Critique de "la Forme de l'eau", de Guillermo del Toro

Un film planant et poétique, grand vainqueur des Oscars

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Critique de «La forme de l'Eau»,

de Guillermo del Toro

 

Dans le Baltimore du début des années 60, une jeune femme, Elisa, travaille dans un bureau top secret du gouvernement comme femme de ménage.

Sa vie est d'une routine assourdissante : se lever tous les matins à la même heure, prendre un bain, manger un œuf, aller voir son voisin, dormir dans le bus et arriver en retard au bureau, où sa collègue, Zelda, garde sa place. Elisa a une vie faite de solitude, d'autant plus qu'elle est muette et ses parents l'ayant abandonnée à la naissance. Ses deux seuls amis sont Zelda, sa collègue déversant en continuité un flot de paroles sur son mari, qu'elle n'aime pas vraiment («ça fait vingt ans qu'il ne parle plus... mais si péter était un compliment, ce serait Shakespeare!»), et son voisin, un vieux peintre publicitaire au chômage, dépassé par la photographie, une "relique" comme il se définit à la recherche de sa jeunesse gâchée, dont son postiche est le symbole.

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Un jour, une créature amphibie arrive au laboratoire, encore plus violente que les autres (elle blesse grièvement son gardien et lui arrache deux doigts).

Elisa se lie d'amitié avec elle...

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Le réalisateur, Guillermo del Toro, est connu pour ses films fantastiques à l'ambiance onirique remplis de créatures étranges (Le labyrinthe de Pan, La légende de Manolo, …). 

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La forme de l'eau est dans la continuité de ces films, mais mélange aussi admirablement de nombreux genres : romance, drame, films d'horreur gothique (le thème du monstre est au centre de l'histoire), mais aussi film d'espionnage (avec une intrigue secondaire sur des espions soviétiques).

Le film s'aventure même parfois dans le conceptuel quand del Toro filme pendant près d'une minute deux gouttes d'eau qui glissent sur une vitre avant de se rejoindre. Un film où les deux héros sont dénués de parole, c'est un pari osé que le réalisateur relève non sans tomber dans quelques pièges (on a du mal à croire à l'idylle immédiate entre une femme de ménage et une créature amphibienne).


Le réalisateur sait aussi en jouer : l'une des plus belles scènes du film se déroule à la limite entre rêve et réalité, quand Elisa retrouve la parole pour chanter, crier son amour, mais se rendant compte que personne ne l'entend, elle retourne à son mutisme.

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Le lieutenant Strickland, tortionnaire de la bête, d'abord montré en victime, devient peu à peu fou quand la créature lui échappe. 

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Sa volonté de satisfaire ses supérieurs lui fera jusqu'à torturer un homme mourant et s'arracher deux doigts devant Zelda pour lui prouver sa détermination, représentant ainsi l'homme normal devenant un monstre sadique pour s'attirer les faveurs de sa hiérarchie. Le film pose ainsi cette question, dès le début : ici, qui est le monstre, celui difforme à l'extérieur ou celui qui l'est à l'intérieur? Dès le début, Strickland, qui introduit le récit, se définit comme "le monstre qui a tout gâché".

 

 

 

Un très bon film, qui mérite sa pluie de récompenses.

 

La forme de l'eau (titre original : The shape of water)

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Réalisateur : Guillermo del Toro

Casting : Sally Hawkins (Elisa), Michael Shannon (Strickland), Octavia Spencer (Zelda)

Récompenses aux Oscars : -Meilleur film

-Meilleur réalisateur

-Meilleure musique

-Meilleurs décors