Whiplash de Damien Chazelle le coup de coeur de la Quinzaine 2014, toujours en salles!
Par Victor HEBERT le 15 avril 2015, 23:11 - Critiques - Lien permanent
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Synopsis : Neyman, un jeune batteur, rencontre Terence Fletcher, le professeur de l’orchestre le plus prestigieux dans l’école où Neyman joue, et il l’accepte dans son orchestre mais Neyman comprendra vite qu’il faut s’imposer pour gagner sa place dans cet orchestre qui a pour professeur un « double-arc-en-ciel » c’est-à-dire sympathique en apparence mais cruel à un point que Neyman découvrira bientôt.
La force de ce film, ce qui fait qu’il est si émotif et si bouleversant, c’est parce qu’il raconte toutes les phases de la vie d’un musicien mais aussi les phases extrêmes de leur vie dans lesquels il ne faut pas tomber et ce même par la violence d’un professeur d’orchestre, aussi réputé soit-il :
La première phase de la vie du musicien que l’on voit est celle de la rencontre avec la personne qui saura nous amener au sommet de notre art ici Neyman (le musicien) rencontre Terence Fletcher (le professeur intraitable et irrespectueux) meilleur professeur de l’académie dans laquelle Neyman joue, il lui demande alors de jouer un double swing mais il n’y arrive pas, il s’en va donc s’en dire un mot et c’est à ce moment-là que Neyman entre dans la phase la plus importante et la plus difficile de la vie d’un musicien : le travail.
Durant tout le film les moments durant lesquels Neyman travaille sont toujours les plus durs à voir, par leur violence et par leur horreur mais durant les premières fois on se dit qu’il fait cela par passion, pour pouvoir continuer à jouer de cet instrument qu’il adore et cela donne un aspect magnifique du travail de Neyman.
Son travail sera récompensé par la place de batteur remplaçant dans le meilleur orchestre de l’académie’ c’est la phase de la réussite de la carrière d’un musicien et on ressent encore plus cette phase de réussite lorsque qu’il va voir la fille qu’il aime et qu’il lui propose de sortir avec elle. Après que la fille lui a répondu oui, on ressent toute la joie et toute la confiance qu’il ressent en lui malheureusement cela ne durera qu’un soir car le lendemain il aura la prochaine phase aussi importante que les deux autres : les répétitions.
C’est à ce moment-là que toute la difficulté de la vie de musicien est montrée : gagner sa place et la garder. Il n’y a pas de place pour ceux qui n’y arrivent pas et Terence considère que jouer sans savoir jouer correctement le morceau revient à vouloir faire perdre l’orchestre. C’est à partir de ce moment-là que l’on voit toute la cruauté de Terence. Il fait endurer aux batteurs dont Neyman un effort intensif de 3 heures ce qui est épuisant physiquement mais en plus il les épuise moralement, ce qui est encore pire que la douleur physique car à moins d’avoir un mental d’acier il est presque impossible de soutenir des humiliations et des insultes pendant trois heures.
Mais le personnage de Terence nous dit une chose très importante que Neyman suivra à la lettre : « Si on te crie dessus pour quelque chose de faux alors crie plus fort pour te faire entendre »
Suite aux répétitions on revoit la phase du travail mais cette fois-ci on la voit comme une sorte de survie pour conserver sa place ce qui rend ce passage qu’il ne faisait avant que par passion de l’instrument vraiment très dur.
Ce travail a tout même un prix car il gagne sa place de titulaire dans l’orchestre mais ce passage sera de courte durée car il sera en constante rivalité avec les 2 autres batteurs de l’orchestre. On voit bien la cruauté du monde de la musique et du spectacle : Seuls les plus forts et les plus passionnés survivent et il ne reste rien à ceux qui ne sont pas assez bons.
A ce moment-là la phase du travail devient critique car il ne veut plus avoir aucune occupation qui n’est pas en relation avec la batterie et pour cela met fin à sa relation avec la fille avec laquelle il sort avec pour unique raison qu’il n’a de temps à accorder qu’à la batterie et pas à une fille. C’est ici que Whiplash montre vraiment à quel point un homme poussé à son extrême limite ne peut vivre que de sa passion sans autre vie à côté.
