Histoire Du Festival De Cannes

Tout commence en 1938, durant la Mostra de Venise où les gouvernements fascites influencent le festival

En 1938 durant la Mostra de Venise, les gouvernements fascites italien et allemands changent le palmarès au profit de film de propagande nazie, un film supervisé par le fils de Mussolini et un film allemand de Leni Riefenstahl, Les Dieux du Stade. Philippe Erlanger, historien et diplomate, sous le choc des événements, envisage de créer un festival libre. Jean Zay, ministre de l'éducation nationale de l'époque, accepte le projet. Les Américains et les Britanniques encouragent la France pour la création de ce nouveau Festival et boycott le Mistra. Le festival devient un partenariat franco-américain qui sera le plus grand marché de film mondial. La France doit égaler l'Italie en donnant à son festival un cadre prestigieux. Plusieurs villes sont alors candidates dont Vichy, Biarritz, Lucerne, Ostende, Alger et Cannes. Henri-Georges Clouzot apprécie l'ensoleillement et l'agrément de Cannes. Le premier délégué général du Festival est Philipe Erlanger. La première édition du Festival qui doit se dérouler du 1er au 20 Septembre est présidée par Louis Lumière.

 

La 1ère affiche du Festival est peinte par Jean-Gabriel Domergue. Dès le mois d'aout, les célébrités et la Metro-Goldwyn-Mayer affrète un paquebot transatlantique pour amener les stars d'Hollywood dont Tyrone Power, Gary Cooper, Annabella, Norma Shearer et George Raft. Le jour de l'ouverture, les Allemand envahissent la Pologne, le Festival est alors annulé. Le festival est reporté de 10 jours mais les événements se précipitent. Le 3 septembre la guerre est déclarée et la mobilisation générale est lancée, le festival ne peut donc pas commencer. Une seule projection sera organisée, à titre privé, le film américain Quasimodo de William Dieterle pour la promotion duquel une reconstitution en carton-pâte de la cathédrale Notre-Dame de Paris a été construite sur la plage.

 Du 20 Septembre au 5 Octobre 1946, la première édition du festival verra le jour. Le ministère des Affaires étrangères et la ville de Cannes financent le Festival qui aura lieu dans l'ancien casino de Cannes. Vingt- et-un pays présentent les films de leur choix (le comité de sélection du Festival naîtra en 1972, une initiative bientôt imitée par tous les autres festivals). Ce sont des films marqués par la guerre comme La Terre sera rouge (Danemark), Rome, ville ouverte (Italie), La Dernière Chance (Suisse), Le Tournant décisif (URSS), et La Bataille du Rail (France), qui remporte le premier Prix en valorisant l'héroïsme et la Résistance.  Un accord visant à ce que la Mostra de Venise et le Festival de Cannes, appelé alors, et ce jusqu’en 2002, le Festival International du Film, aient lieu chaque année en alternance est passé dans l’ignorance du gouvernement français et les professionnels du cinéma, mais doit être révélé, car le Festival étant un succès, on en attend une nouvelle édition l’année suivante, en 1947. Le gouvernement refuse de payer un festival annuel et la construction du Palais Des Festivals est faite dans la précipitation pour accueillir l’édition de 1947. Cette année-là, le jury se compose d’un représentant par pays.  Grâce au Docteur Raymond Picaud, maire de Cannes, ce palais est remplacé par un nouveau, en 1983. Robert Favre Le Bret rejoint la direction du Festival et instaure la Commission de sélection : le Centre national de la cinématographie doit donner à la commission de sélection les dates et règlements des autres festivals internationaux en précisant les délais de l'envoi des films. Les producteurs sont ensuite informés et peuvent envoyer leur(s) film(s) à la Commission, qui établit ensuite la sélection. Ces films doivent alors être conformes aux règles de censure de l'époque. Le Festival trouve ses marques au sein de l’Europe, où se multiplient les festivals de cinéma. L’édition de 1948 et 1950 n’ont pas lieu en raison de problèmes budgétaires et peut-être à cause de l’accord avec la Mostra de Venise qui les faisait dérouler en alternance.

