"Monstrum" désigne en latin le prodige que les dieux envoient aux hommes pour leur montrer qu'ils sont mécontents de leur attitude : épidémie, pluie de sang, naissance d'un veau à deux têtes... Les Romains rétablissaient alors la pax deorum en accomplissant des cérémonies religieuses, très codifiées.
Par la suite, "monstrum" a désigné ces animaux fabuleux combattus par les héros. Découvrez l'histoire de Bellérophon !
Cette histoire commence en Grèce...
Bellérophon, fils de Poséidon, était hébergé par Proïtos, le roi d'Argos. Or la femme du roi tomba amoureuse de ce beau héros et lui fit des avances. Bellérophon les repoussa. Profondément vexée, la femme alla trouver son mari, et accusa Bellérophon d'avoir tenté de la séduire (Quelle mauvaise foi !). Le roi n'avait pas d'autre choix que de tuer Bellérophon, mais avoir du sang sur les mains, celui de son hôte qui plus est, ne lui plaisait pas.
Il trouva alors une solution : il envoie Bellérophon porter une lettre scellée à Iobatès, le père de sa femme, qui régnait sur la Lycie (Asie Mineure). Cette lettre enjoignait Iobatès de tuer Bellérophon. Evidemment, ce dernier l'ignorait...
Mais comment faire ? Or en ce temps-là, une sorte de dragon terrorisait la région. Ce monstre crachait du feu, avait la tête d'un lion, le corps d'une chèvre et la queue d'un serpent : c'était la Chimère. Iobatès commanda alors à Bellérophon de combattre ce montre, pensant l'envoyer à une mort certaine. Notre héros, heureusement, reçut l'aide d'Athéna qui lui amena Pégase et il put venir à bout de la Chimère.
(SOURCES : education.louvre.fr ; mythologica.fr)
Iobatès l'envoya encore combattre les féroces guerriers du territoire voisin, puis les Amazones. Enfin, il le fit tomber dans une embuscade, où il dut affronter les meilleurs Lyciens. Mais Bellérophon revenait toujours vainqueur, ayant fait grand massacre de ses ennemis. Iobatès renonça alors à vouloir sa mort et lui donna sa fille en mariage...
Postérité : Napoléon a été emmené en exil sur l'île de Sainte-Hélène par un bateau anglais, nommé le Bellerophon ! http://www.powellhistory.com/art/Painting/Orchardson%20-%20Napoleon%20on%20the%20Bellerophon.jpg
Autrement, "Chimère" était le nom de ce monstre (au même titre que "Pégase", "Cerbère", etc.). Par la suite, on en a fait un nom commun désignant au sens propre un animal fantastique en général (par exemple une gargouille) et au sens figuré des illusions... Charles Aznavour a chanté une chanson nommée "Le palais de nos chimères", qui parlent des illusions de sa jeunesse.
En récompense de votre lecture, vous trouverez en annexe deux jeux sur les monstres !
5 commentaires
J'ai bien aimé cette histoire! Comment ça se fait que Bellérophon ne soit pas aussi connu que Hercule ? Les femmes romaines sont presque toutes de mauvaise foi^^!
PS: Félicitation pour cette idée de jeux d'association !
grammaticus : Bellérophon a, en effet, tous ses exploits groupés autour de cet épisode. Après... comment expliquer qu'on parle moins de lui... ? Après réflexion, voici une réponse possible : d'après ce que je sais, Thésée et surtout Héraclès/Hercule ont des légendes plus développées ; ce sont des héros extrêmement positifs, que l'on retrouve - à part sur les vases - dans les pièces de théâtre ou encore dans les cultes religieux. Ce sont deux héros civilisateurs, liés pour le premier à la justice, pour le second à la guérison... Bellérophon ne semble pas avoir eu ce côté positif. A vrai dire, je n'ai pas mentionné les côtés sombres de sa légende : ce cher héros était devenu si orgueilleux, qu'un jour il décida de gravir l'Olympe sur le dos de Pégase. En chemin, ou plutôt au milieu de sa course ailée, soit Zeus le foudroya de colère, soit Pégase le désarçonna, de sorte qu'il tomba de très haut... d'où une triste fin. (Les héros ont souvent des fins étranges de toute façon)
Les femmes de l'Antiquité de mauvaise foi ? Allons bon ! il est vrai que les civilisations antiques ne sont pas toujours tendres avec les femmes. Tu as un cas semblable dans l'histoire de Thésée justement. Sa femme, Phèdre (la fille de Minos et la soeur d'Ariane), était tombée amoureuse d'Hippolyte, fils que Thésée avait eu d'un précédent mariage. Il la repoussa et cette perfide courut raconter à Thésée qu'Hippolyte voulait la séduire. Thésée, dégoûté, exila son fils, qui périt sur le chemin, dévoré par un monstre... Cette histoire a inspiré une tragédie à Racine : "Phèdre", dans laquelle on a une description du coup de foudre extrêmement célèbre : "Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; / Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ; / Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; / Je sentis tout mon corps et transir et brûler." Pauvre Phèdre ! (?)
Mais, à Rome, il y a bien sûr des femmes exemplaires, bien éloignées des femmes mariées de Juvénal ! Mais là, je parle beaucoup trop...
P.S. Gratias tibi ago.
J'adore cette histoire ! :-D
Genial la chimére! :-/
j'ai lu un peu la suite est elle paraît tres bien
elle est trop bien cette histoire !! :-D
Le monstre !! :-)