Des élèves de 3èmes3 ont écrit ce récit attachant pour le concours international :

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Jour1                                                                              Mercredi 12/12/2012     00 : 15

Salut, je vais te raconter une petite histoire :

C’est l’histoire d’un ado, de 14 ans. Aujourd’hui, comme tous les jours, comme tous les ados, il va en cours, en pensant, en rêvant. Mais cet ado là est très timide, il entre dans la classe, en essayant de ne pas se faire remarquer, et personne ne le remarque, même pas le professeur. Comme d’habitude, il va s’asseoir à côté de son ami, son seul ami, Tom. Ils discutent, une discussion entrecoupée de longs silences gênés. Puis le professeur rend un contrôle, un 10 ; un peu mieux que d’habitude.

La cloche sonne, c’est la récré. Comme toutes les récrés, il la passe seul, dans un coin, en pensant, en rêvant. Il cherche une fille du regard, Agathe, la fille qu’il aime. Elle est au centre de la cour avec tous ses amis. Elle parle, elle rit, elle s’amuse ; mais ne le regarde pas, il a l’habitude. Il ne lui a en fait jamais parlé, il aimerait bien, mais elle lui semble tellement loin, dans un autre monde, dans un autre univers, dans une autre dimension, dont les portes lui sont définitivement fermées. La cloche sonne, les cours reprennent ; et c’est comme ça toute la journée, toutes les journées, tout le temps.

Le soir, il rentre chez lui, en pensant, en rêvant. Dans son appartement ses parents l’attendent, ils viennent de recevoir le bulletin et comme chaque jour, ils lui reprochent ses mauvaises notes, lui disent de travailler, de faire un effort. Il en fait lui des efforts, il travaille, essaie d’écouter en cours, fait ses devoirs, relie ses leçons, il est même débordé par le travail, tellement il en a. Mais apparemment cela ne suffit pas pour ses parents. Mais ce soir là, c’était spécial, son père l’a violement disputé. Dès qu’il est rentré, il l’a pris par le bras en le secouant très fort et lui a crié « Qu’est-ce- que c’est que ces notes, pourquoi tu ne travailles pas, comment veux tu arriver à quelque chose dans la vie !.» le garçon lui aimerait bien répondre qu’il travail, mais il est secoué tellement fort, et de toute façon son père ne le croirait pas. C’est là que sa mère intervient, et fait lâcher prise son mari. Cela arrive souvent qu’ils se disputent à propos de leur fils, mais jamais comme ça : ils ont commencé à hurler, prendre des objets, les jeter par terre, s’insulter… Le garçon n’est pas heureux de cela, évidemment, mais ça l’arrange bien, qu’ils ne s’occupent plus de lui.

Il monte alors sur le toit de son immeuble. C’est là qu’il pense et rêve, assis au bord du vide, en regardant les gens passer, s’activer ; toutes ces personnes pressées, et lui qui reste là, sans bouger. Il fait froid, très froid, il se lève donc lentement, pour partir, quand il entend un léger bruit de feuilles froissées. Le garçon se retourne, et aperçoit dans la pénombre un petit carnet, posé là, ouvert. Il s’approche, le prend et rentre au chaud. Alors qu’il est dans son lit, il l’observe de plus près, quelques pages sont déchirées au début, mais sinon, il est plutôt en bon état. « Tu seras mon nouveau confident », pense le jeune homme.

Tu comprends ? L’ado c’est moi, le livre c’est toi !

