Jury 2020

Dans le cadre d’un projet transdisciplinaire mené en français et histoire-géographie-EMC qui s’inscrit dans le parcours citoyen, nous avons souhaité, à travers la réalisation d’un journal de presse écrite, sensibiliser les élèves d’une classe de 4e à la question des stéréotypes genrés dans la construction de l’égalité entre filles et garçons. Le journal est donc conçu comme une édition spéciale, un exemplaire unique entièrement consacré à cette problématique : les stéréotypes genrés reconduisent-ils les normes sociales inégalitaires ?

Tel a été le fil directeur de l’ensemble des articles, illustrations, détournements parodiques et jeux divers composant le journal qui aspire à être à la fois vecteur d’informations et éveilleur de consciences et pourquoi pas, lanceur de débats.

Au-delà de la diversité des genres journalistiques abordés (articles d’information et articles d’opinion), il s’agissait de cultiver chez les élèves un esprit, à la fois conscient et libre, héritier des luttes passées dont la Une porte la trace pour continuer à édifier des valeurs républicaines communes dans le respect des différences de chacun. Il ne s’agissait pas seulement de dresser un état des lieux des inégalités entre femmes et hommes en France et sur le plan international mais de tenter d’en comprendre les fondements, les revendications, les enjeux sous-jacents à la lumière des témoignages d’intervenants avec qui les élèves ont pu échanger. De ces regards intergénérationnels croisés est né ce journal, fruit de réflexions et de recherches. A l’heure où un vent de libération de la parole semble s’être engagé, il nous a semblé qu’insuffler à notre tour cette parole en l’inscrivant dans un contexte et une Histoire, était plus qu’une nécessité impérieuse : un devoir, citoyen avant tout mais plus largement humain. Celui de comprendre pour éduquer, pour savoir opposer des refus et mettre des limites, pour briser des entraves. Les élèves ont travaillé par groupes de 3 ou 4. Le projet a débuté dès septembre en EPI à raison d’une heure par quinzaine : les élèves ont été sensibilisé à la question, ont mené des recherches personnelles et confronté leurs représentations. Nous avons souhaité allier théorie et pratique. Aussi, début décembre, ont-ils pu rencontrer des intervenants de milieux divers (sportif, associatif, entrepreneuriat, forces de l’ordre…) tous concernés, directement ou indirectement, par le sujet des stéréotypes genrés et des inégalités qui en découlent. Chaque élève a pris son rôle de « journaliste » en herbe au sérieux pour recueillir, auprès des différents intervenants, les informations nécessaires à la rédaction du genre journalistique dont il était en charge dans le respect des règles déontologiques et du droit à l’image. Nous avons accompagné les élèves lors du micro-trottoir un mercredi après-midi dans les rues d’Alès… De janvier à février, la phase d’écriture et de vérification de l’information a été différenciée selon les groupes. Les élèves ont consacré quatre heures par semaine sur les séances de français à la réalisation de leurs articles sur un logiciel de traitement de texte (Word). Certains sujets d’actualité demandaient d’être mis à jour ; d’autres restaient en attente d’informations. Ce fut un travail plus ou moins guidé, selon le degré d’autonomie de certains groupes essentiellement pour la forme, mais entièrement personnel au niveau des idées autant pour les textes que pour les illustrations. En raison du confinement, la parution du journal, que nous finançons avec le budget interne de l’établissement, a été différée. Nous espérons pouvoir y remédier et faire en sorte que les élèves puissent être des « passeurs » d’informations auprès de leurs pairs en relayant une parole citoyenne responsable, curieuse de l’autre et du monde qui les entoure, dans un appétit de découverte et de tolérance que les différences, quelles qu’elles soient, n’arrêteront pas.

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