Le festival, depuis 1951, a lieu durant le printemps et abandonnant une date proche de celles de la Mostra de Venise et du Festival de Locarno. La Palme d’or est créée en 1955, par Robert Favre Le Bret  pour remplacer le « Grand Prix du Festival International du Film » décerné au réalisateur du meilleur film en compétition. Le délégué général réunit le conseil d'administration et invite des bijoux de toute l'Europe pour présenter la Palme d'or. Le conseil opte pour un dessin de Lucienne Lazon. La première Palme est remise cette même année à Delbert Mann pour Marty. Le Grand Prix revient de 1964 à 1974 puis disparaît, laissant définitivement sa place à la Palme d'or. Il existe néanmoins d’autres prix artistiques, tels que le Prix du scénario, le Prix du jury, le Prix d’interprétation masculine, le Prix d’interprétation féminine mais également la Palme d’or du court métrage, spéciaux (Prix Vulcain, Trophée du festival, Palme d’honneur et Prix anniversaire). 

A partir des années 1950, Cannes devient le plus grand festival cinématographique mondial et s’occupe de plus en plus de cinéma et moins de diplomatie et patriotisme. Des œuvres majeures sont présenté par de grands cinéastes comme : Roberto Rossellini, Federico Fellini, Ingmar Bergman, Elia Kazan, Joseph L. Mankiewicz, Robert Wise, William Wyler, Michelangelo Antonioni, Vittorio De Sica, Andrzej Wajda, Satyajit Ray, Luis Buñuel et Akira Kurosawa

François Truffaut est récompensé, en 1959, par le Prix de la mise en scène pour Les Quatre Cents Coups et en parallèle Alain Resnais présente Hiroshima mon amour qui choque le public comme son documentaire 3 ans auparavant, Nuit et Brouillard, sur les camps de concentration. La Nouvelle Vague, mouvement du cinéma français qui rassemble des réalisateurs qui ont tourné leurs premiers films, est lancée. Le premier Marché du film apparait cette même année, il facilite les échanges et encourage les le commerce entre acheteurs et vendeurs au sein de l'industrie cinématographique, et devient au fil du temps la première plate-forme du commerce international du film.  Dans les années 1960,  la notion de « film de festival » arrive et fait débat mais on découvre dans ce domaine des réalisateurs dont le talent est immédiatement reconnu et le travail largement récompensé comme Andreï Tarkovski, Miklós Jancsó, István Szabó ou encore Glauber Rocha.

Arrive en 1962,  la première Semaine internationale de la critique (rebaptisé en 2009 la Semaine de la critique), où l’on visionne d’autres films que les sept courts et sept longs métrages en compétition. Cette semaine a été conçue pour « mettre à l’honneur les premières et deuxièmes œuvres des cinéastes du monde entier », on y a découvert  François Ozon, Alejandro González Iñárritu, Julie Bertuccelli et Éléonore Faucher. Le Festival rend hommage à Jean Cocteau, en 1965, décédé le 11 octobre 1963, en le nommant président d'honneur du Festival à vie. L'année suivante, Olivia de Havilland est la première femme à présider le jury.

Durant l’édition de 1968, le 13 mai, les étudiants des manifestations contre les valeurs et institutions traditionnelles, et plus largement contre les autorités en places envahissent le Palais des festivals. Claude Berri, Jean-Luc Godard, Claude Lelouch, Jean-Pierre Léaud, François Truffaut, Roman Polanski et Louis Malle rejoignent le mouvement, le 18 mai, se révoltant aussi contre le ministre de la culture André Malraux qui démet donc Henri Langlois de son poste de directeur de la Cinémathèque française. Pour aides les célébrités se rebellant Alain Resnais, Carlos Saura et Miloš Forman retirent leur film de la compétition. Le Festival devient le théâtre d'affrontements politiques. Le 19 mai, les organisateurs annulent l’édition de 1968.

