Interview d'Alain Olivieri, Premier assistant réalisateur

Notre interview avec Alain Olivieri, Premier Assistant réalisateur qui est venu nous parler deux heures de son métier dans notre classe!


Alain Olivieri avec Jean-Louis Trintignant sur le tournage d'Amour de Michael Haneke


Questions sur le film «Amen»


Pourquoi avoir choisi ces acteurs pour jouer les personnages principaux (Mathieu Kassovitz et Ulrich Tukur)?

Ce n'est pas moi qui m'occupe du casting et choisit les acteurs mais le directeur   de casting. Quand je suis arrivé au sein de l'équipe du film Mathieu Kassovitzet Ulrich Tukur avaient déjà été choisis par Costa.

 
Dans la première scène du film on voit des enfants handicapés, était-ce vraiment des handicapés, si oui pourquoi et le casting a t-il été difficile sur ce point?

Oui, c'était de vrais handicapés sauf la nièce qui est une comédienne roumaine. Nous avons décidé de faire ce choix pour que cela paraisse plus réaliste.
Le casting est toujours compliqué dans ces cas là. Nous devons nous rendre dans des centres spécialisés pour recruter les personnes handicapés.

 

Pourquoi avoir choisi d'attribuer les rôles de nazis à des allemands et est-ce dure de jouer ces rôles pour les allemands ?

Ceci était le vœu de Costa-Gavras. Le fait de prendre des acteurs allemands pour jouer les rôles des nazis était là aussi une question de réalisme. D'autant plus que les acteurs allemands sont très bons.

Avez-vous, ainsi que l'équipe, été choqués ou touchés par certaines scènes du film que vous tourniez ?

Nous l'avons forcément été. On ne peut pas traiter un sujet comme celui ci sans être touché et impressionné par certaines scènes comme la rafle. Quand on fait un film, on vit l'histoire.

 
Les scènes jouées dans d'autres pays sont-elles vraiment jouées dans ces pays, par exemple les scènes au Vatican sont-elles jouées au Vatican ?

Faire croire que l'on est dans un lieu alors que non, c'est le travail de la décoration. Tout est fait pour qu'il y est une vraie ressemblance. C'est la magie du cinéma.

 

Dans une scène on passe du train à la voiture, comment cela a t-il été tourné ?

Tout cela est synchronisé. Il y a une caméra dans la voiture, on utilise le fond  vert. Il y a aussi des effets spéciaux pour que tout soit bien ensemble.


Quel effet l'affiche du film a-t-elle eu sur le public et les médias ?

L'affiche a été l'idée d'un graphiste. C'est un mélange d'une croix catholique et d'une croix gammée. Elle a beaucoup fait polémique à cette époque.


Quelles émotions ou messages vouliez vous faire passer a travers le film ?

Costa-Gavras a voulu faire passer un message de paix à travers ce film universel. Il a voulu montrer l'horreur de la guerre, un moment de l'Histoire.


Quel a été votre propre ressenti après votre visionnage du film ?

J'ai été tout d'abord très content d'avoir participer à l'aventure et fier de voir le film fini. J'ai été très touché et satisfait du rendu final.

 
D’où est venue l’idée de traiter un sujet comme celui ci ? Pourquoi ?

C'était le projet de Costa-Gavras. Il a voulu montrer autre chose que ce que l'on peut voir sur internet ou à la télé. Il a également voulu montrer cette partie de  l'histoire à un public plus large. J'ai été très content d'apprendre que Costa-Gavras me voulait comme assistant réalisateur. Depuis le film «Amen», j'ai du mal à accepter des films sur cette période.


Questions générales

Quelle est la moyenne de temps entre chacun de vos tournages ?

C'est très aléatoire. Cela dépend aussi de la «côte» de l'assistant réalisateur. Si il vient de débuter, c'est plus lui qui va démarcher pour trouver un film. Alors que quand il a plus d’expérience, ce sont les réalisateurs qui viennent à lui et qui l'appellent. Je suis dans le deuxième cas.


Si vous devez tourner dans la rue par un beau temps et qu'il y a de la pluie, comment cela se passe-t-il ?

