Le Cinéma français des années 70
Par Sahan KONEGAHAGE le 07 mars 2015, 19:58 - Dossiers - Lien permanent
Le Cinéma des années 70 : Truffaut et ses amis réalisateurs
Dans les années 70 le cinéma français change radicalement tout comme la société française d'après Mai 68. C'est à ce moment-là que naît la Quinzaine des réalisateurs à Cannes avec une volonté de porter ce cinéma.
Dès mai 1968, une nouvelle vague apparaît. Elle est en rupture avec le cinéma d’avant mai 1968 car la subjectivité de l'auteur n'est plus mise en avant. La prise de parole à la première personne est dévalorisée par rapport aux expressions d'un groupe, voir de la société tout entière. La forme académique est dévalorisée par rapport à un traitement plus léger, proche du travail de documentariste.
Les films deviennent des films militant et le film devient une arme politique. « Le Cinéma militant » renvoie à cette décennie (les années 70). Auparavant, nous parlions de « cinéma de propagande » ou sinon de « cinéma parallèle ».
Nous pouvons remarquer cela, car les films sont soient utilisés comme base d'échanges d'expériences politiques donc logiquement suivis de débats, soient réalisés et diffusés en liaison avec des actions politiques ou soient accompagnés d'une information complémentaire.
La technique majoritairement utilisée est celle du cinéma direct, apparue en France une vingtaine d'années auparavant, consécutive à l'invention du magnétophone portable Nagra, et de la Coutant, une caméra à la fois légère donc facile à soulever et à porter, et silencieuse, donc permettant ainsi la prise de son synchrone.
La Coutant
Le magnétophone portable Nagra
Nous pouvons aussi remarquer que durant l’époque du « cinéma militant » les films sont courts, en noir et blanc et en 16 millimètres.
C'est donc mai 68 qui constitue le moment fondateur du cinéma militant : les États généraux, l'IDHEC en grève, voire même certaines agences de publicité organisent des équipes de tournage qui filment les manifestations, les grèves, la Sorbonne, l’Odéon ou les différents mouvements politiques.
Dans les années 1970, le cinéma français entre dans une période difficile. Le nombre de spectateurs passe de 424 millions en 1947 à 184 millions en 1970.
Les plus grands réalisateurs français des années 70:
Yves Boisset est né à Paris en 1939. Le cinéma le passionne. Au début, il écrit des critiques. Durant les années 60, il travaille en tant que assistant-réalisateur.
Durant la décennie 1970, il réalise 10 films pour le cinéma durant ces années comme ; « Un condé » en 1970, ce film dresse un inquiétant portrait de la police, L'Attentat en 1972 qui quant à lui se centre sur l’étrange affaire Ben Barka, « R.A.S. » en 1973 qui aborde la guerre d’Algérie en prenant parti contre les dirigeants militaires, Dupont Lajoie en 1975 ce film traite du racisme ordinaire le plus répugnant, ou encore Le Juge Fayard dit le sheriff en 1977 ce film s’insurge contre la corruption des systèmes politique et judiciaire. Ses films sont des succès tant des critiques que du public, mais ils caractérisent aussi son engagement idéologique que l’on pourrait qualifier comme étant « de gauche ».
Pour Yves Boisset, le cinéma ne sert pas seulement à divertir, mais doit être perçu comme un moyen de pointer du doigt les maux d’une société.
Claude Chabrol tient un ciné-club dans la Creuse pendant la guerre. De retour à Paris, il suit des études de droit et de lettres, mais fréquente surtout assidument les cinémas de la ville. Son père était un pharmacien.
Bénéficiant de la présence de Belmondo, le satirique Docteur Popaul est en 1972, l'un des plus gros succès publics du réalisateur, qui tente à la même époque des incursions dans le thriller politique (Nada) et le fantastique (Alice ou la Derniere fugue). Mais Chabrol est plus à son affaire lorsqu'il adapte des romans policiers ou s'inspire de faits divers, comme pour Violette Noziere, qui, en 1978, marque le début d'une fructueuse collaboration avec Isabelle Huppert.