La Quinzaine des réalisateurs est créée, en 1969, par Pierre-Henri Deleau qu’il dirige trente ans. La quinzaine des réalisateurs est créé pour présenter des films étrangers réalisés par des cinéastes méconnus, qui ne font pas partie de la sélection. La première édition de la Quinzaine est organisé en deux mois, La Première charge, du cubain Manuel Octavio Gómez, qui ouvre la première édition, reçoit immédiatement après sa projection une attention médiatique remarquée. En 1977, la Quinzaine rend hommage à Henri Langlois décédé le 13 janvier 1977.

En 1972, Robert Favre Le Bret est nommé président et Maurice Bessy est élu délégué général. Celui-ci instaure un comité de sélection pour la France et autre pour le cinéma international, ce qui pose problème pour la sélection du Festival de Cannes de cette même année, que les films pouvant prétendre à cette sélection ne sont plus choisis par les Etats de leurs pays d’origine et que, cette année-là le Festival devient donc, en affirmant son indépendance, le seul décisionnaire de cette même Sélection officielle. En 1973, cette dernière se voit inaugurer la section Perspectives du cinéma français, qui maintenant a disparue.

Gilles Jacob, critique et réalisateur, arrive au poste de délégué général du Festival en 1978 et crée la Caméra d’Or récompensant le meilleur premier film de toutes les sections par l'intermédiaire d'un jury indépendant. Il met aussi en place une nouvelle section de la sélection officielle : le Certain regard qui aide les films en marge de la distribution. Parmi 20 films sélectionnés un seul ressort gagnant. Y est souvent mis à l'honneur le Cinéma de ce genre. Il décide aussi de réduire la durée du Festival de 15 à 13 jours (il passe plus tard à 11 jours) et diminue le nombre de film sélectionnés. Il encourage le festival à défendre les libertés de création et d’expression à l’encontre de la volonté de régimes autoritaires à imposer leurs propres films. Etant du partie contre les pressions internationales et la censure, il permet aux réalisateurs Carlos Saura, Luis García Berlanga et Juan Antonio Bardem de mieux lutter contre la dictature franquiste qui les oppresse et au Géorgien Otar Losseliani d’évite les foudres de Moscou, étant accueilli et du coup protégé. Des cinéastes issus de pays en voie de développement comme le Malien Souleymane Cissé peuvent avoir une audience internationale, et le financement ainsi que la diffusion de leurs œuvres peuvent être facilités. On voit le festival devenir autonome. Des modifications surviennent, comme la modification des jurys dans la lignée des idées développées à ce sujet en 1960, quand le jury était majoritairement composé de membres de l'Académie française et non comme aujourd’hui, de célébrités de l'industrie du cinéma. Ce choix est pris dès les années 1960 : après que Georges Simenon, président du jury en 1960, couronne La dolce vita de Federico Fellini sous les huées du public ; Fritz Lang est le premier grand cinéaste à présider le jury en 1964 et consacre Jacques Demy avec Les Parapluies de Cherbourg. Les jurys sont souvent des artistes qui n’appartiennent pas toujours au monde du 7e art ou des intellectuels (journalistes, écrivains, critiques, historiens du cinéma…), le président du jury est aujourd'hui toujours une personnalité du cinéma internationalement reconnue. Le dernier non-professionnel à avoir présidé le jury est l'auteur américain William Styron en 1983.