Quand cela arrive il faut trouver des solutions. Soit on voit si la scène peut se tourner  sous la pluie, soit on essaie de tourner une autre scèneen extérieur soit on se repli si c’est possible sur un décor en intérieur. Dans le pire des cas, on  renvoie tout le monde à la maison. Il faut réfléchir pour trouver la meilleure solution en perdant le moins de temps possible.

 
Les scènes d'hiver sont-elles vraiment tournées en hiver et les scènes d'été en été ? Et les scènes où il y a de la pluie ou de l'orage comment cela ce passe t-il ?

Lorsque le scénario l’exige on tourne en hiver. Sinon, Il faut, trouver des solutions pour tourner les scènes d'hiver en été et inversement. Il faut s'adapter ! Quant aux scènes où il y a de l'orage, par exemple, ce sont les effets spéciaux ou les électriciens qui s'en charge (machines à éclairs). Et quelque fois on renforce par des effets numériques.

 

Questions sur le métier d'assistant réalisateur

Pouvez vous nous faire découvrir le métier de 1er assistant réalisateur en quelques phrases, quel est votre rôle ?

On peut dire que mon métier, comme d’autres dans le cinéma d’ailleurs, se fait en deux temps. La préparation et le tournage.
En préparation je commence par faire un dépouillement et un plan de travail (calendrier desséquences/jour) à partir du scénario. Je gère le planning du réalisateur, les différentes réunions. Je dois également coordonner toutes les informations et les faire circuler au reste de l'équipe. Un travail de coordination.
En tournage ; je gère le plateau (présences équipe, acteurs, figurants,…), le temps car  comme partout il y a des règles et un peu « tout ce qui peut arriver sur un plateau ».

 

Quelles qualités faut il pour devenir assistant réalisateur ?

Pour exercer ce métier, il ne faut pas obligatoirement faire de longues études. Il faut avoir de la jugeote, aimer le contact humain, être honnête et imperturbable. Il faut être autoritaire (mais pas trop) pour ne pas se laisser marcher sur les pieds ou simplement pour maintenir la cohésion du plateau de l’équipe. Il faut également être organisé. C'est un métier assez lourd (physiquement et moralement).

 

Quels les points négatifs du métier de 1ere assistant de réalisateur?

Comme je l’ai dit, c’est un métier très prenant et qui peut être difficile.


Un assistant réalisateur a-t-il lui même des assistants ?

Oui, il y a un deuxième et un troisième assistant réalisateur et le nombre d'assistant réalisateur peut varier en fonction de la charge de travail.

 
Ce métier vous laisse t-il de la place pour une vie privée confortable ou alors empiète t-il sur votre vie privée ?

Ce métier prend beaucoup de place dans ma vie privée. Il bouffe un peu de temps avec la famille.

 

Questions personnelles

Quel a été votre parcours ?

J'ai tout d'abord été attiré par la photographie. A dix, douze ans j'ai été figurant sur un film à Marseille, j'ai vu l'équipe de tournage faire et j'ai été intéressé. Pendant un job d'été, j'ai découvert qu’il existait un enseignement du cinéma en fac de lettres en parallèle je faisais des photos et des films amateurs. Après mon armée, j'ai eu mon diplôme et je suis monté à Paris. J'ai persister et ai pu avoir une première expérience professionnelle dans le cinéma. En Novembre 1989, je devint assistant réalisateur, mais avant cela je suis passé par plusieurs postes dans le cinéma. Je suis, aujourd’hui, très heureux d'exercer ce métier et de vous faire partager mon expérience.

 

Quels sont vos goûts cinématographiques?

J'aime le cinéma sous toutes ses formes mais je ne vais pas beaucoup au cinéma.

Quelle a été votre meilleure expérience ? Votre plus beau souvenir / anecdote ?

Je n'ai pas une meilleure expérience, j'en ai plusieurs. J'ai énormément de beaux souvenirs, je ne saurai pas en choisir un. Ce sont vraiment toutes de belles aventures humaines et de beaux moments de cinéma.

Commentaires

1. Le 16 mai 2015, 21:49 par Victor Baussonnie

Merci pour cette interview.