, le sommeil me gagne. Cette merveilleuse journée m’a fatigué. Que l’humanité est magnifique ! Je vais en profiter le plus que je peux. Je trouverai bien dans la semaine quelqu’un pour me remplacer en tant que grenouille. Je pose ma plume, une plume d’oie, de l’encre. Adieu pour toujours mon calame de roseau, la boue séchée pour écrire, je suis un homme et on m’a dit aujourd’hui des plus gracieux.

 

13 juillet 1264, 12h

 

Ce matin je suis sorti du palais, monté sur un cheval, accompagnant le comte Adélard. Il m’a mené dans une forêt, où nous avons chevauché pendant plusieurs minutes. Je me suis laissé allé à l’ivresse de la vitesse, mais le comte m’a fait signe de m’arrêter, tout en plaquant un doigt sur sa bouche pour m’intimer le silence. Il est descendu de sa monture et je l’ai imité. Il a ensuite sorti d’une sacoche un étrange instrument - une arbalète, je l’ai appris plus tard - qu’il a posé sur son épaule. Il m’a désigné une ombre mouvante, près d’un tronc. C’était un loup au pelage gris, sale, décharné. J’étais en train d’envisager de lui donner quelque chose à manger pour ne pas le laisser mourir de faim, quand j’ai entendu quelque chose siffler près de mon oreille droite. L’homme avait décoché un carreau. L’animal a émis un long cri, qui a fini en gargouillement. Il s’est écroulé. Je me suis levé d’un bond, les yeux écarquillés. Quelle horreur ! Mais ce n’était pas terminé. Adélard s’est levé, est retourné vers son cheval, en a sorti un  ustensile de fer, qu’il a posé près du cadavre.

« Qu’est-ce encore que cela ? ai-je demandé, toujours choqué par la scène de chasse.

-  Ce loup est un mâle. Sa compagne, ne le voyant pas revenir, va le chercher. Quand elle s’approchera de la carcasse, ce piège se refermera sur elle ! Elle va agoniser pendant des heures, se vidant de son sang ! C’est vraiment ma meilleure partie de la chasse depuis longtemps ! a-t-il conclu avant de partir dans un rire sadique.

Je ne savais que dire. Je suis resté un long moment silencieux devant tant de cruauté. Puis, j’ai tenté :

-  Vous, vous êtes méchant !

Je suis parti en courant, perdant mes pensées dans la forêt. Tous les humains ne sont pas comme cela ! J’en suis sûr ! Ne pas perdre la foi. Ne pas perdre la foi. Ne pas perdre la foi !

 

13 juillet 1264, 15h

 

Je suis finalement rentré au palais. En prenant grand soin d’éviter le comte, je me suis assis à la table du déjeuner. Nouveau festin. J’ai bientôt oublié tous mes soucis, toutes mes questions. Ils ont tous été noyés dans le vin et la joie. Bien sûr que l’humanité était la meilleure des races !

Soudain, j’ai aperçu Philibert. Mon ami Philibert, le canard, un grand sourire collé sur son bec. J’ai cligné des yeux, croyant rêver. Je me suis levé d’un bond, voulant lui faire partager ma joie. Je l’ai soulevé du plateau où il était assis.

« Mon cher canard ! Je ne pensais pas te trouver ici ! C’est moi, ton ami la grenouille. Ton idée sur la sorcière a réussi ! Eh, tu vas bien ? Pourquoi tu ne réponds pas ? Philibert ?

-  Mais pourquoi donc parlez-vous à ce plat ? me demanda le roi.

J’ai ouvert la bouche. La réalité m’a frappé en pleine figure. Philibert... Mon ami Philibert...

-  Qu’il est amusant ce prince étranger, nous allons vous faire goûter une spécialité française : des cuisses de grenouilles, dit le roi entre deux mâchonnements.

-  Non ! Ce n’est pas possible ! ».

 

Je suis parti, les laissant tous derrière moi, sous les yeux effarés des convives, renversant toutes les cages. J’ai trouvé la réserve, ouvert tous les enclos, toutes les cages, laissé s’échapper tous les oiseaux en criant : « Fuyez ! Ils veulent vous dévorer ! Partez tant que vous le pouvez ! » Puis je suis sorti du château en courant. C’est ainsi que se brisèrent mes rêves d’humanité.

Je ne chercherai pas quelqu’un qui accepte de devenir une grenouille à ma place. Dans une semaine, je retrouverai cet état beaucoup plus noble, quittant celui d’homme. Ici s’arrête ce journal, commencé pour ressembler à ceux que je regarde maintenant d’un autre œil. Je retourne parmi mes sœurs, les grenouilles.

Si quelqu’un lit ceci, j’espère qu’il comprendra qu’il ne faut jamais espérer s’élever au dessus de sa propre condition, sous peine d’être horriblement déçu. Être soi-même et être heureux voici le seul adage qui vaille..