La Leçon de Cinéma, lancée en 1991 par Francesco Rosi, voit défiler de grands acteurs, réalisateurs ou compositeurs qui expliquent leur carrière artistique et leur avis sur le cinéma. Sur le même modèle, les leçons de Musique et d’Acteur débutent respectivement en 2003 et 2004. Gilles Jacob met en place, en 1998, la Cinéfondation. La Cinéfondation soutient la création d'œuvres cinématographiques en permettant aux nouveaux cinéastes de côtoyer des célébrités. Celle-ci est une sélection de moyens et de courts métrages d’une dizaine de réalisateurs, ayant réalisé un ou deux courts métrages de fiction, de n’importe quelles écoles de cinéma qui met à disposition une aide à l'écriture d'un scénario, 800 € par mois ainsi qu’une résidence à Paris, et un accès gratuit à plusieurs salles parisiennes. Dans les années 2000, plus de milles films d’étudiants sont projetés, ils reflètent la diversité et le dynamiste des jeunes cinéastes. Une section crée en 2005, nommé l’Atelier, aide à trouver des financements pour les films des jeunes réalisateurs, environ 20 réalisateurs par an son financé et essaye de ce mettre en contact avec des célébrités pour la distribution ou la production de celui-ci. On inaugure aussi en 2000, le Village International qui accueil des pays au Festival de Cannes.

Lorsque le festival a lieu, il est l’évènement le plus médiatisé au monde, et en particulier à la télévision, sur laquelle il est diffusé dans les années 1970 et 1980 par Antenne2 puis par Canal+ a partir des années 1990, retransmissent en direct et en clair, dès 1993, les cérémonies de clôture et d'ouverture, durant lesquelles un maître de cérémonie appelle sur scène les jurys et célébrités qui remettent les prix. Le Palais des Festivals et des Congrès est agrandi, en 1999, avec l’extension l’« espace Riviera » de 10 000 m2 ce qui lui vaut d’être surnommé un « Bunker », néanmoins tout à fait spacieux et confortable bien qu’il soit parfois critiqué. Les prix de l'édition 1983 sont remis dans la poussière.

Gilles Jacob part de son précédent poste en 2001, y laissant Véronique Cayla à sa place, élu l’année précédente par Conseil d'administration à celui de président cette fois du Festival. En 2004, dans la lignée du Marché du Film, démarrent le Short Film Corner, un rassemblement spécial courts-métrages et  Producers Network, il permet aux producteurs d’échanger autour de leurs projets. En 2005, est créé la sélection qui rassemble les hommages aux cinématographies et les documentaires sur le cinéma ainsi que les copies restaurées dénommée Cannes Classics. Thierry Frémaux, Délégué Artistique depuis 2001 est nommé par le conseil délégué général en 2007. L’année suivante le Brunch Documentaire est créé. Dans sa lignée on instaure le Doc Corner en 2012. En 2010, on réunit le Short Film Corner et la Compétition des courts métrages dans le « Cannes Court Métrage » pour mieux donner une vue d’ensemble de la production mondiale de courts métrages.

En 2007, pour la 60e édition, le Festival fête ses soixante ans, et évoque son histoire en invitant Bernard Thibault, saluant la volonté de « marquer sa fidélité à l'histoire d'un Festival où la CGT est presque chez elle, même s'il a beaucoup changé ». A cette occasion, un film à sketch, Chacun son cinéma, est organisé, 35 réalisateurs mettent en scène des courts métrages sur la salle de cinéma. De plus, Luc Besson, ancien président du Festival de Cannes 2000, met en place le Festival Cannes et Banlieues, dont le slogan est : Si tu ne peux pas aller à Cannes, c'est Cannes qui viendra à toi ! Celui-ci est mis en place afin d'organiser dans plusieurs villes de banlieue parisienne des projections de films de la sélection officielle, accompagnées d'un court métrage retraçant les 60 ans du Festival de Cannes.

En 60 ans, le Festival de Cannes a promu de nouveaux cinématographies et réalisateurs. Maintenant les cinémas de genre et d’animation font partie de la sélection.

Cette année, une nouvelle ère apparaît pour le Festival, Gille Jacob devient président d’honneur après 38 ans de direction, Pierre Lescure est son successeur.