Le 3 février 1915

Mes chers parents,

Je suis toujours là et en bonne santé, contrairement à mes camarades qui sont morts ou bien blessés.

Il fait si froid, je ne sens plus mon corps, mes mains tremblent, mes vêtements sont recouverts de boue, sales. J'ai faim, la nourriture n'est pas bonne, j'aimerais tant manger tes bons petits plats maman. Je suis tellement fatigué, ici on n'arrête pas. Je dors collé entre deux camarades dans le froid, il n'y a que de la boue et des rats...

Demain je passe en première ligne, j'ai si peur de la mort.

J'ai sommeil, je suis plein de poux, je sens mauvais.

Malgré ça je tiens le coup. Je vous écrirai dès que j'en aurai l'occasion.

Je pense chaque minute à vous.

Je vous embrasse bien fort.

                                                        Votre fils qui vous aime.

(ajout du professeur : le tableau est de Alfred Basel, en 1915, intitulé "attaque d'un village")