Jour 2 :                                                                                Lundi 17/12/2012    23 : 30                   

   Aujourd’hui, ma journée s’est bien passée, à croire que tu me portes chance. En me levant ce matin ma mère n’était pas à la maison elle part tôt pour aller travailler, et mon père ne m’a pas adressé la parole, ce qui m’arrange bien sinon il m’aurait sorti tout le baratin  habituel comme quoi je ne travaille pas… Enfin bref, je suis allé en cours et pour une fois je suis arrivé à l’heure, je suis allé parler avec Tom et comme d’habitude les cours se sont enchaînés jusqu’à la pause déjeuner.  Le repas était médiocre, mais là n’est pas la question. Aujourd’hui Agathe est venue manger avec nous. J’étais vraiment gêné au début, je ne savais pas quoi lui dire, mais mon meilleur ami m’a beaucoup aidé, c’est lui qui a brisé  la glace et grâce à lui j’ai passé le plus beau moment de ma vie. Toutefois il n’a pas dit grand-chose par la suite et s’est montré distant avec moi, j’imagine que c’est pour me laisser le champ libre avec elle. C’est vraiment mon meilleur ami. En tout cas maintenant je sais qu’Agathe m’aime et ça me donne du courage. La journée terminée elle est rentrée avec mon meilleur  ami, et moi je suis rentrée seul, en pensant et en rêvant. En rentrant à la maison, maman était déjà là, elle m’a demandé comment s’était passé ma journée, mais je lui aie juste dit que c’était une journée  comme toutes les autres. Elle par contre m’a annoncé qu’elle partait en voyage pour son travail. En temps normal cela m’aurait beaucoup attristé car ma mère est une des seules personnes à me comprendre, mais là c’était différent, Agathe m’avait parlé, alors je n’avais pas  à m’en faire. Je suis ensuite monté dans ma chambre pour faire quelques devoirs et puis mon père est rentré, on a mangé, en silence, sans prononcer un seul mot du repas. Je suis finalement monté dans ma chambre en faisant semblant d’aller me coucher, j’ai pensé, j’ai rêvé et j’ai finalement écrit. Voilà mon cher journal je t’ai raconté ma journée ou pour une fois, et c’est rare, je me suis senti heureux.

 

Jour 3 :                                                                           Mercredi 19/12/2012 00 : 20    

  Traitrise ! Oui ; j’ai été trahi ! Ce matin, comme hier, mon père ne m’a pas adressé la parole et heureusement car il aurait cassé mon moral encore si gai. Je suis allé en cours en pensant et rêvant de la façon la plus naïve qui soit. Comme d’habitude je me suis assis à côté de mon soit disant meilleur ami, il n’a pas beaucoup parlé contrairement à son habitude, mais je m’en fichais rien, n’aurait pu ébranler ma joie, car Agathe aurait encore dû me parler. Les heures sont passées comme d’habitude et toutes mes pensées lui étaient destinées. Alors, la récréation du matin est arrivée, je cherchais Agata du regard, et je l’ai vue avec mon meilleur ami, mais ils se sont rapprochés l’un de l’autre et se sont embrassés. Je suis alors parti pour me réfugier dans les toilettes et j’ai pleuré pendant de longues minutes, j’ai passé vingt minutes à me  lamenter et à pleurer, c’est un surveillant qui m’a trouvé là et qui m’a amené en cours. M Guillemet mon professeur de français m’a alors fait un long sermon sur l’importance d’arriver à l’heure, mais je ne l’écoutais pas, je voulais voir ce sale traitre les yeux dans les yeux, mais il évitait mon regard, me fuyant comme la peste et j’ai vu alors les regards de mes camarades remplis d’indifférence à mon égard, ils ne voulaient pas de moi, et moi je ne voulais pas d’eux. La seule chose que je voulais c’était Agathe. A la pause déjeuner, j’ai décidé d’aller voir le traitre qui mangeait avec elle et tous ses amis, je marchais lentement vers lui, en pensant que c’est moi qui aurait dû être assis à sa place en train de rire, oui ça aurait dû être moi ! Il me l’avait volée! J’étais à côté de lui et je lui ai déversé un flot d’injures, je lui ai crié à la figure tout ce que je pensais de lui ! Ce sale menteur, voleur, manipulateur et traitre ! Et qu’est ce qu’il m’a répondu ? Que j’étais cinglé ? Et alors ? Qui ne deviendrait pas fou dans une situation pareille ! Je suis alors parti, j’ai séché les cours et je suis rentré chez moi. Mon père est rentré tard, il ne m’a pas parlé et maman n’était pas là, elle m’avait abandonné ! Je me retrouve presque seul, mais heureusement tu es là, toi, mon cher journal, tu es la dernière personne vers qui je puisse me tourner. Alors dis-moi, je t’en supplie, que devrai-je faire, mon cher journal ?