Eric Rohmer de son nom de naissance Jean-Marie Maurice Schérer était un jeune professeur de lettres à Vierzon. Ma nuit chez Maud en 1969, et Le Genou de Claire en 1970, qui reçoit d’ailleurs le Prix Louis-Delluc sont particulièrement remarqués. Comme tout auteur français, il écrit ses scénarios lui-même, même s’il s’inspire d’œuvre littéraire.
Alain Resnais est né en 1922 et est issu d'une famille lettrée. Il se passionne très tôt pour toutes les formes d'art, de la photographie à la littérature, influences qui marqueront durablement son œuvre. À 12 ans, le jeune cinéphile qu'il est se voit offrir pour Noël, par son père, sa première caméra Kodak, avec laquelle il tourne quelques films en super 8 dont un « Fantomas ». Il était également passionné de théâtre. Ses principaux films des années 70 furent « Je t’aime, Je t’aime » en 1968, « L’an 1 » en 1973, « Stavisky » en 1974 et « Providence » en 1977. Il meurt le 1er mars 2014.
François Truffaut est né en 1932 d'un père qu'il n'a pas connu et d'une mère distante. Il vit une enfance difficile. Une rencontre avec André Bazin, un critique de cinéma, qui voit en lui un fort potentiel lui permet de ne pas tomber dans la délinquance. Avec les "400 coups" il signe un premier film autobiographique dont il voulait qu'il soit un vrai film.
Ses films des années 70 furent « Domicile Conjugal » en 1968 et « L’amour en fuite » en 1970. L'enfance, le couple, les femmes, le cinéma et la littérature tiennent une place importante tout comme Paris avec un personnage fétiche "Antoine Doisnel" tenu par Jean-Pierre Léaud.
Jean-Pierre Mocky est né en 1929. Il débute en tant qu'acteur en 1946 dans le film « Vive La Liberté ». Sa carrière de réalisateur commence en 1954 comme second assistant-réalisateur de Luchino Visconti sur le plateau de Senso ; puis en 1959 avec Les Dragueurs. Irrévérencieux, Jean-Pierre Mocky marque le cinéma par son goût du fantastique et un regard critique sur les bonnes convenances.
Ses principaux films des années 70 sont « Solo » en 1970, « l’Albatros » en 1971 et « Un linceul n’a pas de poches » en 1974.
Jean-Luc Godard est né en 1930 à Paris dans une famille de la bourgeoisie franco-suisse. Il devient suisse pendant la Seconde Guerre Mondiale. En 1949, il obtient une maîtrise en Ethnologie à la Sorbonne. C’est à ce moment là qu’il rencontre François Truffaut et Eric Rohmer (voir plus haut).
En mai 68, Godard est un militant actif et son cinéma devient un moyen de lutter contre le système. Ses films les plus connus des années 70 sont « Numéro 2 », « Ici et ailleurs » et « Jean-Luc six fois deux, sur et sous la communication ». Ce dernier est un court-métrage. C'est "A bout de souffle, "Le Mépris" et Pierrot le fou" qui marquent le public et sa carrière pour ce cinéaste qui a pour obsession le langage et comment le traduire par le langage cinématographique.
Costa-Gavras est né en 1933 en Grèce. Il est issu d’une famille modeste une mère grecque et un père russe qui s'est illustré dans la Résistance. Il rejoint Paris, où il devient un étudiant en lettres à la Sorbonne. Il commence par être assistant Giono. Il enchaîne ainsi de suite avec plusieurs autres réalisateurs.
Le goût de Costa-Gavras pour les faits politiques et historiques apparaît dès son deuxième opus, "Un homme de trop", consacré à la Résistance. Mais c'est avec son troisième film, "Z" en 1969, qu'il se forge une réputation de grand cinéaste engagé. Il dénonce la Dictature des Colonels en Grèce, même si le pays n'est pas nommé, le film obtient 2 prix à Cannes.
Dans la même veine, "L' Aveu" (1971), qui revient sur les procès staliniens, offre à Montand, traqué et torturé, un de ses rôles les plus marquants. Dernier volet de sa trilogie politique, "État de sièg"e (Prix Louis Delluc 1972) évoque les agissements de la CIA en Amérique latine. Il a aussi essayé quelques films romantiques, mais ils n’ont pas été aussi convainquant que les films politiques.
Claude Sautet devient un des plus grands réalisateurs des années 70. Nous lui avons consacré un dossier autour du film "Les choses de la vie".