jeudi, 5 avril, 2018

La poésie consiste-t-elle à fuir ou à dire le monde réel ?

Je vous propose d'écrire vos réflexions sur cette question connexe à celle qui nous occupe sur le voyage en poésie.

Engagez-vous et donnez votre point de vue en l'étayant avec un ou deux exemples poétiques.

La réponse d'un poète à la question de la poésie

Qu'est-ce que la poésie ?

ou que dire de la poésie ?

par Jean-Michel Maulpoix sur http://www.maulpoix.net/definirlapoesie.htm

 

"Les prétendues définitions de la poésie ne sont, et ne peuvent être, que des documents sur la manière de voir et de s'exprimer de leurs auteurs" (Paul Valéry)

En procès intense avec elle-même, la poésie doit sans cesse rendre des comptes, s’auto justifier et répondre à la question de son pourquoi.

Les fulminations de Charles Baudelaire ou d’Arthur Rimbaud contre Alfred de Musset, les propos rageurs de René Char contre les « paresseux », la vindicte de Francis Ponge contre le lyrisme élégiaque, le soupçon d’Yves Bonnefoy contre l’image, la radicale mise en cause par Philippe Jaccottet des leurres du poétique, autant d’exemples qui vérifient que la poésie est un terrain d’affrontements, voire un champ de bataille à propos du langage et de ses enjeux…

Cette intransigeance intellectuelle est le fait de poètes devant à tout moment réaffirmer bien plus que leur conception de l’art qu’ils pratiquent ou leurs partis pris esthétiques : c’est leur raison d’être même qui est en cause. Parce qu’ils touchent à la langue. Parce qu’ils y nouent le subjectif et l’objectif. Parce qu’ils prennent le risque du mensonge et de l’illusion. Parce qu’ils font souvent parler les choses inanimées et les morts. Parce qu’ils se tournent vers autre chose, sur quoi la raison n’a pas prise. Parce qu’ils se laissent conduire par la chair et écrivent sans autre contrôle que celui de leur propre vigilance…

Une fois reconnus ces enjeux que l’époque moderne a mis en pleine lumière, il n’est pas étonnant que la poésie se dérobe à toute définition… Son objet n’existe que dans le travail même qu’elle accomplit, tel une cible mouvante que chaque poème localise à sa façon sans l’atteindre jamais. Nul ne peut prétendre définir la poésie, si au sens strict cela consiste à en dégager l’essence, et donc à dire ce qu’elle ne peut pas ne pas être. L’écriture poétique a pour principe de toujours passer outre : il s’agit de « brûler l’enclos », affirmait René Char.

Pourtant, il est aussi dans la vocation de la poésie de travailler sans cesse à se définir, se redéfinir. Ainsi que l’écrit Michel Deguy : « l’inquiétude de la poésie sur son essence habite la poésie dès son commencement grec. » Elle est étrangement ce travail à la fois aveugle et inquiet du langage qui ne peut que chercher toujours à en savoir plus sur ce qu’il fait et sur ce qui se joue en lui. À travers les propositions formelles du poème, elle remet à la fois la langue en jeu et sa propre existence en question.

Jean-Michel Maulpoix, Qu’est-ce que la poésie ou que dire de la poésie ? 2005

mercredi, 21 mars, 2018

Qu'est-ce que la poésie ?

Je vous propose d'écrire dans les commentaires votre définition personnelle de la poésie. A vous de choisir la forme et la longueur de cette définition.

Vous pouvez aussi réagir et débattre par rapport à ce que les autres ont écrit.