Jour 4 :                                                                            Jeudi 20/12/2012   00 : 05

            Aujourd’hui, j’avais presque honte d’aller en cours, j’avais l’impression que tout le monde me regardait, m’insultait du regard plus précisément ; et je ne pouvais même pas m’évader dans mes rêves, je n’arrivais plus à penser à autre choses qu’à eux. En arrivant en cours j’ai quand même voulu me mettre à côté de Tom, pour parler un peu, pour qu’il m’explique. Mais il était déjà à côté d’elle, alors je me suis mis au fond, tout seul. Je n’arrivai toujours pas à me concentrer ailleurs que sur ma tristesse, si bien que j’ai eu 03/20 à la dictée. Lorsque la récrée a sonné, j’ai voulu parlerau prof, pour lui dire que j’avais des circonstances atténuantes, mais il est parti, il devait être pressé. Et c’est comme ça que j’ai passé le reste de la journée, seul, triste, inconsolable.

            Je pensais qu’en rentrant ça s’améliorerait, mais c’était pire. Mes parents se disputaient si fort, (ma mère n’avait pas encore défait sa valise), que je n’ai pas pu en placer une, alors je suis monté sur le toit et là enfin j’ai pu penser et rêver. Je me suis dit que les gens qui était en bas avait l’air si heureux, tellement de gens parlaient, vivaient, et j’avais envie de les rejoindre.

            Puis je t’ai écrit d’ailleurs tu ne m’as pas répondu. Réponds moi s’il te plait, je ne comprends pas, je me sens seul, j’ai besoin de toi. Tu es mon seul ami.

Jour 5 :                                                                         Vendredi 21/12/2012   00 : 30  

            Je pensais que cette journée se passerait mieux, qu’après les bas, il y avait des hauts ; me je devais me tromper. En cours, j’ai voulu dire « salut » à Tom, comme hier, mais il est parti ailleurs, sans m’écouter, comme hier. Je pensais que le prof allait avoir du temps pour m’écouter, mais avant même que je puisse lui adresser la parole, il est parti, comme hier. Dans la rue, les passants me regardaient, mais c’est parce qu’ils avaient pitié de moi. J’avais envie de leur crier « ECOUTEZ-MOI !!! », mais je ne l’ai pas fait car de toute façon si je le faisais, ils auraient tourné la tête et continué leur chemin. Une fois rentré, je pensais retrouver du réconfort, mais mes parents, trop occupés par eux même, ne me voyaient même pas, comme hier. Je n’ai même plus l’énergie de rêver. Les rêves me fuient aussi.

 

            Alors sur le toit, en t’écrivant, je croyais que tu m’aurais répondu, que tu avais compris combien j’avais besoin de toi. Je t’ai ouvert lentement, j’espérais fort, très fort, … Mais je ne l’ai pas fait assez, apparemment ; tes pages sont vides, sans expressions, sans réponses. Et plus la nuit avance, plus je vois les gens en bas qui ont l’air aussi heureux qu’hier, plus je comprends que toi aussi tu ne me répondras pas. Tu es comme les autres, tu ne m’écoutes pas, tu t’en fous de moi, tu t’en fous !!!!

            J’en ai marre de cette monotonie de solitude et de tristesse, qui meurtrit mon cœur, j’ai l’impression de ne plus exister ! J’ai envie de rejoindre les gens qui sont en bas, que je vois bouger, alors que je suis immobile, je veux rire avec eux, vivre avec eux, être avec eux.

 Alors j’ai arraché tes pages, j’ai arraché ma vie, te laissant ouvert, les feuilles au vent. Et je les ai jetées dans le vide, c’était beau, ça m’a fait rire, j’avais enfin compris pourquoi je t’avais trouvé ici. Puis j’ai pensé, j’ai rêvé,…

Et j’ai sauté.