Patrick Dewaere 'Le Vrai'
Par Ryan HAOUAOUCHI le 26 mars 2015, 17:55 - Dossiers - Lien permanent
Patrick Dewaere: "La meilleure façon de marcher dans les années 70".
Dewaere ‘Le Vrai’
Patrick Dewaere est né le 26 janvier 1947 à Saint-Brieuc, en Bretagne. Il est le Fils de la comédienne Mado Maurin. Patrick Dewaere est issu d’une famille d'artistes, ce qu’on appelle un ‘enfant de la balle’. Il effectue des apparitions à l’âge de 4 ans sous le nom de Maurin jusqu’en 1967 ou il prend le nom de sa grand-mère maternelle Flamande ‘Devaëre’ et le changea en Dewaere qui signifie ‘Le Vrai’.
Patrick Dewaere joue son premier grand rôle à la télévision, le personnage de Jean de La Tour Miracle, le feuilleton de Noël 1967 de la 1ère chaîne en dix épisodes. Il ne souhaite plus continuer dans le métier.
Arrivent les événements de mai 1968, il fait la rencontre de Romain Bouteille qui eût l’idée de créer le café théâtre, futur café de la Gare en réunissant Coluche, Henri Guybet, la comédienne et réalisatrice Sotha, Miou-Miou. Ils deviennent ‘co-fondateurs’. Le café de la gare ouvrira ses portes officiellement en juin 1969.
Par manque d’argent, les acteurs s’occupaient de tout: la billetterie, placer les spectateurs…Leur vision du théâtre qui se veut, ni théâtre, ni cabaret, ni bistrot mais juste un endroit de la dérision et de la farce finira par séduire Patrick Dewaere. Tous les sketchs sont écrits et joués par l’ensemble de la troupe. L’improvisation permanente est leur fil conducteur sans oublier leur devise : ‘le ridicule ne peut pas tuer’.
Parallèlement, Patrick Dewaere s’essaie au doublage, prêtant sa voix à Dustin Hoffman dans ‘Le Lauréat’. Comme ses amis du café de la Gare, il tourne également quelques publicités qui aideront à financer le théâtre.
Cette bande de copains est devenue sa seconde famille. Il s’y sent bien. Nouvelle forme de jeu, plus de contraintes. Il va apporter son naturel et sa folie. Il jouera pendant plus de dix ans dans différentes pièces de théâtre lorsqu’il ne tourne pas pour le Cinéma.
La troupe accueillera ensuite Gérard Depardieu, Rufus puis Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Anémone et Gérard Jugnot.
Patrick Dewaere, Miou-Miou et Coluche au café de la gare en 1969
Musicien, en 1971 Il fait un duo avec Françoise Hardy ‘T’es pas poli. La musique est de lui et les paroles sont de Sotha.
C'est ensuite en 1972 que toute la troupe du Café de la Gare est engagée en tant que tel dans "THEMROC" par Claude Faraldo.
Cinéma : Un Succès fulgurant
Il se révèle au grand public en 1974 dans "Les Valseuses" de Bertrand Blier aux côtés de Gérard Depardieu et Miou-Miou. Succès immédiat (4 millions de spectateurs).
Conscient de sa notoriété grandissante, Patrick Dewaere se permet de refuser des scénarios pour ne pas endosser le même personnage de paumé marginal que dans le film de Bertrand Blier et ne souhaite pas incarner des rôles de héros à l’instar de Jean de la Tour Miracle. Il accepte cependant de donner une chance au jeune réalisateur Claude Miller en interprétant "La meilleure façon de marcher" (1976).
En 1977, il finit par convaincre le public de son talent, avec "Le Juge Fayard dit Le Shérif" (1977) d'Yves Boisset. Mais après son petit succès pour la bande-son du film "F comme Fairbanks", il se consacre entièrement à la musique. Il fait un disque (45 tours) ‘L’autre’ qui sort en 1978. L’insuccès le décourage rapidement et remet en cause sa carrière musicale. Il revient donc au cinéma ou Il tourne dans "COUP DE TÊTE" (1979), "SÉRIE NOIRE" (1979) qui obtiennent un véritable succès.
