Fin de la séance n°2: méthodologie de la rédaction d'une réponse à une question de corpus:
Modèle de rédaction
Un bon paragraphe de réponse à la question de corpus analyse tous les textes et utilise du vocabulaire d'analyse pour commenter des citations.
La première page d'un roman est toujours déterminante pour engager la lecture des pages suivantes. On attend notamment la présentation du contexte de l'action , mais aussi de l'action en elle-même. Les quatre auteurs de notre corpus , qui couvre deux siècles de littérature, se soumettent à ce passage obligé : Diderot , dans Jacques le fataliste ( 1765-1784) mêle roman et écriture théâtrale, Guy de Maupassant nous propose dans Bel-Ami (1885), un portrait en acte du personnage principal, André Malraux choisit une entrée in medias res pour l'écriture de la Condition humaine en 1933.
Que nous apprennent les premières pages de ces romans ?
Les trois incipit de ces romans nous apportent différents types d'informations. Ils nous présentent des personnages, ils évoquent l'action, et enfin le contexte de celle-ci.
Tout d'abord, ces trois pages présentent des personnages au lecteur. Ces personnages sont nommés : Jacques, Georges Duroy et Tchen. Ces trois personnages sont présentés comme des combattants ; Georges Duroy est un ancien militaire, Jacques est dans un régiment, en Tchen est un révolutionnaire qui s'apprête à tuer. Cependant ces personnages ne sont pas présentés de la même façon : Jacques va raconter son histoire à travers un dialogue, le lecteur découvre Georges Duroy , notamment sa fierté, ses préoccupations face à l'argent , à travers ses actions, et enfin on pénètre dans la pensée de Tchen, en narration interne pour découvrir qu'il se bat contre lui-même pour accomplir son meurtre.
Ensuite, ces trois premières pages nous présentent une forme d'action. Le lecteur découvre Tchen au seuil d'un meurtre, mais l'action est en suspension car elle donne lieu à des questions qui pourraient être celles que Tchen se pose à lui-même, en discours indirect libre: "Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire? Frapperait-il au travers?"Cette forme interrogative est également présente dans la première page de Jacques le Fataliste, mais les questions s'adressent directement au lecteur; le narrateur joue avec les attentes de son lecteur « qu'est-ce qui m'empêcherait de marier le maître et de le faire cocu ? ». Maupassant nous propose aussi une action: Georges Duroy sort du restaurant. L'insistance sur l'argent et la beauté du jeune homme est annonciatrice de la suite du roman.
Enfin dans ces trois pages, des renseignements nous sont donnés sur le contexte de l'histoire. Ce sont des éléments sur le moment comme une heure précise en exergue pour La condition humaine, « Minuit et demi », une date dans Bel-Ami, « le 28 juin ». Le moment de la journée est également indiqué dans Jacques le fataliste, puisque « la nuit les surprit » : on peut donc situer le dialogue au crépuscule. Néanmoins, aucun de ces moments ne nous permet de connaître l'année précise de l'action, même si on peut deviner les périodes auxquelles elle se situe (plutôt contemporaine des auteurs). On devine également des lieux plus ou moins précis : la ville dans la Condition humaine, à cause des bruits et de la lumière, Les champs dans Jacques le Fataliste, et enfin Paris, « rue Notre-Dame de Laurette », dans Bel-Ami.
Ainsi, ces trois pages remplissent leur rôle d'incipit de roman, elles annoncent des personnages, un contexte d'action, et une action. Néanmoins, on remarque que Diderot se différencie, en montrant clairement qu'il est le maître de ce qui va se passer : il affirme son rôle de narrateur démiurge*.
*Un narrateur démiurge est un narrateur qui se comporte comme un dieu vis à vis de ses personnages. Il a tout pouvoir sur eux.