Nous avons vu en classe comment construire une défense de thèse en prenant modèle sur Rousseau, qui écrit dans Emile ou de l'éducation un éloge du voyage à pied.
Voici pour les absents le cours réalisé aujourd'hui: vous devez connaître les définitions des termes en caractères gras.
Séance n°2 : Construire une défense de thèse grâce à Jean-Jacques Rousseau
Objectif: analyser une argumentation écrite / révision sur les types de phrases
Support: texte de Rousseau, Eloge du Voyage à pied
Je ne conçois qu’une manière de voyager plus agréable que d’aller à cheval ; c’est d’aller à pied. On part à son moment, on s’arrête à sa volonté, on fait tant et si peu d’exercice qu’on veut. On observe tout le pays ; on se détourne à droite, à gauche ; on examine tout ce qui nous flatte ; on s’arrête à tous les points de vue. Aperçois-je une rivière, je la côtoie ; un bois touffu, je vais sous son ombre ; une grotte, je la visite ; une carrière, j’examine les minéraux. Partout où je me plais, j’y reste. À l’instant que je m’ennuie, je m’en vais. Je ne dépends ni des chevaux ni du postillon. Je n’ai pas besoin de choisir des chemins tout faits, des routes commodes ; je passe partout où un homme peut passer ; je vois tout ce qu’un homme peut voir ; et, ne dépendant que de moi-même, je jouis de toute la liberté dont un homme peut jouir. Si le mauvais temps m’arrête et que l’ennui me gagne, alors je prends des chevaux. Si je suis las... Mais Émile ne se lasse guère ; il est robuste ; et pourquoi se lasserait-il ? Il n’est point pressé. S’il s’arrête, comment peut-il s’ennuyer ? Il porte partout de quoi s’amuser. Il entre chez un maître, il travaille ; il exerce ses bras pour reposer ses pieds.
Voyager à pied, c’est voyager comme Thalès, Platon et Pythagore. J’ai peine à comprendre comment un philosophe peut se résoudre à voyager autrement, et s’arracher à l’examen des richesses qu’il foule aux pieds et que la terre prodigue à sa vue. Qui est-ce qui, aimant un peu l’agriculture ; ne veut pas connaître les productions particulières au climat des lieux qu’il traverse, et la manière de les cultiver ? Qui est-ce qui, ayant un peu de goût pour l’histoire naturelle, peut se résoudre à passer un terrain sans l’examiner, un rocher sans l’écorner, des montagnes sans herboriser, des cailloux sans chercher des fossiles ? Vos philosophes de ruelles étudient l’histoire naturelle dans des cabinets ; ils ont des colifichets ; ils savent des noms, et n’ont aucune idée de la nature. Mais le cabinet d’Émile est plus riche que ceux des rois ; ce cabinet est la terre entière. Chaque chose y est à sa place : le naturaliste qui en prend soin a rangé le tout dans un fort bel ordre : Daubenton* ne ferait pas mieux.
Combien de plaisirs différents on rassemble par cette agréable manière de voyager ! sans compter la santé qui s’affermit, l’humeur qui s’égaye. J’ai toujours vu ceux qui voyageaient dans de bonnes voitures bien douces, rêveurs, tristes, grondants ou souffrants ; et les piétons toujours gais, légers et contents de tout. Combien le cœur rit quand on approche du gîte ! Combien un repas grossier paraît savoureux ! Avec quel plaisir on se repose à table ! Quel bon sommeil on fait dans un mauvais lit ! Quand on ne veut qu’arriver, on peut courir en chaise de poste ; mais quand on veut voyager, il faut aller à pied
Rousseau, Emile ou de l'Education
*Louis Jean-Marie D'Aubenton, dit Daubenton, né le 29 mai 1716 à Montbard et mort le 31 décembre 1799 à Paris, est un naturaliste et médecin français.
Déroulé du cours :
A/ Révisions sur les types de phrases
B/ remarques sur l'écriture du texte :
-structure générale
-procédés d'écriture divers
C/ Remplir un modèle de commentaire de texte à trous
D/ S’entraîner à écrire des thèses sur le modèle de celle de Rousseau.
A/ Révision sur les types de phrases
-Quels sont les différents types de phrases présents dans ce texte ? Donnez un exemple pour chq type et repérer les caractéristiques de la construction : quel est l'ordre des mots ?
Il existe quatre grands types de phrases :
-les affirmatives qui peuvent être positives ou négatives.
-Les interrogatives : elles se terminent par un point d'interrogation. Elles peuvent être ouvertes (on peut répondre des choses très vastes) ou fermées (on répond par oui ou par non). Elles peuvent être partielles ; elles portent sur une partie de la phrase (elles demandent un lieu, un temps, une manière). Si elle porte sur l'ensemble de la phrase (ex : viens-tu demain?) on parle d'interrogation totale.
- les exclamatives : Combien le cœur rit quand on approche du gîte !
- les phrases impératives : on donne un ordre.
B/ Structure du texte :
le thème : le voyage à pied.
La thèse est : «voyager à pied est la meilleure façon de voyager ». Cette thèse est présentée par l'auteur dès la première phrase de notre extrait. Elle est reformulée dans la dernière phrase du texte.
Ce texte comprend trois arguments pour défendre la thèse :
- voyager à pied permet d'être libre de faire ce que l'on veut
-voyager à pied permet d'apprendre
-voyager à pied permet d'être en bonne santé morale et physique.
Chacun des arguments est développé dans un paragraphe. On change de ligne pour changer d'argument.
Pour défendre ses arguments, Rousseau s'appuie sur des exemples.
Ex de l'argument 1 : un bois, une rivière, une grotte, une carrière, des minéraux…
Ex de l'argument 2 : Rousseau cite des savants célèbres, pour donner de l'autorité à son argument. Il évoque les domaines où l'on peut apprendre, comme l'histoire naturelle : les productions particulières au climat des lieux, les rochers, les fossiles, « herboriser » (regarder les différentes plantes)
ex de l'argument 3 : il compare deux types de voyageurs précis : ceux qui voyagent en voiture à cheval, et les piétons. Il énumère les moments passés dans une auberge : l'arrivée, le repas, le sommeil.
Conclusion : méthode de rédaction pour une défense de thèse.
-une introduction. La première phrase présente la thèse. La deuxième phrase annonce les trois arguments. (ou éventuellement, on fait tout en une phrase)
-on construit trois paragraphes argumentatifs. Le premier paragraphe argumentatif commence par « d'abord », puis on donne clairement l'argument.