Et on se rend compte que petit à petit Neyman devient comme son professeur : il n’a de respect pour personne et encore moins pour ceux qui peuvent lui prendre sa place il devient cruel, insultant et injuste et ce jusqu’à la prochaine phase : la représentation ratée.
Dans ce film, Neyman devient insultant et durant un appel pour justifier son retard pour pas qu’on lui prenne sa place, comme quoi sa place dans l’orchestre et son seul et unique souci, il est victime d’un accident mais toujours pour garder sa place et ne pas la laisser à une autre personne il va jusqu’à la représentation pour jouer. Il est clairement égoïste car il tient tant à sa place qu’il empêche de jouer ceux pour qui la batterie est encore une passion et pas encore une voie. Etant d’en l’incapacité de jouer correctement avec ses blessures, il est renvoyé de l’équipe car Terence considère qu’il savait qu’il ne pouvait pas bien jouer et qu’il a joué par pur égoïsme et pour que son école de musique soit humiliée.
A ce moment-là Neyman pète un câble et se bat avec Terence, qui représente pour lui l’homme qui l’empêche de garder sa place dans l’orchestre et de jouer de la batterie et donc l’homme qui l’empêche de vivre.
Il apprend ensuite qu’un ancien élève de Terence s’est pendu et que les juges pensent que le responsable de ce suicide est Terence.
Ce suicide peut être interprété de plusieurs manières mais je pense que le réalisateur voulait nous montrer qu’en ne vivant que de la musique et à un moment, quel qu’il soit, que ce soit une impossibilité à jouer un morceau ou le dégoût de cet instrument par le temps qu’il nous prend, si on ne sait plus quoi ou comment faire sa vie et que l’on nous a appris de vivre d’une seule chose : on perd le goût de la vie et on se suicide. Et c’est de cette faute que l’on accuse Terence, ce qui nous semble tout à fait plausible suite à la vue de sa cruauté.
Après le procès de Terence, Neyman marque la phase de la pause de l’instrument, qu’il arrête d’y jouer et sa vie nous semble tout de suite plus vide et on se dit qu’au-delà de sa place dans l’orchestre ou des choses comme ça : Neyman est fait pour la batterie car sans, sa vie nous paraît vide. Mais durant cette pause on peut dire qu’il cicatrise et qu’il guérit des cruautés physiques et mentales que lui ont fait subir Terence et sa passion pour la batterie.
C’est à ce moment-là que l’on comprend le titre du film de Jacques Audiard qui sied parfaitement à Whiplash : « De battre, mon cœur s’est arrêté » car après avoir fait battre son cœur trop fort avec la pression qu’il se mettait et que Terence lui mettait, il a tout arrêté par dégout de l’instrument car il avait trop de pression.
Quelques mois plus tard, Neyman retrouve Terence et c’est la première fois que l’on entend Terence jouer pour lui et prendre du plaisir à jouer, il nous paraît alors moins cruel, nous qui pensions qu’il n’était professeur de musique que pour rabaisser ses élèves, on voit qu’en fait si il est devenu ce qu’il était c’est par amour de la musique.
C’est quand Terence nous explique pourquoi il était si cruel que l’on comprend la morale de Whiplash : « Si quelqu’un est fait pour quelque chose alors il faut le pousser à le faire jusqu’au bout quel que soit les méthodes car si il est vraiment fait pour ça, il n’abandonnera jamais » c’est ce que Terence nous dit en réponse à sa cruauté depuis le début du film, qu’il a été horrible pour que l’élève lui démontre le contraire par rage et vengeance de cet affront et que si il l’aurait dit tout cela calmement il ne serait pas allé jusqu’au bout de ses capacités et que ce serait du gâchis.
Et vous, qu'auriez-vous fait si vous aviez eu un diamant pur à faire progresser ?
Commentaires
Bravo Pierre et Olivier. Continuez comme ça c'est génial!
Bisousa
Ayant vu le film il y a quelques semaines.... étant un peu musicien, ce qui en ressort, c'est que l'Excellence a un PRIX !!!
Si vous avez encore un doute à franchir le pas pour voir ce film, je vous invite vivement à aller sur le site de MEDIAPART pour lire la critique.
http://blogs.mediapart.fr/blog/laura-tuffery/241214/whiplash-quatre-boules-de-cuir-pour-un-swing