Le jeu ‘Vrai’
Il cherchait dans ces rôles de marginaux, de paumés, de farfelu qu’on lui proposait, le reflet de lui-même. Son jeu investi était naturel, précis, spontané, instinctif. Il interprétait des rôles de flic, de voyouau cœur tendre, amant plein d’angoisse et de rage, …
Il était culoté ; il s'était rétracté après avoir signé son contrat d’engageant sur le film ‘La Carapate’. Après avoir lu le scénario et à quelques semaines du tournage, il n’arrivait pas à s'imaginer dans le rôle de comique de Gérard Oury. Il fut obligé de rembourser.
Il ne trichait pas. Il transpirait la sincérité. Travailleur et bon vivant, il n’a jamais manqué un tournage. L’implication et l’investissement que lui demandaient ses personnages ont contribué à faire de lui l’acteur le plus doué de sa génération.
Les différents personnages qui crèvent l’écran
•Un paumé machiste, rebelle et sensible dans Les Valseuses de Bertrand Blier (1974).
•Un jeune inspecteur désinvolte et arrogant dans Adieu Poulet de Pierre Granier-Deferre (1975). Nominé pour les Césars du cinéma du meilleur acteur dans le second rôle en 1976.
•Un jeune chômeur plein de rêves et d’idéaux dans F comme Fairbanks (1976).
•Le moniteur brutal dans une colonie de vacances dans La meilleure façon de marcher de Claude Miller en (1976). Nominé pour les Césars du cinéma du meilleur acteur en 1977.
•Un juge incorruptible qui s’improvise détective dans Le Juge Fayard dit le Shérif d'Yves Boisset (1977).
•Un footballeur, paumé sans ambitions dans Coup de tête de Jean-Jacques Annaud (1978).
•Un représentant de commerce dans Série noire d'Alain Corneau en (1979) ou il se donnera corps et âme. Il va jusqu’à s’identifier physiquement et moralement au personnage. Nominé pour les Césars du cinéma du meilleur acteur en 1980.
•Un fils sincère et vulnérable rejeté par les siens dans Un mauvais fils de Claude Sautet en (1980). Nominé pour les Césars du cinéma du meilleur acteur en 1981.
•Un affectueux et subversif Beau-père attachant dans Beau-Père de Bertrand Blier (1981). Nominé pour les Césars du cinéma du meilleur acteur en 1982.
Série Noire vécu par Patrick Dewaere
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Malgré cinq nominations aux Césars et sa présence en compétition à Cannes pour "SÉRIE NOIRE" et "BEAU-PÈRE" ; jamais il n’obtint de récompense et sa disparition précoce n’aura pas permis de réparer cette injustice. Aujourd’hui, c’est un prix d’interprétation qui porte son NOM.
Créé en 2008 à la suite de la suppression du prix Jean-Gabin, ces deux prix récompensent une actrice et un acteur francophone et prometteur ayant marqué le cinéma français lors de l'année écoulée.
«La particularité c'est que le jury des femmes votent pour le meilleur espoir masculin et celui des hommes pour les jeunes actrices», Pierre Niney et Adèle Exarchopoulos ont remporté en 2014 le prix des meilleurs espoirs du cinéma Français Le 21 Février dernier, il remporte le césar du meilleur acteur dans Yves Saint Laurent du réalisateur Jalil Lespert.
En 1992, dix ans après sa mort Marc Esposito, qui a souvent interviewé Patrick Dewaere et avec qui il était devenu un "bon copain" décide de lui rendre hommage en présentant le film "PATRICK DEWAERE" en ouverture et hors compétition du Festival de Cannes 1992 dont le président n’était autre que Gérard Depardieu.
Un dernier adieu de Louis Chedid ‘Les absents ont toujours tort’ … Patrick Dewaere est parti à l'âge de 35 ans un 16 Juillet 1982.