Mommy de Xavier Dolan

                                                                 

Synopsis : Steve est un garçon souffrant de troubles du comportement. Il sort enfin d’un centre de redressement et retourne vivre avec sa mère, Diana, qui perd, par la même occasion, son travail. Ils s’installent dans un petit quartier de banlieue où ils font la connaissance de leur voisine Kyla. Mommy est un film violent et culpabilisant qui montre que l’amour ne peut rien faire contre certaines choses désemparant ainsi toutes les mères dont Diana qui croyaient cela.
Ce film a été pour moi bouleversant, tant par le scénario que la mise en scène qui est vraiment exploitée par les gros plans pour intensifier les émotions éprouvées magnifiquement par le jeu d’acteurs qui est parfaitement joué car ils puisent dans leurs personnages qu’ils sont eux-mêmes : des mères et des fils en quête d’amour.
Ce film est vraiment poignant par son sujet très utilisé mais qui n’en reste pas moins troublant : la relation mère-fils.
Ce film montre l’évolution des trois personnages principaux aussi touchants les uns que les autres : Steve, sa mère Diana et Kyla leur voisine.

       
Les trois personnages sont aussi émouvants les uns que les autres :
Steve est très touchant car malgré ses troubles du comportement, il cherche toujours l’amour de sa mère et essaie d’être comme n’importre quel adolescent de son âge mais il n’y arrive pas.
Sa mère est pour moi la plus touchante et la plus touchée dans ce film, touchante car comme son fils elle est tiraillée entre l’amour infini qu’elle porte son fils et la crainte que ses troubles ne l’emportent sur lui et qu’il devienne violent avec elle. Elle est le personnage le plus touché et le plus exposé avec en plus sa situation professionnelle qui s’effondre. C’est en partie sa combativité contre la précarité de leur vie qui la rend si vraie et si triste.
Kyla, est touchante par sa fragilité naturelle qui petit à petit diminue au contact de Steve et de Diana, elle devient presque comme sa seconde mère, et qui s’occupe de tout ce que le monde extérieur peut offrir : la médecine, l’enseignement, mais dont Steve ne peut pas bénéficier à cause de sa maladie.

Tout ce qui les rend touchants est parfaitement mis en scène pour répondre à la morale aussi réelle que cruelle :
« Tout l’Amour du monde ne peut pas sauver de la maladie »
Durant tout le film, on espère que cette morale fera pour une fois une exception et c’est ce qui rend ce film si bouleversant et qui me touche à en pleurer.
Le plus éprouvant pour le spectateur est que durant tout le film de les voir lutter contre le malheur, contre la peine, ces trois-là unis face à tous les maux et l’hostilité de la Terre, au début cela fini par nous paraître possible et même propable. Cette scène du cliché souvenir  d’eux trois afin que ce moment de bonheur dure éternellement est poignante d’espoir, celui que le spectateur se surprend à éprouver.

La chanson « Wonderwall » (mur de merveilles)  nous montre vraiment que leur vie est enfin devenue celle qu’ils attendaient grâce à leur entraide avec Kyla a un tel point que les bandes noires, symbolisant le malheur qui pèse sur eux avec la maladie de Steve, disparaissent pour donner place à un écran total soit une vie totale. C’est le rythme explosif de cette chanson qui fait éclater les bandes noires retenant Steve prisonnier de sa maladie.

Et comme un boomerang, tout le combat mené face au malheur laisse  peu à peu place à la catastrophe. Arrive ce que l’on pensait inconcevable, impossible ou injuste après une telle épopée
C’est la précarité contre laquelle Diana se battait seule qui revient en force contre les trois personnages avec une amende de 250 000 € annonçant le début du retour du boomerang…
Les bandes noires reviennent en même temps que la violence de Steve lorsque sa mère ne fait plus attention à lui et que les autres jeunes se moquent de lui : la symbolique des bandes noires est claire, elles symbolisent la maladie de Steve et réapparaissent car elle a eu raison de tous ses précédents efforts.
A ce moment-là, Diana atteint toutes ses limites, financières, affectives dans lesquelles elle a puisé, et dans un face à face trop vrai pour que Steeve ne puisse l’entendre, se brisent sous nos yeux hébétés tous les efforts menés. Pourtant alors qu’elle égrène la difficulté de la vie d’une mère, on comprend le sens de l’autre film de Xavier Dolan : « J’ai tué ma mère ». Ce titre à double sens veut dire que la peine d’une mère se compose non seulement de sa propre peine mais aussi des problèmes et de la peine de son enfant et tous les problèmes de Steve ont eu raison d’elle : c’est pour moi à ce moment que le film est le plus émouvant et le plus instructif.

C’est suite à cette réalité trop vraie et trop crue, que Steve fera l’erreur du film que Dolan met en scène en catastrophe pour que nous l’évitions : il pense que sa mère ne l’aime plus.
Au moment de cette déclaration il l’embrasse non pas par amour filial mais par vrai amour c’est à ce moment que l’on comprend que Steve a toujours été un enfant très seul à tel point qu’il ne sait pas faire la distinction entre amour filial et amour réel.
C’est suite à cette scène que  je me demande vraiment d’où vient sa maladie. Et je pense que la maladie de Steve est liée au monde extérieur, que c’est lui qui, à force d’isoler Steve, a dû le rendre fou. C’est pour moi le responsable du malheur de cette famille.
Ce film est réellement symbolisé par l’espoir, l’espoir que Steve guérisse de sa maladie et qu’ils puissent enfin vivre normalement. C’est pour cela qu’à la toute fin du film, Diana joue son dernier atout: elle envoie son fils en asile psychiatrique en espérant qu’un jour il revienne, guéri et libre « tout l’amour et tout l’espoir du monde ne peuvent rien face à certaines choses ».
Mais au même moment, Kyla informe Diana de son déménagement à Montréal et c’est à ce moment-là que l’on voit Diana pleurer, des larmes de désespoir, des larmes qui implorent le monde que son fils lui revienne guéri, des larmes d’impuissance les mêmes que celles de Romy Schneider dans « L’important c’est d’aimer »

Pour finir ce film m’a profondément troublé par sa mise en scène et par le jeu des acteurs et je vous conseille de vous souvenir de ce nom qui sera présent parmi le jury du Festival de Cannes cette année et qui a réussi à mêler à la fois la tristesse d’une famille dévastée et la beauté d’une famille unie : Xavier Dolan.

 


Et vous, qu’auriez-vous fait si votre enfant était malade, rendant la vie avec lui impossible, mais qu’il vous aimait aussi fort que vous ne l’aimiez ?